(séro) Positifs, mais pas trop

Et vous ? Vous allez le faire, le test ?

Le gouvernement a décidé de généraliser le dépistage du sida à toute la population. Les 15-70 ans se verront proposer le test du VIH par leur médecin traitant à partir de la fin de l’année. Près de 50 000 Français seraient séropositifs et l’ignoreraient. Quelle horreur ! Quoi ? Ils méconnaissent le plaisir de s’angoisser du résultat de leur prise de sang trimestrielle, qui affiche leur charge virale et le chiffre de leurs lymphocytes T4. Ils ignorent les joies de la capote – sex-toy obligé –, le bonheur des stratégies mnémotechniques pour les prises médicamenteuses quotidiennes. Quand la campagne débutera, il ne suffira pas d’inciter au dépistage, il faudra expliquer son intérêt pour soi et pour les autres. Se faire tester, c’est accepter le résultat, pour la femme qui fête ses 30 ans de mariage comme pour le type d’âge mûr qui a débuté sa vie sexuelle bien avant les années 1980. Vivre avec le sida, c’est admettre son entrée dans la communauté des houspillés de cette maladie, celle des toxicomanes, des homosexuels, des libertins et autres stigmatisés de l’infection à VIH (C’est dur pour l’hétérosexuel installé dans son couple qui pensait qu’il n’avait rien à voir avec ces gens-là…). C’est affronter le « mais comment tu l’as attrappé ? » des soi-disant tolérants.

Peut-être que ce dépistage généralisé, outre sa légitimité en matière de santé publique, permettra de faire en sorte que le sida devienne une « banale » maladie chronique. Fallait-il en arriver là pour faire taire l’ostracisme ?

En attendant – vos résultats –, portez-vous bien !