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 L’entretien « femme enceinte » à l’officine

Publié le 23 septembre 2023
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En première ligne pour alerter des dangers de certaines substances durant la grossesse, le pharmacien peut proposer un entretien court aux femmes enceintes. Cela implique de connaître les risques, de sonder les conduites potentiellement dangereuses et de rappeler les bons réflexes.

Chez la femme enceinte, la prise de médicaments et de diverses substances expose l’enfant à naître à des risques variables selon le produit et le trimestre de la grossesse. Par ailleurs, des changements physiologiques chez la mère peuvent entraîner des modifications de l’efficacité de certains traitements. Bien connaître les spécificités de la grossesse permet d’expliquer clairement l’enjeu de la prévention aux patientes.

 

« Quel est le but de cet entretien ? »

Une nouvelle mission

Les entretiens courts de prévention et d’accompagnement des patients ont été introduits par la nouvelle convention pharmaceutique signée le 9 mars 2022. Premier dispositif mis en place, la réalisation et la valorisation d’un entretien court dédiée à la femme enceinte est une mission du pharmacien entrée en vigueur le 7 novembre 2022.

La cible 

L’entretien peut être proposé à toute femme, quel que soit le terme de la grossesse, dès lors que le pharmacien a identifié que la personne est enceinte et qu’il le juge nécessaire.

Les objectifs 

Le but de cet entretien est d’informer la femme enceinte sur les risques potentiels des médicaments prescrits ou pris en automédication pendant la grossesse, mais aussi d’autres substances : compléments alimentaires, phytothérapie, aromathérapie, alcool, tabac, etc. Il sensibilise également sur le risque d’arrêter un traitement chronique nécessaire sans avis médical et sur l’importance de la vaccination. L’entretien s’accompagne de la remise de supports d’information.

Le contexte 

Chaque année, la France compte 900 000 grossesses et chaque femme enceinte prendra en moyenne 9 médicaments sur prescription au cours de sa grossesse, sans compter les traitements en automédication. 

En 2021, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a lancé une campagne d’information liée aux risques des médicaments à destination des femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse. D’après deux enquêtes menées dans ce cadre, près de 8 femmes sur 10 ont conscience que la prise de médicaments est en général déconseillée durant la grossesse, mais seules 3 sur 10 déclarent de manière affirmée se sentir suffisamment informées sur les risques que cela implique, alors que 7 sur 10 se disent suffisamment informées sur les risques liés à la consommation d’alcool ou de tabac. 

A cette méconnaissance s’ajoutent des lacunes concernant les bons réflexes face à la prise de médicaments pendant la grossesse.

Les risques au cours de la grossesse

« Les risques sont-ils identiques à tous les stades ? »

Rappels de physiologie

Le placenta 

Organe temporaire, le placenta se forme dès l’implantation de l’embryon dans la muqueuse utérine à partir de cellules embryonnaires dites « trophoblastiques » et de cellules maternelles endométriales. 

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Il se développe et se vascularise progressivement pour devenir complètement fonctionnel vers la dixième semaine de grossesse. 

Constitué d’un réseau de villosités artérielles et veineuses, il relie les circulations de la mère et du bébé, sans qu’elles se mélangent, assurant ainsi les échanges nécessaires (nutriments, eau, oxygène, etc.), l’élimination des déchets organiques produits par le fœtus et la sécrétion d’hormones utiles au déroulement de la grossesse. 

Si le placenta joue un rôle de filtre en empêchant le passage des certaines substances toxiques ou de micro-organismes, il n’est pas une barrière : il peut laisser passer des parasites (le toxoplasme, par exemple), des bactéries (la listeria, notamment), des virus (hépatite B, grippe, etc.) et des toxiques (tabac, alcool, cannabis, etc.). 

