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Éloge du codépistage
Titulaire à Sartrouville, en Seine-Saint-Denis, Martine Blanchard a participé avec toute son équipe à une opération de codépistage du diabète et des dysfonctionnements rénaux. L’initiative a séduit les clients mais elle a également permis de déceler des pathologies et d’apprendre aux patients à mieux contrôler leur pathologie.
Quand sa pharmacienne lui a proposé de participer à un test de dépistage du diabète et des dysfonctionnements rénaux, Sophie, 72 ans, a dit oui sans hésitation. Elle a pourtant bon pied, bon oeil. « J’ai été étonnée que ce type de test puisse se faire dans une officine, mais c’est l’occasion de savoir rapidement où on en est médicalement », raconte-t-elle. Son enthousiasme a d’ailleurs conquis son époux, également en bonne santé, qui l’a suivie dans sa démarche.
Sophie et son mari sont l’un des vingt clients auxquels Martine Blanchard, titulaire depuis 18 ans à Sartrouville, a proposé, entre novembre et décembre dernier, de participer à cette opération initiée par le laboratoire Roche. Elle non plus n’a pas hésité quand un délégué du laboratoire l’a contactée, d’autant plus qu’elle suit certains patients diabétiques depuis une dizaine d’années. « Ils ne savent pas toujours se servir des nouveaux lecteurs de glycémie qu’ils achètent. Ils n’osent pas non plus toujours demander des explications à leur médecin quand ils n’en ont pas bien saisi le fonctionnement, indique Martine Blanchard. En outre, je les mets en garde sur les plaies, j’insiste pour qu’ils aillent voir leur médecin car elles peuvent vite devenir un ulcère variqueux. »
Une clientèle composée à 80 % d’habitués
Toute l’équipe de la pharmacie – une adjointe et deux préparatrices – a été formée via un module d’enseignement électronique pour accueillir et expliquer aux clients comment se déroule le dépistage. « J’ai reçu peu de refus. Dans la plupart des cas, nous n’avons pas fixé de rendez-vous. Les gens revenaient le lendemain ou quelques jours plus tard pour effectuer le dépistage », explique Martine Blanchard, qui s’est d’abord adressée aux habitués de la pharmacie, très nombreux. « Je suis titulaire d’une pharmacie de quartier typique. Ma clientèle se compose essentiellement de fidèles, qui viennent à 85 % pour des ordonnances. » Une clientèle qui s’est progressivement agrandie avec la construction de pavillons alentour.
« Je leur ai surtout parlé du dépistage du diabète, poursuit Martine Blanchard. Cette pathologie est connue de la plupart des gens, alors qu’ils ignorent souvent ce qu’est le dysfonctionnement rénal et que celui-ci peut être une conséquence tardive du diabète. » Les personnes les plus susceptibles d’être concernées par l’opération de codépistage devaient répondre à des caractéristiques précises : avoir plus de soixante ans, être atteintes d’hypertension artérielle traitée ou non, de surcharge pondérale, connaître des antécédents familiaux de diabète et/ou de maladies rénales, avoir des taux de triglycérides et de cholestérol anormaux ou traités, avoir un diabète gestationnel ou un enfant né à plus de quatre kilogrammes. Martine Blanchard a également proposé le dépistage à ses patients atteints de diabète de type 2. « Ils sont suivis par leur médecin généraliste, mais des tests urinaires ne sont pas forcément pratiqués », informe-t-elle. Or, le risque d’insuffisance rénale est aussi important que pour les diabétiques de type 2 que pour les diabétiques de type 1.
Le pharmacien n’est pas censé faire lui-même le diagnostic
La Pharmacie Blanchard disposait de tout le matériel adéquat pour effectuer les tests : lecteur de glycémie, autopiqueur jetable, bandelette urinaire… Les volontaires devaient rapporter un flacon d’urine pour réaliser une mesure du taux d’urémie avec une bandelette urinaire. « J’ai par exemple détecté deux personnes qui présentaient un taux de sucre trop élevé par rapport à la normale. Je leur ai donc précisé de consulter leur médecin pour faire une prise de sang à jeun », ajoute la titulaire. Une fiche et un courrier de liaison sont d’ailleurs prévus à cet effet et doivent être remis au médecin traitant afin que celui-ci confirme ou non les résultats du dépistage.
Le pharmacien n’est pas censé faire lui-même de diagnostic. « Ces deux patients n’avaient pas eu de prise de sang depuis un an. Ils sont déjà soignés pour leur tension mais les généralistes ne font évidemment pas systématiquement de prises de sang. » Pour Martine Blanchard, le test fut l’occasion notamment de rappeler à l’un de ses patients l’importance d’observer scrupuleusement des règles de diététique précises. « Il est ce que l’on appelle un bon mangeur. Nous en avions déjà discuté mais c’est, disons, une bonne piqûre de rappel ! », sourit-elle.
L’écho de l’opération a été très positif auprès de ses clients. Ainsi, Sophie et son mari se disent prêts à remettre ça. « Le dépistage est facile à effectuer et rapide. L’opération n’a pris qu’une dizaine de minutes. C’est en outre très discret puisque cela se passe à l’arrière de l’officine, explique la patiente. De plus, c’est entièrement gratuit. Certains patients n’iraient pas voir le médecin pour effectuer uniquement du dépistage. »
Offrir ce type de service permet de fidéliser les clients
De son côté, la titulaire est également prête à renouveler l’expérience. « Offrir ce type de service représente aussi un moyen de fidéliser les clients. » Mais elle se montre plus sceptique sur l’intérêt de la prise de tension à l’officine. « Pour que les résultats soient de bonne qualité, il faut que la personne soit allongée, ce qui est particulièrement difficile dans une petite structure comme la nôtre, souligne Martine Blanchard. Quand des clients me le demandent, je prends leur tension, mais j’insiste pour qu’ils la vérifient ensuite auprès de leur médecin. En revanche, pour le cholestérol, ce serait intéressant. C’est un facteur important de risques cardiovasculaires. Il faudrait que les tests soient aussi simples que se piquer un doigt comme le font les patients diabétiques de type 1. »
Deux pathologies en progression
On estime à 2,5 millions le nombre de diabétiques en France, dont 500 000 ne sont pas diagnostiqués. Trois millions de personnes seraient par ailleurs atteintes d’insuffisance rénale, mais beaucoup l’ignorent. Les deux pathologies sont très liées. Le diabète est un des principaux facteurs de risque des maladies rénales. La prévalence de ces maladies chez les diabétiques est de 30 %.
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Les avantages
– Ce type d’opération démontre aux clients que l’officine est aussi un lieu de prévention et leur fait découvrir qu’on peut y faire du conseil mais aussi du dépistage, ce qu’ils ne savent pas forcément.
– Les opérations de dépistage apportent un service aux clients, d’autant qu’il est aisé pour eux de se rendre dans une pharmacie sans rendez-vous.
Les difficultés
– Martine Blanchard est prête à renouveler ce type d’opération mais elle ne se lancera pas seule. « Mettre en place soi-même ce type de dépistage est complexe, estime-t-elle. Il faut avoir du temps pour préparer le matériel nécessaire, remplir les fiches et les adresser au médecin traitant. »
Les conseils
– Parlez de l’intérêt de ce type de codépistage et de sa rapidité d’exécution. Il suffit de quelques minutes.
– Faites participer l’équipe. Toute l’équipe de la Pharmacie Blanchard a ainsi été formée à la démarche grâce à un module d’e-learning proposé par le laboratoire.
– Il n’est pas nécessaire de disposer d’un back-office de taille importante. L’opération de codépistage ne nécessite pas un matériel important.
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