Tests antigéniques Covid-19 : ces pharmaciens qui ont décidé de faire grève
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Tests antigéniques Covid-19 : ces pharmaciens qui ont décidé de faire grève

Publié le 6 avril 2022
Par Francois Pouzaud
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Parti de l’Ardèche, à l’initiative de Sonia Jouve, présidente du syndicat des pharmaciens départemental affilié à l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), le mouvement de protestation à l’encontre de la baisse des prix des tests antigéniques a démarré le lundi 4 avril et devrait durer jusqu’au lundi de Pâques, le 18 avril 2022. « J’ai arrêté de tester dans ma pharmacie dès lundi. J’oriente les patients qui veulent se faire tester vers le laboratoire de biologie médicale à proximité et vers des infirmières que je connais », témoigne Sonia Jouve, consciente que cette grève ne sera pas suivie à la lettre par tous ses confrères du département. « Tous les pharmaciens engagés n’arrêteront pas totalement de réaliser des tests, mais tous mèneront une action », espère-t-elle, comme, par exemple, réduire les plages horaires de dépistage, arrêter de payer des extras, tester au cas par cas des patients ciblés : personnes fragiles en priorité, personnes âgées de 65 ans et plus, etc.  Elle estime qu’au moins deux tiers des pharmacies de son département vont s’engager.

Une action commune entre l’USPO et la FSPF dans certains départements

D’autres départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Drôme, Loire, Haute-Savoie, Rhône, Isère, Puy-de-Dôme…) ont déjà ou sont en train de rallier le mouvement de protestation, sans attendre une directive syndicale nationale. « Le courrier cosigné par moi-même et le président du syndicat des pharmaciens de l’Ardèche rattaché à la FSPF a circulé dans les autres départements de la région et a été repris dans au moins 4 ou 5 d’entre eux avec les deux signatures des présidents des deux syndicats locaux », indique Sonia Jouve. Mais, le déploiement d’un mot d’ordre de grève ne se passe pas toujours sans frottements syndicaux. En Rhône-Alpes, « les pharmaciens de la FSPF et de l’USPO ont décidé de faire front uni devant le mépris du gouvernement, en rédigeant un courrier commun avec en en-tête les logos des deux syndicats invitant à faire baisser les statistiques des tests antigéniques jusqu’au 15 avril et les patients à faire un test PCR », annonce Olivier Rozaire, président USPO des pharmaciens du département de la Loire et président de l’URPS Pharmaciens Auvergne-Rhône-Alpes. Cette « récupération régionale » n’est pas du goût de Sonia Jouve, compte tenu de l’opposition de Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), à la grève, celui-ci estimant « qu’elle n’a aucun sens dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire prolongé jusqu’au 31 juillet 2022, qui a vocation à s’arrêter un jour et qui repose sur la base du volontariat ».

Hauts-de-France, Ile-de-France, Bourgogne, Corse… La grève du zèle a la préférence

Au niveau des autres régions URPS dont les présidents sont sous bannière USPO, le mouvement est déployé avec un peu moins de rudesse qu’en Ardèche. « La baisse de tarification des tests antigéniques désorganise l’offre des officines à des degrés divers, il n’y a donc pas de consigne-type, de mot d’ordre précis de grève mais plutôt de réduction de la voilure, on ne fait plus de zèle ! », appelle Grégory Tempremant, président de l’URPS Pharmaciens des Hauts-de-France. Les pharmacies USPO de cette région sont également le relais des actions conduites par le bureau national de ce syndicat (travail pédagogique auprès des patients, campagne d’affichage, envoi d’une lettre aux élus locaux, etc.). Renaud Nadjahi, président de de l’URPS Pharmaciens Ile-de-France, pense aussi qu’un désengagement total des pharmaciens, même temporaire, est malvenu en période de flambée des contaminations et des cas positifs : « On est avant tout professionnel de santé, on ne peut pas prendre les patients en otage, en particulier les plus fragiles qui ont besoin d’avoir un test ! », estime-t-il. En Bourgogne-Franche-Comté, Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO exerçant dans cette région, est partisan d’une grève du zèle. Enfin, dans le dernier bastion de l’USPO, la Corse, « à l’approche des vacances de Pâques et en raison des particularités liées à notre géographie et à l’isolement des pharmaciens à l’intérieur de l’île, je n’ai pas donné de mot d’ordre strict, mais des pharmacies ont décidé d’arrêter ou de diminuer cette activité de dépistage », rapporte Christian Filippi, président de de l’URPS Pharmaciens de Corse. Comme l’explique Olivier Rozaire, le but de cette opération coup de poing « est, à la rentrée, en cas de 7e vague à l’automne, quand il faudra vacciner à la fois contre le Covid-19 et la grippe, tester massivement la population, d’arriver à une rémunération du test antigénique revalorisée (dès la fin de l’état d’urgence sanitaire) et inscrite dans la convention pharmaceutique ».

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