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Missions officinales : que faire dès aujourd’hui ?
Depuis la convention pharmaceutique de 2012, les pharmaciens se sont vu confier des missions au-delà de la dispensation des médicaments. Leur nombre s’est largement accru au fil du temps, notamment à l’occasion de la crise sanitaire du Covid-19. Tour d’horizon des possibilités actuelles et rappel de ce qui sera bientôt autorisé.
L’accompagnement des patients chroniques
La convention pharmaceutique de 2012 a bel et bien marqué un tournant avec l’introduction de nouvelles missions. Les premières consistent en des entretiens pharmaceutiques pour les patients sous antivitamines K, puis sous anticoagulants oraux. Ce qui avait suscité, à l’époque, l’opposition des médecins. Au fil des ans et des négociations avec l’Assurance maladie, les entretiens ont évolué, tant au niveau du contenu que de leur rémunération. Et d’autres se sont ajoutés. Désormais, cinq entretiens spécifiques peuvent être menés auprès de patients chroniques dont l’objectif principal est de favoriser l’adhésion aux traitements prescrits.
Entretiens pharmaceutiques pour les patients sous anticoagulants oraux d’action directe (AOD)
Cet accompagnement s’adresse aux patients présentant une prescription d’AOD supérieure ou égale à six mois. Il se déroule sur deux années et comprend un entretien d’évaluation et quatre entretiens axés sur les thématiques suivantes : observance, surveillance biologique, effets du traitement, vie quotidienne et alimentation. La première année, le pharmacien réalise donc son évaluation et deux échanges thématiques selon les besoins du patient. Les années suivantes, il doit mener deux autres entretiens thématiques, là encore guidés par les besoins du patient. Un entretien de conclusion clôt la démarche.
La rémunération s’élève à 50 € la première année (52,50 € dans les départements et régions d’outre-mer) et 30 € les années suivantes (Drom : 31,50 €).
Entretiens pharmaceutiques pour les patients sous antivitamine K (AVK)
Ils concernent les patients dont le traitement est d’une durée supérieure ou égale à six mois. Le principe de l’accompagnement est identique à celui des patients sous AOD, à savoir un entretien d’évaluation et deux rendez-vous thématiques la première année, suivis de deux autres les années suivantes. Les thématiques de suivi sont identiques.
La rémunération est la même que celle des entretiens consacrés aux patients sous AOD.
Entretiens pharmaceutiques pour les patients asthmatiques
Cet accompagnement vise en priorité la connaissance du traitement et l’utilisation de l’inhalateur par les patients qui prennent un traitement de corticoïdes par inhalation de six mois ou plus. Là encore, la première année de suivi doit comporter l’entretien d’évaluation et deux entretiens thématiques, et les années suivantes, deux autres entretiens. Cependant, les thèmes sont adaptés à la problématique : principes du traitement, technique d’inhalation, effets du traitement, observance, facteurs déclenchants.
La rémunération est de 50 € la première année et 30 € les années suivantes.
Bilan partagé de médication (BPM)
Cet accompagnement s’adresse aux patients chroniques de plus de 65 ans et polymédiqués, c’est-à-dire qui prennent au moins cinq molécules ou principes actifs prescrits pour une durée supérieure ou égale à six mois. Le BPM s’inscrit dans la lutte contre l’iatrogénie médicamenteuse en coordination avec le médecin traitant. Il a pour objectif d’évaluer l’observance et la tolérance du traitement, d’identifier les interactions médicamenteuses et de vérifier les conditions de prise et le bon usage des médicaments. Il comprend un entretien de recueil des traitements, une analyse pharmaceutique avec transmission de la conclusion au médecin traitant et enregistrement dans le dossier médical partagé. Il s’ensuit un entretien conseil avec le patient avec la remise d’un plan d’accompagnement pour le bon usage de ses médicaments, des entretiens de suivi d’observance et un bilan.
La première année, le pharmacien doit réaliser l’entretien de recueil des traitements, l’analyse, l’entretien conseil et des rendez-vous de suivi d’observance. Les années suivantes, il effectue deux entretiens d’observance. Si le traitement change, l’officinal doit actualiser l’analyse et mener un entretien de suivi ainsi qu’un entretien d’observance.
Cette mission est rémunérée 60 € pendant l’année d’initialisation en métropole et 63 € dans les Drom, puis 20 € (21,50 € dans les Drom) les années suivantes sans changement de traitement ou 30 € (31,50 € dans les Drom) s’il y a une modification des traitements.
