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Des outils pour favoriser l’observance

Publié le 20 avril 2002
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C’est bien connu, la moitié des malades ne sont pas observants ! Pour en savoir, plus l’équipe de Thérèse Dupin-Spriet, enseignante en pharmacie clinique à la faculté de Lille, a impliqué les étudiants de 6e année pour mener des études (la première en 1998, renouvelée en 2001) auprès des patients. L’analyse des causes montre bien les carences d’information à destination du malade. La moitié des personnes interrogées sous-estime la pathologie, un tiers ne comprend pas le traitement, environ un sur dix se plaint d’effets secondaires et 8 % de médicaments trop nombreux…

Une sous-estimation de la gravité de la maladie particulièrement criante lors des pathologies silencieuses (64 % des cas) comme l’hypertension artérielle, les hyperlipidémies, le diabète, la ménopause. Les incompréhensions quant à la prise du traitement sont variées : difficulté d’utilisation des dispositifs antiasthmatiques, rythme d’administration compliqué (progestatif du 15e au 24e jour du cycle), arrêt précoce quand une amélioration se fait sentir, prise du midi gênée par le travail ou celle du matin par l’absence de petit déjeuner…

Cinq méthodes pour aider à l’observance

L’inobservance est découverte lors d’un renouvellement retardé ou anticipé, ou en l’absence de renouvellement, lors d’une discussion avec le patient, à l’occasion d’une escalade thérapeutique… Cela doit déclencher un entretien spécifique pour en déterminer les causes et y remédier. L’équipe lilloise propose cinq actions* : expliquer les prescriptions éventuellement en annotant la notice ; simplifier le plan de prise voire utiliser un semainier ou faire une démonstration de l’usage d’un médicament ; négocier la mise en oeuvre du traitement, c’est-à-dire l’adapter aux contraintes et au mode de vie du patient et chercher avec le patient des moyens mnémotechniques (la démarche peut aller jusqu’à appeler le médecin afin d’envisager l’allégement du traitement) ; favoriser la motivation en mettant en avant l’intérêt du traitement (l’orienter vers une association de malades) et enfin accompagner le patient et s’enquérir de ses difficultés au long cours (proposer un rendez-vous quinze jours plus tard).

« Nous sommes un maillon fort du système de santé et nous devons montrer que nous sommes indispensables en matière d’observance. » C’est la raison pour laquelle Jean-Bernard Cazalet, officinal, a proposé à la fac lilloise de confier une enquête sur le sujet aux 110 maîtres de stage régionaux. Les résultats préliminaires sur 102 observations montrent que dans la moitié des cas les explications prennent moins de cinq minutes et ne dépassent pas 10 minutes dans neuf cas sur dix. Les renseignements fournis sont estimés utiles par les patients dans 75 % des cas et huit sur dix sont satisfaits aussi bien en ce qui concerne les mots utilisés que le temps passé. Dans la salle, les pharmaciens présents semblaient intéressés, comme Françoise Cazalet, titulaire à Lambersart (59) : « Nous avons mis en place cette pratique de la qualité dans notre pharmacie. C’est très enrichissant même s’il n’est pas toujours facile d’aborder certains sujets comme la cystite. » Houria Benchekroum, titulaire à Casablanca, était moins convaincue : « Je trouve qu’il y a d’autres priorités à l’officine. »

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* Cette démarche et bien d’autres idées pratiques sont développées dans la partie formation continue du site de la faculté de Lille : http://arachosia.univ-lille2.fr.