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À QUAND LE DÉCOLLAGE ?
PORTEURS DE BELLES PROMESSES, LES ENTRETIENS PHARMACEUTIQUES ET LES BILANS PARTAGÉS DE MÉDICATION N’ONT PAS ÉTÉ À LA HAUTEUR DES ESPOIRS PLACÉS EN EUX ET DES DÉFIS À RELEVER. L’ENJEU D’UNE FUTURE CONVENTION OU D’AVENANTS À VENIR SERA DE LES RELANCER.
Avec les entretiens pharmaceutiques et les bilans partagés de médication (BPM), le pharmacien valorise une fois de plus son rôle de proximité dans les territoires et fidélise une patientèle souffrant de pathologies chroniques, celle qui fait la stabilité des officines. Les tout premiers entretiens avec les patients sous antivitamines K portaient en germe l’espoir de redynamiser le métier et l’économie de l’officine, mais ils ne sont jamais vraiment parvenus à prendre leur envol. « Ces entretiens ont mobilisé 14 000 pharmacies la première année, se souvient Gilles Bonnefond, ex-président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Mais l’Assurance maladie a démotivé les pharmaciens en ne les réglant, sous forme de rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp), que 18 mois plus tard, dont une partie d’ailleurs n’a jamais été payée. » On se souvient ensuite du fiasco des entretiens « asthme », lié notamment à des erreurs de casting sur la cible.
Interpellée par les syndicats sur la complexité de la mise en œuvre et sur la faible rémunération de ces programmes d’accompagnement des patients, l’Assurance maladie a accepté de les simplifier et de les revaloriser dans le cadre de l’avenant n° 11 à la convention nationale pharmaceutique. Malgré le passage à une tarification à l’acte plus rapide, mais pas forcément plus simple (les périodes annuelles ne sont plus calées sur les années civiles mais calculées de date à date pour chaque patient), entretiens et BPM peinent à s’enraciner dans la pratique officinale.
Une question de volonté
Pas pour tous les pharmaciens. Alexandra Gaertner, titulaire à Boofzheim (Bas-Rhin), gère une file active de 400 BPM, en a facturé, en 2020, 200 avec changement de traitement, 65 sans changement de traitement et 136 entretiens pharmaceutiques en première année… Son secret ? « Ce n’est pas une question de temps ni de moyens, mais de volonté », dévoile-t-elle. Elle a su embarquer son équipe dans cette aventure, sans qui rien n’aurait été possible. « Le challenge de l’équipe a porté sur les BPM », précise-t-elle. Un choix délibéré qui a permis d’amorcer la pompe et à ces nouvelles missions de trouver leur place dans le quotidien de cette pharmacie. « BPM et entretiens m’occupent entre 1 et 4 heures par semaine », ajoute-t-elle.
Les retombées positives se mesurent tous les jours à l’aune de l’amélioration de l’observance des traitements. « Ces bilans et entretiens ont permis de lever certains freins avec les patients. Dès qu’ils ont une interrogation, ils viennent nous questionner. »
La crise sanitaire n’a rien arrangé
Le poids qu’ils représentent dans les dépenses de l’Assurance maladie n’a pourtant cessé de chuter. Cette involution est assez frappante sur les entretiens liés aux antivitamines K. Après un démarrage prometteur en 2014 (3 M€ d’entretiens remboursés ; source : observatoire de l’Assurance maladie), au bout de deux ans, ces dépenses ont été divisées par trois (1 M€ en 2016). Sur les deux dernières années (2019 et 2020), elles stagnent à 200 k€. Le passage du témoin aux entretiens pharmaceutiques avec les patients sous anticoagulants oraux directs (AOD) dès 2017 ne se traduit pas non plus par une envolée des chiffres : 110 k€ en 2017, 280 k€ en 2018 (profitant d’un effet booster lié à la revalorisation du forfait annuel et d’une durée raccourcie des entretiens thématiques), puis stagnation en 2019 (300 k€) et décélération ensuite (200 k€ en 2019 et 2020). Les entretiens « asthme » campent depuis deux ans sous le plafond de verre des 100 k€.
