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Pollution et maladies respiratoires : quels conseils au comptoir ?

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Pollution et maladies respiratoires : quels conseils au comptoir ?

Publié le 28 octobre 2024
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Comme l’être humain, les animaux de compagnie peuvent ressentir du stress, avec des conséquences sur leur santé physique et psychique. Quels sont les principaux symptômes de leur mal-être ? Comment le prévenir et le traiter ?

« Tous les ans, la pollution atmosphérique est responsable de la mort de 40 000 personnes en France. Il s’agit de la troisième cause de mortalité en France derrière le tabac et l’alcool. » Pharmacien, maître de conférences en santé publique à l’université de Lille (Nord) et chercheur au sein de l’équipe impact de l’environnement chimique sur la santé humaine (Impecs), Stephan Gabet résume les effets délétères de la pollution atmosphérique sur la population. Faut-il le rappeler, cette dernière est partout… « On a souvent tendance à considérer qu’elle se concentre surtout dans les grandes agglomérations, explique Isabella Annesi-Maesano, épidémiologiste, directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et directrice adjointe de l’Institut Desbrest d’épidémiologie et de santé publique de Montpellier (Hérault). En réalité, elle est ubiquitaire. On la retrouve aussi dans les zones rurales ou montagneuses, au-dessus des océans… L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère même que 1 % seulement de la population mondiale n’y est pas exposée. »

Gaz et particules  

Deux sources de pollution sont plus particulièrement surveillées pour leur effet néfaste sur la santé : les gaz et les particules. « Dans les composés gazeux, les plus monitorés sont le dioxyde d’azote (NO2), provoqué par les transports et les processus industriels, le dioxyde de soufre (SO2), qui est, lui, lié à la combustion du pétrole et du charbon, et l’ozone (O3), considéré comme un polluant secondaire issu de réactions photochimiques entre les oxydes d’azote et les composés organiques volatils (COV), rappelle Armelle Baeza, professeure de toxicologie environnementale à l’université Paris Cité. « Parmi les gaz problématiques figurent donc ces fameux COV qui sont très répandus à l’intérieur des locaux, mais aussi dans l’air extérieur, ajoute Isabella Annesi-Maesano. Ils peuvent être de sources anthropogéniques [générés par l’homme, NdlR] ou naturelles. Le trafic, les incendies, les éruptions volcaniques ou les tempêtes de poussière provoquent leur accumulation dans l’air. »

Les particules en suspension dans l’air (PM) sont elles aussi étroitement monitorées. « Ces aérosols sont en général constitués d’un mélange extrêmement complexe, explique Armelle Baeza. Certaines ont un cœur de carbone élémentaire associé à du carbone organique généré directement à la sortie des pots d’échappement ou des cheminées après une combustion incomplète. Mais elles peuvent aussi associer des composés d’origine métallique ou minérale comme les ions, le sulfate ou le nitrate d’ammonium. Ces associations sont provoquées par des réactions chimiques dans l’atmosphère qui vont aboutir à leur condensation pour former des particules. » Les PM sont caractérisées par leur diamètre aérodynamique, qui conditionne aussi leur agressivité pour la santé humaine. « Les particules qui font plus de 10 μm de diamètre ne franchissent pas la barrière des poils du nez, explique Stephan Gabet. Les PM10 ont un diamètre inférieur à 10 μm qui leur permet d’entrer dans les voies respiratoires supérieures, le larynx et la trachée. Les particules fines PM2,5 pénètrent, elles, plus profondément dans l’appareil respiratoire pour atteindre l’arbre bronchique et les poumons. Les PM1 sont tellement fines qu’elles arrivent à accéder aux alvéoles pulmonaires et à la circulation sanguine générale. »

