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Bilan CGP : 2002, un ton en dessous
Les résultats intermédiaires de l’exercice 2002 montrent un ralentissement de la croissance des officines, parallèlement à une baisse de la marge et une hausse des charges salariales.
Après deux années de consolidation des résultats en 2000 et 2001, les officinaux connaissent sur le plan économique un exercice 2002 se situant un ton nettement en dessous. Les principaux indicateurs de l’officine ont marqué le pas au cours du second semestre 2001 et du premier semestre 2002, comme le démontre l’enquête statistique du groupement CGP (groupement national de cabinets d’expertise comptable spécialisés dans les professions de santé), portant sur les comptes de résultats d’une centaine de pharmacies clôturant leur exercice social au 30 juin 2002, sélectionnées parmi les 2 200 officines suivies par ce réseau.
L’an dernier, Gérard de Marchi, expert-comptable au cabinet Codex à Lyon, membre du groupement CGP, avait annoncé un léger ralentissement de la croissance du chiffre d’affaires des officines sur le premier semestre 2001. Depuis, cette tendance n’a fait que se confirmer : la croissance a fléchi lors des douze mois suivants. « Nous constatons à ce jour une augmentation du chiffre d’affaires d’environ 4,5 % en moyenne au niveau national contre 6,35 % l’année précédente à pareille date, avec toujours une progression de l’ordre de 9,5 % en centre commercial. » Les pharmacies de centre-ville (+ 4,20 %) et de bourg (+ 4,90 %) se situent de part et d’autre de la moyenne, tandis que les officines de quartier sont décrochées (+ 2,74 %).
Est-ce à dire qu’il y a moins de consommation sous l’effet des déremboursements et des baisses des taux de prise en charge de certains médicaments ? « Difficile à apprécier aujourd’hui », répond Gérard de Marchi. Mais cette évolution plus faible des chiffres n’était-elle pas attendue, en raison notamment des baisses de prix autoritaires de médicaments chers et remboursables et du développement des génériques ? Pour lui, il ne fait aucun doute que les génériques tirent les prix des médicaments concurrencés vers le bas. « C’est le but ! Ces génériques combinés aux baisses constatées de certains produits conduisent à ce ralentissement de la progression du chiffre d’affaires. » Gérard De Marchi craint que celui-ci ne perdure dans les mois à venir.
Des marges contrastées. Concernant la marge, les évolutions sont moins surprenantes. Celle-ci progresse de près de 3 % en valeur mais perd 0,4 point en taux, passant en dessous de la barre des 29 % du chiffre d’affaires hors taxes. « Ce n’est qu’une moyenne », fait remarquer ce membre du groupement CGP, indiquant, par ailleurs, que les pharmacies affichant une marge comprise entre 28 % et 29 % sont aujourd’hui nombreuses. Si rien ne vient réformer le système entre-temps, les pharmaciens doivent se préparer à l’idée d’un taux de l’ordre de 26-27 % en 2005.
Une situation qui, selon certains experts-comptables, serait encore gérable avec des pharmacies dépassant une taille critique suffisante que l’on peut estimer aujourd’hui aux alentours de 750 000 euros de chiffre d’affaires. Pour Gérard de Marchi, les chances de survie des officines résident davantage dans le bon équilibre entre prix d’achat et niveau d’endettement de l’officine que dans la taille.
Les résultats de marge sont encore une fois contrastés en fonction de l’implantation des officines (voir ci-dessus). Les plus pénalisées en terme de taux sont, bien sûr, les pharmacies de bourg et de quartier. Les officines de centre-ville et de centre commercial tirent mieux leur épingle du jeu grâce aux ventes de parapharmacie d’une part et aux conditions d’achats liées aux volumes d’autre part.