Entrés en scène en 2018, les BPM ne se voient dans les comptes de l’Assurance maladie qu’en 2019 (1,4 M€), du fait du décalage de paiement. Pour eux aussi, les lendemains déchantent (700 k€ en 2019 et 2020).
Et comme si cela ne suffisait pas, en 2020, les accompagnements pharmaceutiques ont payé un lourd tribut à la crise sanitaire. La distribution numérique vendante (DNV), qui compare le nombre de pharmacies réalisant des accompagnements pharmaceutiques au nombre de pharmacies total, est au mieux de 3,21 % pour les accompagnements AOD initial (données de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, FSPF). Les accompagnements asthme années suivantes s’époumonent à 1,20 %, tandis que les bilans médication années suivantes sans changement de traitement enregistrent une DNV de 2,12 % contre 1,43 % pour les bilans de médication années suivantes avec changement de traitement.
Le début d’année 2021 est aussi famélique, entretiens et BPM vivant dans l’ombre de la vaccination contre le Covid-19 et des tests antigéniques. En mars dernier, la pharmacie est sur un rythme lent de 312 accompagnements AOD initial (0,52 % de DNV mensuel), 197 accompagnements AOD années suivantes (0,26 %), 94 AVK initial (0,27 %), 129 AVK années suivantes (0,21 %), 175 asthme initial (0,26 %) et 81 bilans de médication années suivantes avec changement de traitement (0,20 %).
A quand la relance ?
La nouvelle convention pharmaceutique que Philippe Besset, président de la FSPF, appelle de ses vœux, leur donnera-t-elle une seconde chance ? « Ce sera une de nos priorités de 2021 : redonner de l’appétence aux pharmaciens et aux patients pour qu’ils s’en saisissent », déclare-t-il.
Les syndicats demandent encore plus de simplifications et de nouvelles actions de communication de l’Assurance maladie pour sensibiliser les patients, autrement dit faire connaître pour susciter le besoin. Mais avant cela, il faut, selon eux, que les entretiens et BPM soient conceptuellement et totalement intégrés dans les logiciels de gestion officinale des pharmaciens. « Il faut pouvoir les réaliser, remplir les formulaires, rentrer les données et bilans dans l’historique du patient, etc., sur nos propres outils de travail, aspire-t-il. Une fois que tout sera prêt, alors l’Assurance maladie pourra lancer sa campagne de communication. »
Gilles Bonnefond veut inscrire rapidement les entretiens pharmaceutiques pour patients diabétiques dans la convention. « Ils constituent l’élément détonateur qui peut relancer tous les entretiens pharmaceutiques les uns après les autres, car les pharmaciens pourront s’appuyer sur la Fédération française des diabétiques (FFD) qui est une organisation très efficace et qui touche beaucoup de patients », explique-t-il.
INCIDENCE DES BILANS PARTAGÉS DE MÉDICATION SUR LES MNU
Les données Cyclamed (organisme chargé de la collecte des médicaments non utilisés, ou MNU) offrent un baromètre intéressant de l’observance des Français à l’égard de leurs traitements médicamenteux. Pour la quatrième année consécutive, la quantité de MNU est en baisse, passant de 10 675 tonnes en 2019 à 9 953 tonnes en 2020, ce qui correspond à 149 grammes par habitant en 2020 (soit – 7 % par rapport à 2019). « La baisse des MNU rapportés en pharmacie est multifactorielle : diminution des prescriptions et des volumes consommés, encouragement de l’observance des traitements dans le cadre du bon usage du médicament, meilleure gestion de l’armoire à pharmacie, détaille Bénédicte Nierat, responsable de la communication de Cyclamed, alors que la population française croît et vieillit, ce qui devrait plutôt aller dans le sens d’une augmentation de la consommation des médicaments. »
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