Nouvelles missions : nouveau casse-tête ?

© Getty Images/iStockphoto

Nouvelles missions : nouveau casse-tête ?

Publié le 13 juin 2022
Par Francois Pouzaud
Mettre en favori

Porteuse d’un nouvel élan métier pour la profession, la convention nationale pharmaceutique 2022 serait-elle aussi une source de malaise pour les pharmaciens ?

L’enquête en ligne (304 réponses de titulaires de toutes les régions de France recueillies du 21 au 30 mai 2022) réalisée par l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) montre un sentiment partagé entre la motivation et le désir d’embrasser les nouvelles missions, et l’inquiétude de ne pas pouvoir les mener correctement pour répondre aux besoins exprimés par les patients. Car ces besoins vont s’amplifier avec la désertification médicale galopante. La crainte de ne pas pouvoir y faire face, malgré la bonne volonté, transparaît dans des réponses très pragmatiques. Le manque de temps (69 % des réponses), de rémunération (67 %) et de personnel (65 %) sont les freins les plus cités. Un témoignage résume bien le sentiment général : « Trop de missions, tue les missions… ».  

L’adhésion des pharmaciens pour les missions inscrites dans la convention pharmaceutique précédente est depuis l’origine inégale. Derrière la vaccination qui est la plus plébiscitée (96 % des répondants déclarent vacciner contre la grippe et la plupart d’entre eux contre le Covid-19) et le dépistage (72 % disent dépister ce virus), l’implication des pharmaciens chute fortement : 46 % seulement pratiquent la dispensation adaptée, tandis que les entretiens pharmaceutiques et les bilans partagés de médication ne sont menés que par respectivement 19 % et 18 % des répondants.  

Trois missions prisées

Ainsi, si 94 % des pharmaciens ont le sentiment que leur métier a changé au cours des dernières années, et 99 % estiment que cette transformation va se poursuivre, seulement 43 % se disent optimistes pour l’avenir de la profession. Des témoignages déplorent au regard des nouveaux rôles confiés, l’absence d’avancées financières permettant à l’entreprise de mieux rémunérer les équipes officinales et de maintenir l’attractivité de la filière officine. 

Il est probable que les pharmacies piocheront dans les nouvelles missions proposées par la convention pharmaceutique, celles retenant le plus la faveur des pharmaciens étant les vaccinations des adultes (90 % des intentions), le dépistage des infections urinaires (77 %) et le dépistage du cancer colorectal (71 %).

A contrario, la dispensation à l’unité est la dernière mission à laquelle songent les pharmaciens (10 %).

Publicité

Pour l’UNPF, la nouvelle convention risque de créer une fracture entre les petites officines qui n’ont pas le personnel suffisant « pour suivre » et les grandes officines qui disposent davantage de moyens humains. Le syndicat redoute une évolution de la pharmacie à deux vitesses et, dans cet exercice élargi, souhaite une réévaluation de la place des préparateurs en pharmacie.