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De l’utilité du dossier patient
Les étudiants lyonnais ont mis à profit leur stage de 6e année à l’officine pour en savoir plus sur les diabétiques de type 2 en testant l’utilité d’un dossier patient informatique. Les résultats, en avant-première, montre que le pharmacien peut concrètement améliorer leur prise en charge.
Le diabète de type deux touche plus de deux millions de Français et les recommandations de l’Anaes sont encore trop peu appliquées. C’était donc la pathologie idéale pour tester le suivi global du patient et la mise en place d’un dossier informatique par le pharmacien. C’est chose faite grâce à une étude de la faculté de pharmacie de Lyon, dirigée par le professeur de pharmacologie, Geneviève Chamba épaulée par deux pharmaciens officinaux : Gisèle Bauguil, également professeur associée et Olivier Catala, maître de conférences associé.
Cette enquête s’est déroulée de novembre 2001 à mars 2002 dans 71 officines. Plus de 500 diabétiques de type 2 y ont participé. Chaque étudiant de 6e année filière officine a recruté huit patients auxquels il a fait remplir un questionnaire. Puis il a recherché son historique médicamenteux des six derniers mois et a assuré un suivi pendant les quatre mois suivants, aussi bien des prescriptions que de l’automédication. Avec pour mission de s’appuyer sur l’outil informatique. « L’étude a été bien accueillie par les patients qui, bien qu’un peu étonnés étaient agréablement surpris », raconte Marjorie Sogno, étudiante de 6e année pendant l’étude. Les résultats viennent d’être analysés.
Carences au niveau de la surveillance.
La plupart des patients ont plus de 50 ans (94 %) et sont pour les trois quarts en surpoids (IMC #gt; 25). La maladie a été découverte lors d’une consultation de routine dans 72 % des cas. Faut-il encore souligner l’importance d’informer et d’inciter au dépistage les patients en surpoids, chez lesquels existent des antécédents familiaux… et d’insister sur un suivi médical régulier ? Six patients sur dix ne consultent jamais un spécialiste. La moitié seulement bénéficie d’un examen ophtalmologique annuel et 14 % n’en ont jamais subi. Un suivi encore plus insuffisant pour les pieds puisque un quart des patients y échappe totalement. Pourtant les recommandations de l’Anaes datant de mars 2000 préconisent un examen ophtalmologique annuel et un examen des pieds à chaque consultation. La mesure de la glycémie à jeun reste l’analyse biologique la plus fréquente (tous les 3 à 6 mois pour 85 % des patients) alors que l’Anaes recommande la mesure de l’hémoglobine glyquée (HbA1C). Cette dernière n’est pas réalisée régulièrement pour plus d’un tiers des patients.
Le traitement comporte des antidiabétiques oraux dans 93 % des cas, dont la moitié en monothérapie.
Un quart des patients fatigués.
« Les effets indésirables sont très fréquents malgré une impression globale de bonne tolérance du traitement par les professionnels de santé », s’étonne le Pr Chamba. Près de la moitié des patients se plaignent d’effets gênants : somnolence/fatigue (25%), diarrhées (15 %), hypoglycémie (11 %), nausées (3.5 %).
Les diabétiques de type 2 souffrent très souvent de polypathologies. Ils prennent en moyenne chaque jour 6 à 7 médicaments. Les trois quarts sont traités pour une pathologie concernant la sphère cardio-vasculaire ou rénale, la moitié par des normolipémiants. On retrouve aussi sur les ordonnances des vasodilatateurs, des anxiolytiques, des veinotoniques… L’automédication concerne la moitié des patients avec le plus souvent des antalgiques, des médicaments pour les pathologies hivernales et digestives. Toutefois elle semble sous-évaluée en raison des difficultés à l’intégrer dans le dossier informatique.
Des logiciels inadaptés.
« Le logiciel de l’officine m’a permis de retrouver facilement l’historique médicamenteux des patients, en revanche, c’était beaucoup plus compliqué pour l’automédication », confirme Marjorie Sogno.
« L’étude a mis le doigt sur le fait que les logiciels sont loin d’être adaptés à la réalisation d’un dossier patient digne de ce nom. En effet, il faudrait pouvoir enregistrer l’historique médicamenteux, aussi bien avec que sans ordonnance, les résultats biologiques, le suivi des modifications de posologies, les données particulières avec possibilité de croisement avec les banques de données, souligne Geneviève Chamba. Et d’insister : le dossier patient est aussi utile pour fidéliser la clientèle, lui assurer un suivi personnalisé et permet d’adapter les conseils à ses habitudes et son historique ».
Les résultats de cette étude seront présentés officiellement en mai prochain, recommandations pratiques à l’appui. Marjorie Sogno va proposer dans sa thèse des procédures pour améliorer le suivi pharmaceutique et expliquer la mise en place du dossier patient.
Où en est l’Ordre ?
De son côté l’Ordre travaille toujours avec les fabricants de logiciels sur un cahier des charges pour la mise en place d’un dossier patient informatique. « Nous nous préoccupons d’adapter le dossier de suivi thérapeutique basé sur les opinions pharmaceutiques, à l’outil informatique. Des tests sont menés avec les diabétiques de type 2. Nous avons la volonté de le rendre utilisable pour tous les pharmaciens dès que possible. » dévoile Henri Lepage, président du Conseil régional de l’ordre des pharmaciens, région Centre.
A noter
DIETETIQUE
Huit patients sur dix déclarent suivre un régime… mais peu contraignant pour les trois quarts. Un effort est fourni surtout sur les pâtisseries, la charcuterie… Toutefois 20 % diminuent aussi la consommation des pâtes et des fruits !
LES ATTENTES
La moitié des patients souhaiterait des conseils sur leur maladie, 64 % sur leur traitement et 23 % sur le suivi. Un sur cinq attend même un soutien psychologique.
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