La plupart des molécules médicamenteuses peuvent également passer à travers le placenta, à l’exception de celles dont le poids moléculaire est trop élevé (insulines, héparines, interférons, par exemple).
Le passage transplacentaire des médicaments se fait majoritairement par diffusion passive selon un gradient de concentration descendant entre la mère et le fœtus : il est fonction des propriétés physicochimiques de la molécule, notamment le poids moléculaire et la liposolubilité, de leur concentration dans la circulation maternelle, du stade de développement du placenta et de la circulation utérine. Il peut aussi se faire par transport actif, via des transporteurs présents dans le placenta pour les échanges physiologiques.

Particularités fœtales 

La circulation fœtale favorise l’apport de sang, donc de substances potentiellement toxiques, vers le système nerveux et le cœur. A la naissance, les fonctions d’épuration de l’enfant (foie, rein, etc.) sont immatures, or, le temps de demi-vie des molécules est allongé, d’où une imprégnation médicamenteuse plus longue.

Notions de risque 

Le risque d’un médicament ou d’une substance qui passe dans la circulation sanguine du bébé dépend de sa nature, de la dose administrée, de sa demi-vie d’élimination, de la susceptibilité individuelle. La chronologie est par ailleurs un élément essentiel pour apprécier le risque, qui diffère selon le stade de la grossesse, donc du développement du fœtus (voir ci-dessous). A noter qu’un risque peut exister en cas d’exposition préconceptionnelle puisqu’il faut cinq demi-vies, soit parfois plus d’un mois, pour éliminer 96 % d’une molécule dans la circulation maternelle. 

L’évaluation du risque pour un médicament découle de la combinaison des données animales et des données cliniques chez l’homme disponibles. Dans le cadre de l’autorisation de mise sur le marché (AMM), elle donne lieu à six niveaux de conduite (voir encadré). L’information est rendue visible par l’ajout de pictogrammes « nom du médicament + grossesse = danger ou interdit » sur les boîtes des médicaments commercialisés : le Centre de référence des agents tératogènes (Crat) déplore cependant que 60 à 70 % des médicaments sont concernés sans distinction entre les risques avérés (environ 10 %) ou seulement évoqués faute de preuve, ni nuances entre les différents niveaux de danger avec, à la clé, un risque d’inquiétude non fondé et de perte de chance pour la prise en charge des femmes enceintes. 

Le risque doit être nuancé, le « risque zéro » en population générale n’existant pas : on estime que 2 % des enfants présentent une malformation congénitale majeure, dont moins de 5 % sont liées à une exposition médicamenteuse. Si l’administration de médicaments doit au maximum être évitée au cours de la grossesse, la majorité des prescriptions et des traitements chroniques sont possibles. Par ailleurs, certaines molécules qui peuvent présenter un risque sont indispensables à la mère, et leur arrêt peut conduire à des décompensations aux conséquences parfois graves pour la mère et l’enfant : la balance bénéfice/risque doit donc être évaluée par le médecin.

Selon le stade de la grossesse

Avant la fin de l’implantation 

Jusqu’à environ douze jours après la conception, le risque d’exposition est considéré comme faible car les échanges entre la mère et l’embryon restent peu importants. Attention néanmoins à l’exposition récente à des substances toxiques dont l’effet, du fait de leur demi-vie d’élimination longue, peut se poursuivre au-delà de l’implantation. 

La loi du « tout ou rien », selon laquelle des effets à ce stade se traduisent par la mort de l’embryon ou une absence de toxicité n’est par ailleurs démontrée que chez l’animal exposé à des radiations ionisantes.

Au premier trimestre 

C’est la période de risque maximal d’effets tératogènes ou malformatifs puisque l’organogenèse a lieu majoritairement avant les douze premières semaines d’aménorrhée. 

Les substances tératogènes sont susceptibles d’augmenter le risque de malformations congénitales, telles que des anomalies cardiaques, de développement d’un membre, du visage ou des organes génitaux, un bec-de-lièvre ou une microcéphalie. 

