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Une bonne dose d’innovation
Si l’homéopathie fait plus que jamais partie de son ADN, le groupe pharmaceutique Boiron a donné un nouveau souffle à son activité en se positionnant notamment sur le marché de la santé naturelle.
Boiron, c’est avant tout le destin des frères jumeaux Jean et Henri Boiron, tous deux pharmaciens, qui consacreront leur vie à l’homéopathie. Leur rencontre, dans les années 30, avec René Baudry, qui ouvrit, en 1911, la première pharmacie homéopathique, s’avère déterminante. En 1932, ils créent ensemble le laboratoire central homéopathique de France qui deviendra, en 1967, deux ans après l’inscription du médicament homéopathique à la Pharmacopée française, les laboratoires Boiron. Une première usine est érigée à Lyon, en 1969. Pour faire face à la demande et gagner en surface, l’outil industriel est installé cinq ans plus tard, à Sainte-Foy-Lès-Lyon. Un autre site industriel est ouvert, en 1995, à Messimy (Rhône). C’est désormais sur ce terrain de 32 hectares que se situe le principal outil de production du groupe sur lequel, en 2019, de nouveaux bâtiments ont été construits, offrant 9 000 m2 d’espace supplémentaire. Le credo de cette médecine douce : soigner en délivrant des doses infinitésimales d’une substance active, obtenue par dilutions successives.
Déremboursement et diversification.
Le déremboursement progressif puis total de l’homéopathie, à partir du 1er janvier 2021, est un tournant et oblige l’entreprise à rebattre ses cartes. Parallèlement à la fermeture de plusieurs établissements de préparation-distribution et à l’arrêt du site de production de Montrichard, transféré à Messimy, l’heure est à la diversification et à l’innovation. Si l’homéopathie reste au cœur de l’activité, régulièrement alimentée par le lancement de nouveaux médicaments (Varésol, Labiameo, Artensium, etc.), d’autres solutions de santé viennent dynamiser l’offre de Boiron, qui s’est positionné sur les marchés des probiotiques (Osmobiotic), des médicaments de phytothérapie – en partenariat avec le laboratoire Bionorica (Sinuphyl, Canephron), des biocides (les répulsifs anti-moustiques de la gamme Dapis), des autotests et tests (autotest nasal Covid-19, Test 2 en 1 Covid-19/grippe) et des cosmétiques au CBD (la gamme CBD by Boiron est numéro 2 du secteur, en pharmacie). Rappelons, enfin, l’expérimentation du cannabis à usage médical à laquelle ont participé les laboratoires Boiron. L’homéopathie reste centrale et représente 86,9 % du chiffre d’affaires (CA). Malgré la baisse des ventes de médicaments à nom commun, la progression du CA, en France, en 2022, est de 9,4 % grâce à la vente des spécialités homéopathiques et des autres produits de santé. La hausse des ventes à l’international (+ 26,1 %, en valeur, source fabricant) donne aussi un coup de fouet à l’entreprise.
Préparation des teintures mères.
La production industrielle se répartit sur Montévrain, où sont fabriquées les formes unidoses (comme Camilia), et Messimy, où sont produites toutes les autres formes galéniques : comprimés, sirops, pommades, crèmes, gels, tubes et doses. Sur ce second site, où plusieurs bâtiments abritent l’activité industrielle, 230 personnes sont dédiées à la production et à la maintenance. La première étape consiste à préparer les teintures mères. À leur réception, les plantes, récoltées manuellement, sont coupées et placées dans un fût en inox dans lequel est ajouté un mélange d’eau purifiée et d’alcool (le titre alcoolique varie selon la teinture mère produite). « Cette solution hydroalcoolique macère durant 15 à 30 jours, agitée manuellement pour extraire le principe actif de la plante », explique Martin Reymond, directeur de la production. S’ensuit la phase d’expression : le liquide est pressé et filtré pour obtenir une solution limpide et sans impureté, stockée dans des contenants pouvant aller jusqu’à 1 000 litres.
Dilution.
Cette teinture mère est transmise au service « préparatoire », en charge de monter les dilutions homéopathiques. Le chiffre indique la hauteur de dilution. « Par exemple, 9 CH signifie que la teinture mère a été diluée 9 fois (1 goutte de teinture mère dans 99 gouttes de solution hydroalcoolique) », poursuit notre interlocuteur. À chaque dilution, la solution, en flacon, est agitée à l’aide d’un dynamiseur à raison de 150 secousses pendant 7 secondes. « Ce procédé automatisé et reproductible assure une dynamisation identique d’une dilution à l’autre », reprend Martin Reymond. Le principe actif homéopathique est prêt.
Production des granules et globules.
Dans un autre bâtiment, sont produits les granules (tubes) et globules (doses), supports neutres des principes actifs. Ils sont fabriqués à partir d’un mélange de saccharose (85 %) et de lactose (15 %), selon la méthode de dragéification.
Cette opération longue (il faut 13 jours pour fabriquer un granule) et minutieuse est assurée au moyen de turbines et de tamiseuses. Ces billes sphériques sont ensuite stockées dans des grands sacs de 300 kilos.
Imprégnation homogène.
Dernière étape avant le conditionnement des granules et globules : leur triple imprégnation, un procédé qui garantit une répartition homogène du principe actif jusqu’au cœur des billes sphériques. À cette fin, les dilutions homéopathiques sont pulvérisées sur les granules et globules dans des turbines ; cette opération (pulvérisation, homogénéisation, séchage) est répétée trois fois. Les granules et globules sont ensuite conditionnés dans des tubes (munis d’un distributeur pour les granules). Sur les lignes de conditionnement, les remplisseuses et étiqueteuses font sortir, en bout de ligne, 60 millions de tubes et 14 millions de doses (2023).
534,2 M€
C’est le chiffre d’affaires en 2022 de Boiron dans le monde. Le groupe a enregistré une croissance de + 17,4 %. Source : Boiron.
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