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Pas d’observation ?

Publié le 15 novembre 2014
Par Laurent Lefort
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En France, en dépit de la qualité des traitements, de la compétence du corps médical et d’une bonne prise en charge des dépenses de santé, 60 % des patients ne suivent pas bien leur traitement*. Avec des chiffres consternants dans l’asthme où seulement 13 % des patients sont observants. De là à penser que les entretiens pharmaceutiques pourraient contribuer à améliorer la situation, il n’y a qu’un pas. Si l’avenant est publié un jour bien entendu… Pourquoi se presser, il n’y a pas urgence après tout. La non-observance ne coûte « que » 9 milliards d’euros par an. Et, au-delà de cette réflexion médicoéconomique, l’approche « médico-empathique » rappelle les handicaps et souffrances évitables, les carrières brisées et l’isolement social qui va avec. Faut-il mettre en place des incitations financières pour motiver les patients ? Contestable. Faut-il punir les mauvais élèves ? Tout aussi contestable, inefficace et illégal. Souvenez-vous de l’arrêté promulgué par le Conseil d’Etat en octobre 2013. Il stipulait que l’appareil de pression positive continue contre l’apnée du sommeil devait être suffisamment utilisé pour être remboursé. Bien essayé, mais tollé des associations de patients et suspension de l’arrêté. Finalement, il reste une valeur sûre : le pharmacien et sa légitimité à mettre l’accent sur l’observance lors de la délivrance. Juste un exemple : des universitaires québécois, en suivant une cohorte de 124 000 diabétiques entre 2000 et 2006, ont démontré que les patients fidèles à leurs pharmaciens ont un score d’observance près de 25 % plus élevé que les nomades. Encourageant, non ?

* Etude d’IMS Health France, à partir des données en vie réelle fournies par 6 400 officines pendant 1 an. Lire l’article pages 8 et 9.

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