Entretiens pharmaceutiques pour patients sous anticancéreux oraux
L’accompagnement commence par l’analyse des interactions des traitements et un entretien initial, avant un deuxième sur la « vie quotidienne et effets secondaires » et un dernier sur l’observance. L’année suivante, le pharmacien doit adapter la séquence au type de molécule : un entretien d’observance pour l’hormonothérapie (tamoxifène, anastrozole, létrozole, exémestane) et les traitements au long cours (méthotrexate, hydroxycarbamide, bicalutamide) ; un entretien sur la vie quotidienne et les effets indésirables et un entretien d’observance pour les autres molécules.
La rémunération est fixée à 60 € (63 € dans les Drom) la première année pour les anticancéreux oraux au long cours, 20 € (21,50 € dans les Drom) au cours de la seconde année, et pour les autres anticancéreux, 80 € (Drom : 84 €) et ensuite 30 € (Drom : 31,50 €).
La prévention
La vaccination constitue la mission emblématique, mais elle n’est pas la seule. Les pharmaciens ont vu leur rôle s’élargir avec la convention pharmaceutique de 2022.
Vaccination
Très attendue, la prescription des vaccins du calendrier vaccinal a enfin été rendue possible en août 2023. Les pharmaciens peuvent donc non seulement administrer les vaccins du calendrier vaccinal (diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, grippe, papillomavirus humains, rougeole, oreillons, rubéole, méningite, etc.) aux adultes et aux enfants de plus de 11 ans, mais également les prescrire. L’acte d’administration est payé 7,50 € (7,88 € dans les Drom), auxquels s’ajoutent 2,10 € si le pharmacien prescrit le vaccin, soit un total de 9,60 € (Drom : 10,08 €). Un montant jugé trop faible par la profession. L’avenant à la convention nationale pharmaceutique signé le 10 juin par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) va quelque peu modifier les rétributions. Pour inciter à la promotion de la vaccination, la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) propose de revaloriser l’acte de vaccination facturé actuellement 9,60 € de 3 € TTC sous réserve d’une augmentation de 5 % du nombre de vaccins prescrits et injectés en 2024.
Les pharmaciens continuent d’administrer les vaccins antigrippaux lors des campagnes nationales avec un honoraire de 7,50 € en métropole, ainsi que les vaccins contre le Covid-19, en particulier dans le cadre des campagnes de vaccination depuis 2022.
Entretien femme enceinte
Lors de cet entretien court et unique, le pharmacien évoque les risques liés à la prise de médicaments, notamment grâce aux supports réalisés par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Il vérifie que la bénéficiaire ne prend pas de traitement en automédication susceptible d’être dangereux pour le fœtus et alerte sur le risque de l’automédication pendant cette période. Il lui remet également le flyer réalisé par l’ANSM à destination des femmes enceintes et envoie un courriel à l’adresse e-mail de l’espace numérique en santé de la bénéficiaire avec des informations comportant, notamment, le lien vers le dossier « Grossesse en bonne santé » du site ameli.fr et le guide réalisé par l’Assurance maladie. Cet entretien court est rémunéré 7 € en métropole.
Dépistage du cancer colorectal
La convention pharmaceutique de 2022 prévoit également la remise en officine d’un kit de dépistage colorectal aux patients, femmes et hommes, de 50 à 74 ans. Les modalités ont changé depuis le 1er janvier 2024 :
– Les patients sont invités par l’Assurance maladie à demander leur kit de dépistage ;
– La première et la seconde relance (lorsqu’elle ne comporte pas de kit) sont dématérialisées et déposées dans le compte Ameli du patient. Ces relances ne comprennent pas d’étiquettes ;
– Si le patient n’a plus son invitation avec étiquettes, il doit en demander une nouvelle à sa caisse primaire d’assurance maladie ou en appelant le 3646 ;
– Le patient reçoit un lien SMS pour l’obtention de ses résultats s’il a indiqué son numéro de portable sur la fiche d’identification, sinon par courrier.
La rémunération de la remise du kit de dépistage du cancer colorectal a aussi évolué en 2024. Désormais, elle s’élève à 3 €, contre 5 € auparavant. Mais si le patient réalise le test (ce qui est l’objectif), le pharmacien perçoit 2 € supplémentaires.
