Tests antigéniques rapides : les pharmaciens peuvent se lancer, mais…

© tests antigéniques, Covid-19, HAS, arrêté - Pixabay

Dépistage Réservé aux abonnés

Tests antigéniques rapides : les pharmaciens peuvent se lancer, mais…

Publié le 19 octobre 2020
Par Anne-Hélène Collin
Mettre en favori

Emmanuel Macron les avait annoncés lors de son allocution du 14 octobre et les patients les attendaient. Depuis le 17 octobre, les tests antigéniques rapides peuvent être réalisés en pharmacie. Sous conditions et pas sur tout le monde. 

Un test antigénique, pourquoi ?

Les tests antigéniques (voir le tableau récapitulatif des différents tests ici) permettent de mettre en évidence la présence de protéines du Sars-CoV-2. « Un peu moins sensibles que les tests RT-PCR », selon la Haute Autorité de santé (HAS), mais quasiment aussi spécifiques, leur capacité à donner un résultat rapide (moins de 30 minutes) et leur simplicité d’utilisation (à la manière des tests de grossesse) les positionnent comme une alternative intéressante aux tests de référence RT-PCR.

Ils ne doivent pas être confondus avec les Trod sérologiques, autorisés à l’officine depuis le 11 juillet, qui détectent les anticorps spécifiques (IgM, IgG) produits par l’organisme et dirigés contre le Sars-CoV-2, et permettent d’obtenir, en quelques minutes et à partir d’une goutte de sang prélevée au bout du doigt, une orientation sur le statut sérologique d’un patient.

Pour qui ?

L’arrêté du 16 octobre publié au Journal officiel du 17 octobre suit les recommandations de la HAS. Le pharmacien (mais aussi le médecin ou l’infirmier) peut effectuer un test antigénique sur des patients présentant des symptômes du Covid, sous 3 conditions :

Publicité

– ils sont âgés de 65 ans ou moins et ne présentent aucun facteur de risque de forme grave de Covid-19 (les patients de plus de 65 ans ou ceux à risque doivent être orientés vers leur médecin) ;

– le résultat du test par RT-PCR pour la détection du Sars-CoV-2, toujours test de référence, ne peut être obtenu dans un délai de 48 heures ;

– le test antigénique est réalisé dans un délai inférieur ou égal à 4 jours après le début des symptômes.

Pharmaciens, médecins ou infirmiers peuvent également réaliser des tests antigéniques sur les personnes asymptomatiques qui ne sont pas identifiées comme personnes contact ou qui se sont trouvées dans un cluster.

A partir de quel prélèvement ?

Pour le moment, les tests antigéniques sont réalisés sur prélèvement nasopharyngé. Des tests comparatifs avec un prélèvement salivaire sont en cours.

Qui pour réaliser le test ?

Seuls les pharmaciens, les médecins et les infirmiers sont autorisés à réaliser le test antigénique. Cependant, les pharmaciens, leurs préparateurs et les étudiants en pharmacie ayant validé leur première année d’étude peuvent pratiquer le prélèvement nasopharyngé, sous la responsabilité du pharmacien, « à condition qu’ils attestent avoir suivi une formation spécifique à la réalisation de cette phase conforme aux recommandations de la Société française de microbiologie et dispensée par un professionnel de santé déjà formé à ces techniques ». L’arrêté ne donne pas plus de précisions sur les conditions de la formation.

Quels tests ?

Seuls les dispositifs disposant d’un marquage CE et répondant aux critères de performance de la HAS sont autorisés. Le ministère de la Santé vient de publier une première liste sur son site.

Dans quelles conditions ?

Le test est réalisé dans le local de confidentialité (qui doit comprendre un siège et un point d’eau ou de solution hydroalcoolique).

Mais la principale contrainte reste dans l’équipement : masques FFP2, blouses, gants, charlottes, lunettes ou visières, solution désinfectante pour surfaces (norme virucide 14476).

Les déchets générés entrent dans le dispositif d’élimination des déchets d’activité de soins à risque infectieux.

Sans compter sur la procédure d’assurance qualité imposée, mentionnant « les modalités de recueil, transfert et stockage des données recueillies, en conformité avec la réglementation sur la confidentialité des données » et précisant « quel professionnel de santé est en charge de rappeler les personnes dépistées si nécessaire. » Les syndicats préparent un protocole complet et un exemple de procédure.

Que faire du résultat ?

Le résultat du test antigénique doit être transmis au patient dans les 30 minutes suivant sa réalisation.

Dans son dernier avis, la HAS considérait qu’« il n’est pas strictement nécessaire de le faire confirmer ». Le décret publié ne donne aucune précision sur le sujet.

Toutefois, le patient Covid+ devra entrer dans le dispositif de tracing.

Quid de la traçabilité ?

Le pharmacien devrait pouvoir accéder au Système d’information de dépistage (SI-DEP) et y enregistrer les informations demandées. Cet acte administratif conditionnera le remboursement du test. Des précisions sont attendues.

Et à quel prix ?

C’est aussi l’un des points encore en suspens. Des négociations sont en cours entre l’Assurance maladie et les représentants de la profession.