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Biosimilaires : ils pourraient générer 500 millions d’euros pour l’officine
Les biosimilaires sauveront-ils l’officine (et les comptes publics) ? Ces thérapies, toujours très peu diffusées en France, permettraient de générer d’ici 2027, 7,4 milliards d’euros d’économies et de galvaniser l’économie officinale. Problème : les industriels s’interrogent déjà sur la rentabilité de ces thérapies. Explication.
À l’horizon 2025, la diffusion des filgrastim et le pegfilgrastim peuvent être substituées en officine. Pourtant, l’article 54 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 autorise le pharmacien à « substituer un médicament biologique de référence prescrit par un médecin par son biosimilaire, deux ans après la commercialisation du premier biosimilaire du même groupe, sauf avis contraire de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ». Une décision saluée. Aucun arrêté du ministère de la Santé n’a toutefois encore été publié. Selon une étude menée par le cabinet Iqvia en juin 2023, la substitution élargie aux hybrides et aux biosimilaires permettrait d’éviter… 7,4 milliards d’euros de dépenses d’ici à 2027. Une manne pour l’institution régulatrice dont le déficit clignote à 11 milliards d’euros.
Un marché stagnant
Pourtant, le marché ne décolle pas. Si l’Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni affichent des taux de pénétration de 80 %, en France, ils stagnent à 30 %, loin, très loin des objectifs fixés en 2018 dans la feuille de route d’Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé. « Une des barrières au développement des biosimilaires est la réticence de certains patients et de prescripteurs, identiques à celle constatée pour les génériques. Pour ne pas perdre le marché, les laboratoires de princeps peuvent aussi aligner leurs prix de vente sur ceux des biosimilaires, lancer de nouvelles formes galéniques ou des versions présentant une amélioration par rapport au médicament original », relève Alexandre Larrard, dans sa thèse de doctorat en pharmacie Taux de pénétration des biosimilaires en France : exemple du trastuzumab, soutenue le 26 octobre 2021. Nécessité économique oblige : depuis deux ans, l’Assurance maladie est déterminée à déployer ces thérapies à grande échelle. « À la direction de la Sécurité sociale, nous souhaitons accroître la diffusion, la prescription des biosimilaires », avait déclaré en juin 2023 le directeur de la Sécurité sociale, Franck von Lennep, invité par l’Association des journalistes de l’information sociale. Objectif visé par les autorités : substituer à hauteur de 80 % dans les groupes thérapeutiques où les biosimilaires existent.
La Sécu sort le carnet de chèque
Pour répondre à cette exigence, la Sécu a sorti le carnet de chèques. Au printemps, la nouvelle convention nationale signée avec les médecins libéraux prévoit ainsi un dispositif d’intéressement à la prescription de biosimilaires de 1,1 milliard d’euros. Ces derniers devront particulièrement cibler la pénétration des biosimilaires en ophtalmologie (traitement de la DMLA), gastroentérologie, rhumatologie et dermatologie (anti-TNF).
Les pharmaciens sont loin de bénéficier de telles largesses mais pour eux aussi, l’intérêt de la substitution se précise. Chaque année, ces thérapies pourraient rapporter entre 200 et 300 millions d’euros. Une manne, à l’heure où l’économie officinale vacille : les marges ont chuté de 5 % entre 2023 et 2024, et les génériques – bien que représentant toujours 30 % du résultat net d’une officine – rapportent de moins en moins. Autre argument en faveur de la substitution, la multiplicité des fournisseurs pour une même molécule. Résultat ? Le risque de rupture est largement diminué.
Quel sera le montant des remises biosimilaires ?
Si l’arrêté d’égalisation des marges a été publié en juillet dernier, quelques jours à peine après la dissolution, les yeux des officinaux sont désormais rivés vers le prochain PLFSS. Ce texte devra indiquer l’ampleur des remises dont les pharmaciens pourront bénéficier. « Dans le cadre des négociations de l’avenant économique, le ministre de la Santé s’était engagé à nous octroyer des montants de remises identiques à ceux des génériques », souligne Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines, rappelle lui aussi la nécessité pour le nouveau gouvernement de respecter les promesses antérieures : « Les pharmaciens ont besoin de ces remises pour garantir au réseau défaillant un souffle économique. Il nous semble également indispensable d’obtenir une rémunération sur objectifs de santé publique. Elle pourrait générer, elle aussi, entre 150 à 200 millions d’euros chaque année au réseau. Si nous devions ne pas obtenir ces nouvelles sources de financement pour l’officine, nous nous engagerions dans un sérieux bras de fer. »
Le gouvernement va devoir jouer serré
À peine nommée, Geneviève Darrieussecq, nouvelle ministre de la Santé, va devoir adopter la bonne tactique. Il lui faudra d’un côté rasséréner les officinaux sur l’ampleur de ces remises mais aussi apaiser les relations du gouvernement avec les industriels. En trois ans, la clause de sauvegarde, taxe à laquelle les laboratoires pharmaceutiques sont assujettis sur leurs bénéfices, a été multipliée par trois, passant de 120 millions d’euros en 2021 à 300 millions en 2023. Dans le même temps, le prix des génériques n’a cessé de dégringoler. À plus ou moins longue échéance, beaucoup de génériqueurs redoutent un sort identique pour les biosimilaires. « Sur 130 biosimilaires potentiellement disponibles en 2030, 50 % pourraient ne pas voir le jour à cause de prix est trop bas, ou d’une population cible trop étroite », expliquait Fabrice Moia, directeur des médicaments biologiques chez Sandoz France, au Figaro le 16 septembre. Un discours dont les pharmaciens comme l’Assurance maladie doivent redouter le caractère performatif.
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