Bilans de prévention
Créés par la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2023 et modifiés par la LFSS pour 2024, les bilans de prévention s’adressent à quatre tranches d’âge : 18 à 25 ans, 45 à 50 ans, 60 à 65 ans et 70 à 75 ans. Ils sont réalisés par les pharmaciens mais aussi les médecins, les infirmiers et les sages-femmes. Ces bilans de prévention abordent plusieurs thématiques : les antécédents médicaux personnels et familiaux ; les comportements et habitudes de vie ; la prévention et le repérage de maladies chroniques ; le parcours de santé ; le bien-être mental et social. Ils débouchent sur la remise d’un plan personnalisé de prévention versé au dossier médical partagé et transmis au médecin traitant. Quel que soit le professionnel qui mène le bilan de prévention, il est rémunéré 30 € en métropole et 31,50 € dans les Drom.
Dépistage du Covid-19
Certaines missions de prévention concernant le Covid-19 se poursuivent. Ainsi, les officinaux peuvent dispenser des autotests sur un tarif de base de 4,35 €. Enfin, ils peuvent continuer à distribuer, à titre dérogatoire, des masques à certaines catégories de population sur présentation d’un justificatif (test positif, prescription médicale, etc.). La rémunération s’élève à 4,22 € pour 30 masques chirurgicaux délivrés et à 6,33 € pour 50 masques chirurgicaux délivrés. Elle est de 9,50 € pour 30 masques FFP2 délivrés et de 22,16 € pour 50 masques FFP2.
Le diagnostic et la prescription
La réalisation de tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) devient un acte pharmaceutique. Celui-ci va se développer non seulement via les Trod que les officinaux vont pouvoir pratiquer mais aussi par la dispensation de médicaments de prescription médicale obligatoire sans que le patient ait besoin de présenter une ordonnance.
Trod angine
Jusqu’à présent, la réalisation d’un Trod angine en officine intervenait dans deux cas de figure : le patient se présente sans avoir consulté son médecin et en cas de test positif, le pharmacien oriente le patient vers son médecin ; le patient présente une ordonnance conditionnelle après avoir vu son médecin et si le test est positif, le pharmacien dispense les antibiotiques prescrits.
La réalisation du Trod est rémunérée 6 € lorsque le patient se présente directement à l’officine ou lorsqu’il possède une ordonnance conditionnelle et que le test s’avère positif. Elle est payée 7 € si le résultat du test est négatif alors que le patient est venu avec une ordonnance conditionnelle.
Cet acte évolue cependant puisqu’en cas de résultat positif au test et à l’aide d’un arbre décisionnel le pharmacien pourra dispenser des antibiotiques. Un changement entériné par la LFSS pour 2024 mais dont la rémunération est négociée actuellement entre les syndicats de titulaires et l’Assurance maladie. Celle-ci propose une rémunération à hauteur de 10 € pour la réalisation du test auxquels s’ajouteraient 5 € pour la délivrance d’antibiotiques en cas de résultat positif.
Trod cystite
Les modalités de réalisation du test pour dépister une infection urinaire sont identiques à celles du Trod angine. La rémunération est la même. Là encore, la loi prévoit qu’en cas de test de cystite positif le pharmacien puisse dispenser les antibiotiques. Les honoraires pour ce futur acte sont également en discussion avec l’Assurance maladie sur le même principe que pour le test angine.
Trod Covid-grippe-VRS
Selon le Journal officiel du 26 mai 2024, les pharmaciens peuvent désormais réaliser les Trod des virus de la grippe, du Covid-19 et des infections à virus respiratoire syncytial (VRS), seuls ou associés. En l’absence de texte associé sur la facturation de ces Trod, le pharmacien est actuellement rémunéré uniquement pour le Trod Covid-19, à savoir 16,50 €.
Le pharmacien correspondant
Désigné par le patient auprès de l’Assurance maladie, le pharmacien correspondant, qui doit appartenir à la même structure d’exercice coordonné que le médecin traitant, peut renouveler des traitements chroniques au-delà de l’indication de la durée indiquée sur l’ordonnance lorsque le médecin traitant l’a mentionné sur la prescription. L’officinal peut aussi ajuster des posologies s’il y est autorisé par le médecin traitant.
La rémunération est de 2 € par patient de 1 à 100 patients pour lequel le pharmacien a effectué au moins une mission du pharmacien correspondant au cours de l’année civile, puis de 1 € au-delà de 100 patients.
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