Le safran, une épice et un remède précieux

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Le safran, une épice et un remède précieux

Publié le 19 août 2024
Par Geoffrey Suberville
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Longtemps utilisé dans des préparations culinaires, le safran est aujourd’hui présent dans de très nombreux compléments alimentaires. Détails des constituants et des modes d’action de l’épice la plus chère du monde.

Crocus sativus L. est une petite plante vivace originaire du bassin méditerranéen. Elle a été rapportée en France lors des Croisades au XIIe siècle, mais était déjà utilisée comme épice en Grèce depuis près de 4 000 ans. On dit aussi que Néron (Ier siècle après J.-C.) en faisait disperser avant son passage pour donner bonne humeur aux passants. Le fort attrait gustatif de cette épice, couplé au faible rendement des fleurs et à la difficulté des récoltes, explique son prix de vente très élevé (il faut environ 150 000 fleurs pour obtenir 1 kg de safran), ce qui lui vaut l’appellation d’or rouge.

Les fleurs, blanches, violacées ou veinées de rouge, dont est extrait le safran appartiennent à la famille des iridacées, tout comme l’iris et le glaïeul. La floraison intervient en automne. Chaque fleur possède trois pistils (partie femelle de la fleur ou gynécée) jaunes, renfermant un style prolongé de trois stigmates rouge orangé (les filaments) d’une longueur d’environ 3 cm.

Propriétés et utilisations du safran

Les stigmates séchés sont très prisés en cuisine ainsi qu’en phytothérapie. Tout d’abord, le safran est un cytoprotecteur puissant. En effet, il présente des propriétés neuro-, cardio-, hépato- et gastroprotectrices.

Neuroprotecteur. Grâce à ses propriétés neuroprotectrices, il lutte contre le stress oxydatif et la neuro-inflammation. Le safran permet ainsi d’améliorer les fonctions de mémorisation, la cognition et les capacités d’apprentissage. Des études ont d’ailleurs démontré que le safran était tout adapté dans le déclin cognitif chez les personnes âgées. D’autres ont attesté de son utilité dans la prévention de la maladie d’Alzheimer, bien que ses effets dans le domaine restent encore à préciser. Une étude clinique a tout de même mis en évidence que l’extrait de safran administré quotidiennement avait une activité comparable à celle de la mémantine sur le déclin cognitif lié à la maladie d’Alzheimer.

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Antidépresseur, anxiolytique et hypnotique. Le safran est traditionnellement utilisé dans le traitement des dépressions légères à modérées. Il a été montré, grâce à une méta-analyse d’essais cliniques randomisés, qu’il agissait sur la baisse de moral. Une efficacité comparable à la fluoxétine, au citalopram et aux imipraminiques. Cet effet serait dû à la crocine, un caroténoïde qui inhibe la recapture de la dopamine et la noradrénaline, et au safranal, un aldéhyde monoterpénique qui inhibe la recapture de la sérotonine. Il permet également de lutter contre le stress, et présente une activité anxiolytique qui peut s’avérer hypnotique et sédative à des doses plus élevées.

Antalgique. Le safranal confère aux stigmates de safran des propriétés antalgiques avérées, en diminuant la nociception, mais également antispasmodiques et anti-inflammatoires, intéressantes en cas d’inflammation chronique. Le safran peut ainsi être conseillé dans les dysménorrhées et les douleurs chroniques telles que l’arthrose.

Anticancéreux ? Même si les travaux de recherche en sont encore à leurs débuts, l’usage du safran dans le cancer est prometteur. Cela a été montré in vitro sur un nombre conséquent de cancers tels que des sarcomes des tissus mous et de l’épiderme, des leucémies ou des cancers de la prostate. Ces propriétés ont été observées avec des extraits fortement dosés en crocine et en caroténoïdes, mais à ce jour, elles ne sont pas avérées cliniquement. Les doses usuelles recommandées, par jour, pour l’administration du safran sont de 30 à 60 mg d’extrait hydroalcoolique ou 200 mg de poudre de stigmates.

Contre-indications et précautions d’emploi

Le safran ne présente pas d’effets indésirables et de risques jusqu’à une dose de 1,5 g par jour. Cependant, il est toxique à forte dose (au-delà de 5 g) : il peut présenter des effets narcotiques. Au-delà de 400 mg par jour, il peut induire une hypotension orthostatique. De plus, il inhibe l’agrégation plaquettaire, il est donc à éviter chez les personnes sous anticoagulant. Il est également déconseillé chez la femme enceinte, car abortif, et chez les personnes sous traitement antidépresseur ou antihypertenseur.