Le déploiement des Trod CRP à l’officine fait débat

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Le déploiement des Trod CRP à l’officine fait débat

Publié le 3 décembre 2024
Par Elisabeth Duverney-Prêt et Christelle Pangrazzi
Après les Trod cystite, angine et VIH, les pharmaciens se verront-ils confier les Trod CRP dans les mois à venir ? C’est ce que réclame l'Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).

Les dépistages en pharmacie se multiplient. Après les tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) cystite et angine, les Trod VIH ont fait parler d’eux, avec une expérimentation lancée dans six pharmacies des Alpes-Maritimes depuis moins d’un mois.

Désormais, les Trod CRP sont en ligne de mire des syndicats. « L’avenir de la pharmacie est au dépistage et au conseil. Les pharmaciens ont d’ores et déjà prouvé leur capacité à mener à bien ce type de mission. Il est temps d’élargir leur champ d’application. Nous réclamons de longue date la possibilité de détecter la protéine C réactive via les tests CRP car ils permettront de distinguer une infection virale d’une infection bactérienne, et donc de décider s’il faut ou non dispenser un antibiotique », explique Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO. Sur le même principe que le Trod diabète, le Trod CRP s’effectue via le prélèvement d’une goutte de sang.

Des tests nécessitant une interprétation fine

À l’heure où la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) lance une campagne de déprescription et de bon usage du médicament, la demande de déploiement des Trod CRP semble arriver à point nommé. Toutefois, l’usage de ces tests questionne les biologistes : « La protéine C-réactive (CRP) est un marqueur de la phase aiguë de l’inflammation qui augmente rapidement après le début d’un processus inflammatoire. Cependant elle n’est pas spécifique aux infections bactériennes, et peut également s’élever en cas de maladies inflammatoires chroniques, de traumatismes ou en post-opératoire. L’interprétation de son dosage doit se faire en regard du contexte clinique. Une étude menée dans 26 cabinets médicaux en France entre 2019 et 2023 a révélé que l’utilisation d’un test rapide CRP n’a pas réduit significativement les prescriptions d’antibiotiques (43 % pour le groupe CRP contre 47,7 % pour le groupe contrôle), soulignant ainsi ses limites pour différencier les causes d’inflammation​ », explique le conseil de l’Ordre des pharmaciens biologistes (section G). 

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