Parmi les médicaments tératogènes avérés, le Crat distingue ceux qui doivent être proscrits durant les deux premiers mois et, sauf exceptions, tout au long de la grossesse (acide valproïque, acitrétine, misoprostol, mycophénolate, thalidomide, testostérone et danazol, antimitotiques comme le méthotrexate, diéthylstilbestrol, isotrétinoïne par voie orale, notamment) de ceux utilisables en l’absence d’alternatives sûres (lithium, carbimazole, antivitamine K, carbamazépine, phénobarbital, primidone et topiramate, par exemple). Pour d’autres, l’effet tératogène est fortement suspecté : cotrimoxazole, fluconazole à fortes doses, triméthoprime, etc.

Aux deuxième et troisième trimestre 

Au début du troisième mois de grossesse, lorsque débute la vie fœtale, le risque est plus spécifiquement lié aux substances fœtotoxiques, qui peuvent affecter la croissance et la maturation des organes de façon irréversible. 

Parmi les principaux médicaments fœtotoxiques, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), y compris l’aspirine et les inhibiteurs sélectifs de la cyclo-oxygénase-2 (COX-2), exposent à un risque d’hypertension pulmonaire par fermeture prématurée du canal artériel et d’insuffisance rénale pour le fœtus : ils sont formellement contre-indiqués à partir du début du sixième mois de grossesse (24 semaines d’aménorrhée), par voie orale ou locale (sauf les collyres), y compris en prise unique. Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) et antagonistes de l’angiotensine exposent à un risque d’insuffisance rénale fœtale potentiellement létale et à une hypoplasie des os de la voûte crânienne : ils sont contre-indiqués aux deuxième et troisième trimestres de grossesse.

A la naissance 

Certains médicaments administrés à la fin de la grossesse ou au moment de l’accouchement exposent le nouveau-né à des effets néonataux, et ce, d’autant plus que ses capacités d’élimination sont immatures. 

Ces effets sont liés au médicament lui-même et/ou à sa privation (syndrome de sevrage). Parmi les exemples, les psychotropes (sédatifs, antidépresseurs, traitements de substitution aux opiacés, etc.) peuvent provoquer une hypotonie, des difficultés de succion, une perturbation de la courbe de croissance, un syndrome de sevrage ; les immunodépresseurs peuvent engendrer une immunodépression néonatale ; les analgésiques morphiniques une dépression respiratoire ; les bêtabloquants une hypoglycémie, une bradycardie, voire des apnées.

A distance de la grossesse 

Des effets liés à l’exposition à des substances toxiques tout au long de la grossesse, invisibles à la naissance, peuvent être détectés plus tard. 

Il s’agit notamment de troubles cognitifs et du comportement (autisme, troubles du développement psychomoteur). 

Etablir un lien de cause à effet n’est pas aisé méthodologiquement, mais certains sont avérés ou fortement suspectés, notamment avec le topiramate, l’acide valproïque (y compris si le père est exposé), la lamotrigine et la gabapentine.

Risques liés à des substances autres que les médicaments

Les produits naturels 

Compléments alimentaires, produits de phytothérapie ou d’aromathérapie ne sont pas dénués de toxicité pour l’enfant. 

De nombreuses plantes peuvent être néfastes, notamment en stimulant les contractions utérines ou par leur effet hormonal, comme la grande camomille, les baies de genévrier, le séné, la sauge, la réglisse, le gattilier. 

Le camphre, les terpènes et cétones de certaines huiles essentielles (HE) présentent une neurotoxicité et un risque abortif. C’est le cas de l’HE de sauge officinale ou de romarin à camphre par exemple ou encore de l’HE de menthe poivrée, notamment utilisée contre les nausées. Les huiles essentielles sont contre-indiquées durant la grossesse et de manière générale, elles ne doivent pas être prises par voie orale chez la femme enceinte. 

