Observatoire économique : la pharmacie a gagné 88 M€ en 2018 selon l’Assurance maladie

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Observatoire économique : la pharmacie a gagné 88 M€ en 2018 selon l’Assurance maladie

Publié le 6 juin 2019
Par Francois Pouzaud
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L’observatoire du suivi de la mise en place des honoraires de dispensation a réuni jeudi 5 juin les partenaires conventionnels afin de dresser le bilan économique de l’avenant n° 11 à la convention nationale pharmaceutique, et plus particulièrement de faire le point sur la première étape de la réforme de la rémunération officinale en 2018. 
Les chiffres présentés en séance par l’Assurance Maladie concernent la rémunération sur les médicaments présentés au remboursement. 

– Au titre des honoraires à la boîte, 2 626 M€ ont été présentés au remboursement contre 2 650 M€ en 2017, soit une évolution de – 0,9 % (24 M€). La baisse des unités en est la cause.

– Les honoraires pour ordonnance complexe ont représenté une dépense de 43 M€ contre 44 M€ en 2017, soit une évolution de – 2,2 %.

– La marge réglementée sur l’allopathie a augmenté de 73 M€ à 2 504 M€ et celle sur l’homéopathie augmente de 9 M€ pour atteindre 10 M€, soit 10 fois plus qu’en 2017 en raison de la nouvelle marge à 10 % sur la première tranche de prix.

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– Le total marge + honoraires s’élève donc pour 2018 à 5 182 M€, enregistrant une hausse de 1,1 %, soit un gain de rémunération de 56 M€ sur le médicament remboursable.

Concernant les autres éléments de rémunération, la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) pour les génériques versée en 2018 (au titre de 2017) a été de 164,8 M€, la ROSP RPPS de 5,6 M€ et le total des entretiens pharmaceutiques (AVK, AOD, asthme) de 900 000 €. Sont également comptabilisés dans ce bilan les remises commerciales sur les génériques, stables à 1 125 M€, et le CICE pour 113 M€. Toutes ces rémunérations autres que la marge remboursable et honoraires de dispensation s’élèvent à 1 409 M€. Ce montant est en deçà de la réalité car il n’intègre pas la permanence pharmaceutique (honoraires de garde) et les aides pour les FSE évalués, dans le plan de cadrage établi d’après l’avenant n° 11, respectivement à 9,4 M€ et 3 M€ pour 2018.

Au total, la rémunération globale de la pharmacie a progressé de 88 M€ (+ 1,4 %) à 6 591 M€.

L’USPO relativement satisfaite, la FSPF entre alertes et inquiétudes
Comme les années précédentes, les syndicats pharmaceutiques ont relevé dans le bilan dressé par l’Assurance maladie un écart de rémunération plus favorable aux pharmaciens, alors que les données IqVia Pharmastat font ressortir une baisse (-15,71 M€ concernant l’évolution de la marge + honoraires en 2018, alors que la Cnam trouve 56 M€). « Cet écart étant stable (environ 2 %) et s’expliquant par une différence de périmètre d’étude – IqVia prend en compte les médicaments remboursables présentés ou non au remboursement NdlR -, il se neutralise d’une année sur l’autre », souligne Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Malgré la  baisse des prix et des effets de l’honoraire de 1 euro à la boîte qui retardent le redressement de l’économie de l’officine en raison de la baisse des unités, la réforme de l’avenant n°11 a fonctionné et a stabilisé en 2018 la marge globale des pharmaciens », constate-t-il.

Beaucoup plus circonspect, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), joue les lanceurs d’alerte. « Ce bilan ne montre pas non plus une embellie exceptionnelle de la situation », rétorque-t-il. 
Concernant le relèvement de la marge de la première tranche de 0 % à 10 %, à l’origine du « bond » de l’homéopathie, il souligne « la particulière imprudence des signataires de l’avenant n° 11 d’y avoir transféré de la marge compte tenu du risque de déremboursement des médicaments homéopathiques. »  Enfin, il doute des capacités techniques de l’Assurance maladie à appliquer dès à présent la clause individuelle pour les pharmacies qui auraient subi en 2018 un impact négatif de la réforme par rapport à 2017.