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Economie officinale : le cri d’une pharmacienne dans Le Monde
Dans une longue tribune dans le journal Le Monde, Hélène Roy, titulaire à Dijon (Côte d’Or) a rappelé « la dégradation insidieuse du réseau de pharmacie ». En janvier 2024, 36 officines ont ainsi fermé définitivement leurs portes. Au total, en 12 ans, 4 000 pharmacies ont disparu remettant en cause, selon ses termes « l’exemplarité du maillage territorial ».
Les pharmaciens donnent tout, le gouvernement veut casser le monopole
Malgré une volonté de « s’adapter aux évolutions thérapeutiques comme au progrès de l’informatique pour rechercher les produits disponibles en temps de pénurie, sérialiser chaque boîte, généraliser le tiers-payant », elle déplore les positions du gouvernement pour promouvoir la vente de médicaments en ligne. « Nos engagements (…) font réaliser des milliards d’euros d’économie à la Sécurité sociale afin qu’elle puisse mieux rémunérer notre travail et, en retour, la menace d’une casse du monopole revient une fois de plus sur le tapis. »
Quid des officines rurales fragiles ?
La pharmacienne met aussi l’accent sur le risque de financiarisation. « Quels actionnaires s’intéresseront à la délivrance d’Ilaris à 11 365,55 euros la boîte qui fait gagner 98,65 euros brut à la pharmacie et 233,77 euros de TVA à l’Etat ? (…) Quels fonds de pension achèteront les officines rurales fragiles ? », interroge-t-elle, dubitative quant au manque de subvention.
Des entretiens pharmaceutiques rémunérés au lance-pierre
« Il s’agit, en fait, de décharger les médecins qui manquent de temps en faisant porter l’effort sur d’autres professions que l’on paiera beaucoup moins cher, comme les infirmières et les pharmaciens pour les vaccinations. » En effet, aujourd’hui, la valorisation envisagée pour les tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) angines et cystites est de 9 euros soit 3 euros de plus que le prix fixé actuellement. « Mais qu’est-ce que 9 euros comprenant la fourniture d’un flacon, le matériel de réalisation du test et le temps passé, comparés au coût d’une consultation médicale ? » Or, ces tests permettraient d’éviter presque 700 000 passages aux urgences.
La réponse insuffisante des pouvoirs publics
« Actuellement, les pouvoirs publics restent sourds à tout argument, impassibles devant la détresse de nos consœurs qui font faillite sans avoir démérité et ne proposent rien à part quelques miettes. » La pharmacienne promet des actions collectives pour « défendre l’avenir de notre profession (…) qui mérite mieux qu’un démantèlement sournois sans aucune vision à long terme du système de santé de notre pays ».
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