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Du nouveau dans le dépistage du Sars-CoV-2
Pour désengorger les laboratoires pris d’assaut pour des tests de dépistage de Covid-19, des alternatives sont à l’étude. Tests salivaires, tests rapides : de quoi s’agit-il ? Sont-ils réalisables en pharmacie ? Mise au point.
Si la France est fière de pouvoir réaliser plus d’un million de tests virologiques par semaine (« La France est le troisième pays qui teste le plus en Europe », a annoncé le Premier ministre Jean Castex, le 11 septembre), sur le terrain, les laboratoires de biologie médicale sont débordés : files d’attente qui s’allongent, carnets de rendez-vous complets, rendu des résultats tardifs et, bientôt, pénuries de réactifs. Les autorités sanitaires espèrent pouvoir utiliser de nouveaux tests qui s’affranchissent des contraintes de ceux basés sur la reverse transcription-polymerase chain reaction (RT-PCR) avec prélèvement nasopharyngé, seule technique aujourd’hui jugée performante pour le diagnostic de la phase active de Covid-19.
Raccourcir les délais
Les tests antigéniques détectent la présence de protéines virales (et non d’ARN, comme les tests par RT-PCR) et pourraient être aussi utilisés pour un diagnostic précoce du Covid-19 dès la phase aiguë. Ils sont qualifiés de rapides car ils donnent des résultats en moins de 30 minutes – voire en 15 minutes pour certains – grâce à une technique d’immunochromatographie : l’échantillon mélangé à un réactif migre le long d’une bandelette, comme pour les tests de grossesse. Un gain de temps qui pourrait grandement faciliter le tracing des malades et de leurs contacts. Autre avantage : le test ne nécessite pas d’instrument spécifique et peut être réalisé hors des laboratoires de biologie médicale. Seul bémol, le prélèvement, contraignant, s’effectue encore à partir d’un échantillon nasopharyngé.
Actuellement, une trentaine d’industriels développent des tests antigéniques, dont Abbott et Roche, qui viennent d’obtenir le marquage CE. Annoncés pour fin septembre, aucun de ces tests n’est encore validé auprès des centres nationaux de référence (CNR). Bien que revendiquant de hauts niveaux de performance, leur sensibilité, respectivement de 93,3 % et de 96,52 %, reste inférieure aux tests RT-PCR. En avril, la Haute Autorité de santé (HAS) avait exclu les tests antigéniques « compte tenu de leurs faibles performances, notamment en cas de charge virale basse ».
Aujourd’hui, la donne pourrait changer. Les performances des tests antigéniques se sont améliorées et les autorités sanitaires doivent aussi prendre en compte la situation des laboratoires, tendue. Si la HAS ne dispose pas encore de suffisamment de données pour se prononcer sur leur fiabilité et sur leur remboursement et si elle peine à obtenir les résultats d’études des industriels, l’expérimentation menée par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) sur environ 800 personnes pourrait rapidement apporter une réponse.
Faciliter le prélèvement
Quel que soit le type de tests (RT-PCR ou antigénique), ils sont aujourd’hui réalisés à partir de prélèvements nasopharyngés nécessitant un geste technique maîtrisé par un opérateur spécialement formé, et « peut-être un peu douloureux ou pour le moins désagréable », d’après le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Selon des données publiées par The New England Journal of Medicine (NEJM), fin août, les échantillons de salive semblent contenir davantage d’ARN viral que les prélèvements nasopharyngés. Non invasif et indolore, susceptible d’être mieux accepté par les patients, le test salivaire doit cependant être rigoureusement comparé au test nasopharyngé et, pour être retenu, démontrer que la salive est au moins « aussi bon vecteur de virus ». C’est tout l’objet de l’étude Covisal menée par le centre hospitalier de Cayenne (Guyane) depuis début août.
L’utilisation des tests salivaires et des tests rapides antigéniques pour un dépistage massif de Covid-19 est suspendue aux résultats de plusieurs études. Syndicats et groupements de pharmaciens se sont déjà positionnés pour une réalisation de ces tests en officine, à condition qu’ils soient validés par les autorités de santé, que le prélèvement soit simple et que la technique soit facile à mettre en place. Reste au gouvernement à définir – enfin – une stratégie de dépistage claire et organisée pour suivre et briser efficacement les chaînes de transmission.
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