Prévention : comment elle pourrait se matérialiser

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Prévention : comment elle pourrait se matérialiser

Publié le 27 janvier 2023
Par Anne-Hélène Collin
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« Mettre tout le potentiel des pharmaciens d’officine et biologistes médicaux au service de l’accès aux soins » et développer la prévention sont en tête de liste des vœux de l’Ordre pour 2023. Et pourquoi pas délivrer sans ordonnance, sous conditions, de nouveaux médicaments ?

L’union des Ordres professionnels pour pallier aux difficultés d’accès aux soins est à l’arrêt. Les propositions issues des travaux du Comité de liaison des institutions ordinales (CLIO) santé pour libérer du temps médical et replacer le patient sans médecin traitant dans une file active de prise en charge par un médecin n’ont pas été concrétisées. « Les travaux du CLIO ont généré tout de suite des crispations chez les médecins. Il y a eu des maladresses de communication, des malentendus », explique Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre des pharmaciens, lors de la présentation de ses vœux à la presse le 18 janvier. Les choses se sont crispées voire même ont fait machine arrière. »

Mais la proposition de loi de la députée Stéphanie Rist (Renaissance), qui vise à favoriser l’accès direct à certaines professions (infirmiers en pratiques avancées, masseurs-kinésithérapeutes, orthophonistes), a offert l’opportunité de renforcer la place du pharmacien dans le système de santé. Ainsi l’Ordre a travaillé avec le gouvernement plusieurs amendements dont celui d’allonger le délai de renouvellement exceptionnel des ordonnances pour traitement chronique expirées de 1 à 3 mois. Un autre amendement proposait d’expérimenter le dépistage du cancer du col de l’utérus dans les laboratoires de biologie médicale. « Ma boussole c’est l’intérêt du patient, sa sécurité et sa prise en charge », lance Carine Wolf-Thal.

L’Ordre pousse également d’autres sujets comme la prise en charge en premier recours de certaines pathologies (cystite simple, eczéma, rhinite allergique…), à l’image de l’expérimentation Osys. « Quand le diagnostic a été posé », précise expressément Carine Wolf-Thal. La présidente de l’Ordre a également à cœur de pouvoir délivrer la pilule progestative sans ordonnance, « lorsqu’une femme a des difficultés pour obtenir un rendez-vous chez un médecin ou une sage-femme et qu’il y a un risque de mésusage de la pilule du lendemain. » Mais d’avouer que « le projet n’est pas tout à fait mûr ».

Une organisation à faire évoluer

« Les pharmaciens titulaires doivent commencer à envisager d’organiser leur officine différemment », propose Carine Wolf-Thal, évoquant l’intérêt de recruter du personnel autre que des pharmaciens et préparateurs pour la réalisation des tâches non pharmaceutiques, mais surtout de revoir « l’organisation de la file de patients », citant l’exemple québécois. « Au Québec, ils ne fonctionnent quasiment que sur rendez-vous. Cela permet d’organiser le flux de patients, sans avoir la pression du comptoir qui génère du stress pour tout le monde : le pharmacien et les patients », décrit-elle.

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Si cette organisation est déjà prise avec les rendez-vous de vaccination, de tests de dépistages voire d’entretiens pharmaceutiques, elle reste à la marge. Reste à trouver l’impulsion. « C’est un changement de paradigme, de culture, qui ne va pas se faire du jour au lendemain mais qui s’accompagne et s’explique. Je suis convaincue que c’est une voie pour les officines », s’enthousiasme la présidente de l’Ordre.