Par ailleurs, les teintures-mères homéopathiques contiennent une quantité non négligeable d’alcool.

Alcool, tabac et drogues 

En 2016, selon le dernier baromètre santé dédié à l’alcool et au tabac, 20 à 25 % des femmes fumaient durant leur grossesse, dont près de 17 % jusqu’au dernier trimestre, et 1 sur 10 consommait de l’alcool, même occasionnellement.
La nicotine, le monoxyde de carbone et les autres produits de combustion du tabac (hydrocarbures, métaux lourds, etc.) passent le placenta (tabagisme passif ou actif) avec un risque de toxicité fœtale et néonatale bien établi, notamment une augmentation du risque d’hématome rétroplacentaire, une réduction du poids de naissance et une prématurité. Le lien avec des troubles respiratoires à la naissance, une hyperactivité, un surpoids ou encore un risque de cancer après la naissance reste à vérifier. 

L’alcool, qui passe le placenta, a des effets tératogènes et fœtotoxiques, notamment sur la formation du système nerveux central. Le risque d’anomalies en cas d’exposition, même ponctuelle, est maximal en début de grossesse mais existe quel que soit le stade. Les répercussions, parfois tardives, impliquent des difficultés d’apprentissage et d’adaptation sociale, des comportements à risque et, dans leur forme la plus grave, un syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) qui peut associer une dysmorphie faciale, un retard de croissance, des troubles neurologiques (retard mental, troubles de l’attention et du langage, notamment). L’exposition à l’alcool durant la grossesse est la cause majeure de retard mental d’origine non génétique et d’inadaptation sociale de l’enfant.
Les drogues (cannabis, cocaïne, héroïne, etc.) augmentent le risque de fausse couche et de prématurité, perturbent les échanges placentaires avec un risque de souffrance voire de mort fœtale, de retard de croissance, de handicaps et de syndrome de privation à la naissance.

Risques infectieux et vaccination 

Les vaccins vivants sont contre-indiqués durant la grossesse mais certains sont recommandés avant la grossesse du fait de la gravité de certaines infections pour le fœtus, notamment la rubéole et la varicelle en l’absence d’antécédents.
Pendant la grossesse, il est fortement recommandé de se faire vacciner contre la grippe, qui augmente notamment le risque de fausse couche et de prématurité, et contre le Covid-19 qui expose le fœtus à un retard de croissance, à un risque accru de mort fœtale in utero ou de prématurité. Seules 8 % des femmes enceintes se sont fait vacciner contre la grippe saisonnière en 2021-2022, contre 16 % en 2019-2020. 

Il est également recommandé de se faire vacciner à chaque grossesse contre la coqueluche, de préférence entre le cinquième et le huitième mois de grossesse afin de diviser par quatre le risque d’infection du nouveau-né à la naissance et de moitié les hospitalisations, et de réduire de 95 % le nombre de décès dues à la coqueluche (plus de 90 % des décès surviennent chez les enfants de moins de 6 mois).

En pratique

« Quels sujets aborder au cours de l’entretien ? » 

L’entretien court de la femme enceinte à l’officine est une entrevue unique, d’une durée approximative 

L’entretien court de la femme enceinte à l’officine est un une entrevue unique, d’une durée approximative de cinq minutes, mené par un pharmacien, au comptoir.

Les conditions de réalisation

Qui peut mener l’entretien ? 

Seuls les pharmaciens diplômés sont autorisés à conduire l’entretien. L’ensemble de l’équipe officinale doit cependant être sensibilisée au sujet et être capable de recruter et de le promouvoir.

Quelles sont les conditions préalables ? 

Aucune. Cette mission n’est pas conditionnée à une déclaration ou une formation obligatoire. Toutefois, une mise à jour des connaissances et une maîtrise des outils mis à disposition permettent d’assurer cette mission efficacement.

Pour qui ? 

