Entretiens pharmaceutiques : le point de vue d’un médecin

Un médecin qui se penche sur le métier de pharmacien, voilà bien un effet de la coordination des soins prônée par l'EPCO. Pour le Pr Reach, le but commun aux deux métiers vise l'optimisation des soins et des traitements dans le respect des quatre principes de l'éthique : ne pas nuire, la bienfaisance, l'autonomie et la justice. 

Revenant sur le relatif échec des entretiens pharmaceutiques, il insiste sur la notion d'adhésion au traitement plutôt que d'observance, qui revêt une connotation plus directive. Selon le praticien, bien que respectant les deux premiers principes, le succès mitigé des entretiens tiendrait à des obstacles psychologiques. En effet, le contexte habituel de la venue d’une personne à l’officine est une visite spontanée, or, avec les entretiens, elle devient un patient qui prend rendez-vous… Ce changement de perspective contredit le principe d'autonomie, selon le Pr Reach. Et pour le préserver, il préconise une co-construction entre patient et pharmacien, en déterminant, par exemple, à l'issue du premier contact l'objectif et le nombre des entretiens. 

Au final, le Pr Reach met l'accent sur le respect du principe de justice. Les économies générées par une adhésion renforcée, dans un contexte de contrainte budgétaire permettent une meilleure répartition des ressources. Cependant, un écueil menace les pharmaciens : que ce type de projet n'aggrave les inégalités. Les personnes vulnérables pour lesquelles les difficultés d'organisation seront sans doute supérieures sont aussi celles qui ont le plus besoin des entretiens !