Perte de contrôle  

Plusieurs mécanismes à l’origine de maladies respiratoires sont désormais bien connus. « Quand les particules atmosphériques entrent en contact avec les cellules de l’organisme, le premier événement qui se manifeste est en général une inflammation, rappelle Armelle Baeza. Les cellules absorbent les particules et vont se mettre à produire des médiateurs pro-inflammatoires chargés de lutter contre l’inflammation. Mais lorsque les expositions sont répétées, l’inflammation peut s’installer de manière chronique chez des individus en bonne santé. Chez les patients atteints de pathologies inflammatoires chroniques comme l’asthme, la bronchite chronique ou la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), cela peut conduire à l’exacerbation des maladies existantes. » « Celle de l’asthme se manifeste le plus souvent par des pertes de contrôle, de la surmédication, des hospitalisations et de l’absentéisme à l’école ou au travail, ajoute Stephan Gabet. Pour la BPCO et la bronchite chronique, cela peut se traduire par une perte d’espérance de vie, et des décès prématurés. Des effets sanitaires à court terme, comme des symptômes de toux et la survenue de bronchites, notamment en période de pic de pollution, ont également été clairement décrits. Mais en matière d’impact sanitaire, ce sont des incidents et des maladies cardiovasculaires qui sont le plus souvent rapportés, avec une augmentation du risque de maladies coronariennes, d’infarctus du myocarde et d’accidents vasculaires cérébraux. »

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Les personnes âgées figurent aussi parmi les populations à risque. « Elles sont souvent fragilisées par des états pathologiques et des mécanismes de défense antioxydante diminués, rappelle Armelle Baeza. Il est également prouvé que le fait de promener des enfants en poussette au milieu des pots d’échappement augmente le risque de contracter une maladie respiratoire chronique. Quant aux femmes enceintes, de nouvelles données épidémiologiques montrent un lien entre l’exposition à la pollution atmosphérique pendant la grossesse et les petits poids à la naissance. » 

Réflexes quotidiens  

Lorsqu’on lui demande quels conseils les pharmaciens d’officine peuvent donner au comptoir pour aider les personnes à risque, Stephan Gabet répond : « La première chose à faire, c’est de leur recommander de consulter régulièrement les indices de pollution, qui sont produits quotidiennement par les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air, et de télécharger des applications mobiles comme Recosanté, Air to Go ou Airparif. Il faut également les inviter à faire attention à leur alimentation. En leur conseillant, par exemple, de privilégier les aliments riches en vitamines C et E et en minéraux aux propriétés antioxydantes, comme les légumes verts, les choux, les fruits et les agrumes. » « Les pharmaciens peuvent aussi inviter les personnes vulnérables à mettre en place des stratégies d’évitement des sources de pollution pour ne pas subir une exacerbation des symptômes ou une perte de contrôle : emprunter les transports en commun plutôt que la voiture, ne pas marcher dans des rues très polluées, faire du sport tôt le matin quand l’air est encore respirable, proscrire l’activité physique en extérieur lorsqu’un seuil d’alerte est déclenché… », énumère Isabella Annesi-Maesano. « Il est également conseillé, même si c’est contre-intuitif, de bien aérer son intérieur, y compris en hiver, ajoute Armelle Baeza. L’air intérieur est en effet souvent plus pollué que celui de l’extérieur. Mieux vaut également éviter de mettre des bougies partout, car elles génèrent des COV, et d’utiliser les produits de ménage sous forme d’aérosols qui contiennent des molécules très irritantes. »

 « Les masques bleus chirurgicaux, que l’on portait pendant le Covid-19, et les masques FFP2 ne protègent pas efficacement des particules fines et des nanoparticules, souligne Armelle Baeza. Il faudrait des masques FFP3, mais leur port prolongé est contraignant ». Pour Isabella Annesi-Maesano, les pharmaciens doivent enfin accompagner les patients, le plus souvent réduits à de l’automédication. « Comme il est compliqué d’obtenir un rendez-vous chez un médecin, ils sont contraints de gérer seuls leurs traitements à base de bronchodilatateur, de cortisone ou de corticostéroïdes inhalés. Au moindre doute, le pharmacien doit les orienter vers le médecin… », conclut l’épidémiologiste.