Quel que soit le stade de la grossesse, le pharmacien peut proposer un entretien pour sensibiliser la femme enceinte aux risques liés à la prise de substances potentiellement toxiques.

Le déroulé

Obtenir le consentement 

Prérequis commun à toute démarche d’accompagnement proposée par le pharmacien, le consentement écrit ou oral de la femme enceinte doit être obtenu.

Faire le bilan « médicaments »

Cette deuxième étape consiste à interroger la patiente sur les médicaments qu’elle prend, qu’ils soient prescrits par un médecin ou en automédication, mais aussi à vérifier qu’elle n’a pas arrêté un traitement chronique sans l’avis de son médecin à l’annonce de sa grossesse. La consultation du dossier pharmaceutique vient en complément.

Si elle a un traitement en cours ou si elle en a arrêté un, l’orienter vers une consultation médicale si elle n’a pas déjà discuté de ce point avec son/ses médecins.

Informer des risques

Évoquer de manière générale les risques liés à la prise médicamenteuse durant la grossesse, que ce soit pour la mère ou l’enfant.

Insister sur le fait qu’aucun médicament n’est anodin, y compris ceux utilisés de façon courante en automédication.

S’aider des supports du dossier thématique « Médicaments et grossesse » de l’ANSM disponibles sur la page medicamentsetgrossesse.fr, dont certains sont généralistes comme le dossier « Les risques de la prise de médicaments lors de votre grossesse » et d’autres ciblés sur les antiépileptiques, traitements de la douleur, de l’acné, médicaments utilisés en cardiologie, en virologie, de substitution nicotinique, etc.

Rappeler les bons réflexes 

Conseiller d’éviter autant que possible la prise de médicaments durant la grossesse et de demander systématiquement l’avis d’un professionnel de santé, de faire le point sur les traitements en cours le plus rapidement possible avec son médecin ou sa sage-femme après l’annonce d’une grossesse, d’informer systématiquement de sa grossesse lors d’une nouvelle consultation, de ne pas arrêter un traitement chronique en cours sans avis médical.

Aborder aussi les autres substances 

Interroger la patiente sur la prise de traitements « naturels » de type compléments alimentaires, phytothérapie, homéopathie, aromathérapie. Rappeler qu’ils peuvent également impliquer des risques et nécessitent les mêmes précautions que les médicaments.
Évoquer les risques des substances toxiques (tabac, alcool, drogues, etc.) et orienter si besoin vers le médecin ou les structures d’aide dédiées.

Interroger sur la vaccination 

Rappeler l’intérêt des vaccinations recommandées durant la grossesse, pour la mère et le nouveau-né. Une évaluation du statut vaccinal de la femme et, le cas échéant, la prescription et l’administration des vaccins peuvent être prévues.

Transmettre des documents

Remettre le flyer récapitulatif « Médicaments et grossesse, les bons réflexes », téléchargeable sur le site medicamentsetgrossesse.fr de l’ANSM ou sur celui du Cespharm (cespharm.fr), soit en main propre soit, avec l’accord de la patiente, par mail via la messagerie sécurisée de « Mon espace santé ».

Envoyer par mail, via la messagerie sécurisée de « Mon espace santé » le lien vers la page « Femme enceinte » du site ameli.fr et le guide « Ma maternité – Je prépare l’arrivée de mon enfant » de l’Assurance maladie.

Un modèle de mail est disponible sur le site ameli.fr > Rubrique Professionnel de santé > Pharmacien > Dossier L’entretien femme enceinte.

L’approche 

Comme pour tout entretien d’accompagnement des patients, il convient : 

– d’ajuster son discours et son vocabulaire à la compréhension de la femme enceinte. Faire reformuler les propos pour vérifier que le message est bien compris, le répéter si besoin avec des mots plus simples. Impliquer si nécessaire son entourage ;
– de laisser un temps de parole à la patiente pour juger de ses connaissances et croyances sur les médicaments, et ainsi, adapter le discours ;
– de conclure l’entretien en ouvrant sur des questions en suspens, y répondre si possible ou orienter vers le médecin.