« Cette baisse de marge peut notamment s’expliquer par la mise sur le marché de produits de plus en plus performants mais à des prix élevés, se situant dans la deuxième tranche de marge, souligne le responsable de cette étude statistique. Les conditions d’achats des génériques freinent cette chute de marge mais ne la compensent pas car il faut faire une quantité importante de génériques pour que la remise soit sensible. »
La rentabilité augmente… moins vite. L’année 2002 sera vraisemblablement marquée par un tassement de la rentabilité globale. En effet, l’excédent brut d’exploitation (EBE) progresserait de moins de 3 % par rapport à 2001 à mi-année, alors que l’on a constaté une hausse de ce ratio clé de l’économie de l’officine de 5 % à 6 % en 2001. A l’origine de cette érosion, toujours les mêmes causes : augmentation des charges et diminution de la marge – sur fond, cette année, d’un ralentissement de l’évolution du chiffre d’affaires.
Au niveau des charges, Gérard de Marchi relève « une inflation de la masse salariale de 5 % et ce malgré la baisse des charges sociales consécutivement aux aides Aubry ». La pénurie de main d’oeuvre qualifiée en officine est passée par là. « Les recrutements s’effectuent à des coefficients de plus en plus élevés. Il n’est pas rare, lorsqu’elle a été trouvée, de voir embaucher une préparatrice juste diplômée au niveau coefficient 260. De plus, le recours plus fréquent à l’intérim coûte directement plus cher qu’une embauche, mais l’objectif et le service sont tout autres. Nous sommes en pleine économie de marché, où la loi de l’offre et de la demande est reine. »
Les charges externes, quant à elles, restent fortement liées aux coûts informatiques. Beaucoup d’investissements s’effectuent sous forme de locations, « ce qui paraît aujourd’hui la formule la plus répandue et adaptée compte tenu des besoins et de l’évolution technologique, observe encore Gérard de Marchi. En principe, ces charges externes sont relativement stables de par leur nature et évoluent de 2 %. »
La solution para. L’expert appelle à la vigilance : « Avec un excédent brut d’exploitation compris entre 11 % et 12 %, avec une tendance générale plutôt » baissière « , la marge de manoeuvre est étroite. » Un chose est sûre : il n’y a pas de salut pour les officines sans une forte augmentation des chiffres d’affaires, et ce pour compenser la baisse mécanique du taux de marge induite par la MDL et les charges de personnel de plus en plus lourdes. Car, jusqu’à présent, l’effet volume maintenait le niveau de rentabilité en valeur.
Aussi le débat sur la rémunération est-il prépondérant. « Si le marché des spécialités a tendance à ralentir, l’officinal doit continuer de développer le conseil et ne pas abandonner la parapharmacie, insiste Gérard de Marchi, ce sont les deux seuls secteurs sur lesquels il a encore un peu de maîtrise. »
Bien choisir ses gammes, négocier au mieux les conditions d’achats et bien étudier ses prix, ces recettes gagnantes sont plus que jamais d’actualité, sans oublier que faire systématiquement moins cher qu’ailleurs n’est pas toujours le meilleur choix. « Le problème est que le pharmacien a de moins en moins de temps à consacrer à la réflexion et au développement de son activité », souligne Gérard de Marchi avec regret.
A RETENIR
La croissance fléchit, l’évolution globale du CA reste limitée (+ 4,5 % en moyenne) par rapport à la même période de 2001 (+ 6,35 %).
La situation économique des officines est totalement dépendante des volumes et des prix.
La pénurie de personnel fait enfler la masse salariale par l’influence de l’offre et de la demande sur le montant des salaires.
L’effet générique se fait se sentir sur le CA et se conjugue avec les mesures gouvernementales de baisse des prix en 2001.
la marge des pharmaciens progresse en valeur de 3 % mais le taux de marge (en %) perd 0,4 point, se situant en moyenne sous les 29 %.
Celles qui s’en sortent le mieux
les pharmacies de centre-ville et de centre commercial.
Celles qui s’en sortent le moins bien
les pharmacies de bourg et de quartier.
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