La facturation

Les honoraires de réalisation de l’entretien sont de 5 euros TTC, majorés de 0,25 centime dans les départements et régions d’outre-mer (DROM).L’entretien est pris en charge à 70 % par l’Assurance maladie ou 100 % par l’assurance maternité.La facturation se fait via la carte Vitale à l’aide du code acte EFE, seul, indépendamment de toute autre facturation en renseignant son numéro d’identification dans la zone prescripteur et exécutant, la date de réalisation de l’entretien, la nature de l’assurance (maladie, maternité, etc.).

Aller plus loin

Préparer l’allaitement 

Informer que les substances à risque durant la grossesse ne sont pas nécessairement les mêmes lors de l’allaitement. Les mêmes précautions qu’au cours de la grossesse et l’avis d’un professionnel s’imposent.

Sensibiliser les femmes en âge de procréer

En cas de désir de grossesse, plus précisément lors de la délivrance d’acide folique ou de test urinaire de grossesse, encourager à réaliser une visite médicale préconceptionnelle, faire le point sur la consommation de médicaments, produits naturels ou substances toxiques, et en rappeler les risques durant la grossesse. Insister sur la nécessité de prévenir son médecin ou sa sage-femme de sa grossesse le plus tôt possible, même si l’on désire garder le secret durant le premier trimestre pour son entourage. Ne pas arrêter un traitement chronique sans avis médical, prévenir le prescripteur du désir de grossesse pour réévaluer si besoin le traitement.En cas de prise de molécules tératogènes ou fœtotoxiques (isotrétinoïne, valproate, par exemple), rappeler l’intérêt des programmes de prévention des grossesses pour limiter le risque d’exposition de l’enfant (formulaire d’accord de soin, tests de grossesse) à l’aide des outils d’information à télécharger sur le site de l’ANSM : Dossier thématique > Médicaments et grossesse > Les programmes de prévention des grossesses.

Déclarer les effets indésirables 

Pour améliorer l’évaluation du risque, les effets indésirables, y compris à long terme, dont le lien avec l’exposition à une molécule durant la grossesse est suspecté, doivent être signalés au centre régional de pharmacovigilance (CRPV) ou sur signalement-sante.gouv.fr.

Les ressources

Informations et outils

Le site de l’Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) medicamentsetgrossesse.fr propose des outils d’information pour le grand public (brochures, vidéos, interviews, podcasts) et, pour les professionnels de santé, une fiche pratique pour les pharmaciens. Il est relayé sur Facebook à la page thématique @medicamentsetgrossesse.Le site du centre de référence sur les agents tératogènes, le-crat.fr, donne accès à une base actualisée des risques liés à la prise de médicaments et la conduite à tenir durant la grossesse et l’allaitement.

Le site de l’Assurance maladie, ameli.fr, consacre dans son espace destiné aux pharmaciens un dossier à l’entretien de la femme enceinte à l’officine avec un rappel de son déroulé, des conseils de réalisation, des modalités de facturation et une « Fiche mémo » à télécharger.Les sites de l’Ordre national des pharmaciens, http://www.ordre.pharmacien.fr, cespharm.fr et meddispar.fr, relaient l’actualité des molécules à risque, proposent, en téléchargement ou à la commande, des outils de prévention du risque et l’information réglementaire utile à la délivrance des médicaments relevant d’un plan de prévention des grossesses.

Avis spécialisés 

Les médecins, sages-femmes et pharmaciens peuvent contacter le Crat par courriel via leur site pour un avis d’expert personnalisé ou leur centre régional de pharmacovigilance (CRPV) dont la liste est disponible sur le site du réseau français des CRPV (rfcrpv.fr).             

Vaccinations recommandées   

Vaccinations contre-indiquées   

Cas particulier 

Autres vaccins            

Croyances et comportements à risque

– Près d’1 Française sur 2 pense que la consommation de médicaments au 1er trimestre est plus risquée qu’au 2e ou 3e trimestre.

– 1 sur 3 considère que les médicaments courants comme les antidouleurs ou les antinauséeux comportent peu de risques durant la grossesse.

– Seules 4 sur 10 estiment que les traitements naturels présentent les mêmes risques que les médicaments ;

– 36 % ont pris un médicament de leur propre initiative lors de leur première grossesse, 48 % lors de leur deuxième grossesse, et 89 % ayant un projet de grossesse dans l’année… et pour 39 % d’entre elles, sans avoir pris conseil auprès d’un professionnel de santé.

– Seules 2 femmes sur 10, enceintes ou jeunes mamans, déclarent avoir eu le sentiment de faire courir un risque à leur bébé en prenant un traitement de leur propre initiative.

– Pour près de 4 femmes sur 10, il faut arrêter immédiatement tout traitement médical dès l’annonce de la grossesse, 1 sur 6 a arrêté un médicament prescrit sans avis médical, et jusque 3 sur 10 quand il s’agissait d’un traitement régulier.

Premier bilan

Après un démarrage modeste, avec 800 actes réalisés par 400 pharmaciens facturés à l’Assurance maladie fin novembre 2022, les entretiens courts de la femme enceinte ont connu une montée en puissance. D’après les données d’Iqvia, 1 600 entretiens ont été effectués en décembre 2022, 1 900 en janvier 2023 et février et 2 700 en mars. Ces débuts sont très bons lorsqu’on les compare aux autres entretiens pharmaceutiques. Fort de ces bons chiffres, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmacies d’officine (Uspo) espèrent pouvoir négocier un second entretien en fin de grossesse afin de préparer le suivi après la naissance.

Vaccins et grossesse

Vaccin antigrippal pendant la période hivernale, quel que soit le stade de la grossesse.

Vaccin contre la coqueluche à partir du deuxième trimestre et de préférence entre la 20e et la 36e semaine d’aménorrhée, à chaque grossesse, avec un vaccin tétravalent (dTcaP). En cas de vaccination avant la grossesse, réaliser une nouvelle vaccination pendant la grossesse afin d’assurer un transfert d’anticorps par passage transplacentaire à l’enfant à naître en quantité suffisante.

Vaccins vivants atténués rougeole-oreillons-rubéole (ROR), varicelle et tuberculose (BCG), et plus généralement les vaccins vivants. Une grossesse doit être évitée dans le mois qui suit la vaccination.

L’administration par inadvertance chez une femme enceinte d’un vaccin vivant n’est pas un motif d’interruption de grossesse.

La vaccination contre la fièvre jaune (vaccin vivant atténué) est justifiée lorsqu’un séjour dans une zone endémique ne peut être reporté.

La réalisation des autres vaccins au cours de la grossesse se justifie en cas de risque infectieux (épidémie, risque professionnel, séjour en zone à risque, etc.)

A noter : depuis le 10 août 2023, les pharmaciens peuvent prescrire et administrer les vaccins du calendrier vaccinal pour les adultes, dont les femmes enceintes, et les enfants à partir de l’âge de 11 ans, à condition d’avoir suivi une formation spécifique.

Modèle de mail pour la femme enceinte

Madame X,

Nous avons fait ce jour un entretien sur les risques liés à la prise de médicaments au cours de votre grossesse.

Pour aller plus loin, vous trouverez ci-dessous des éléments utiles tout au long de votre grossesse :

https://ansm.sante.fr/dossiers-thematiques/medicaments-et-grossesse
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/grossesse

Je me tiens à votre disposition si certaines interrogations persistent sur les risques liés aux médicaments.

Vous pouvez utiliser cette messagerie sécurisée pour interagir avec moi pour toute question ou pour m’adresser une ordonnance.

Votre pharmacien