Information du patient : comment améliorer la littératie en santé ?

© Getty Images/iStockphoto

Information du patient : comment améliorer la littératie en santé ?

Publié le 27 décembre 2021
Par Matthieu Vandendriessche
Mettre en favori

C’est un concept qui a fait son apparition dans le domaine de la santé et dont le terme a pour équivalent anglosaxon « alphabétisation ». « La littératie en santé représente les connaissances, la motivation et les compétences qui permettent d’accéder, de comprendre, d’évaluer et d’appliquer de l’information dans le domaine de la santé », définit Emmanuel Rusch, professeur de santé publique, lors du Forum Bon usage du médicament organisé le 9 décembre dans les locaux du ministère de la Santé.

« Chaque jour, nous prenons des décisions en matière de santé qui exigent la mise en application de compétences en santé, indique-t-il. Mais nous ne sommes pas égaux dans notre capacité à nous forger un jugement et à agir en santé. »

Pour Luc Besançon, délégué général de Nérès (représentant le secteur industriel de l’automédication), la littératie en santé se forge au sein de la famille et à l’école. Elle se renforce ensuite au contact des professionnels de santé et de patients experts, dans le cas de pathologies chroniques. Il faut aussi considérer l’information en santé délivrée par les autorités et l’industrie pharmaceutique. « C’est une démarche personnalisée qu’il faut mettre en place puisque les points de départ, les parcours d’information et les parcours de soins diffèrent selon les populations », relève Luc Besançon. Selon lui, le gouvernement a investi massivement pour améliorer la littératie en santé au cours de la crise sanitaire. « Il faut étendre cette action au médicament et à son bon usage. »

Le ministère de la Santé abrite un service public d’information en santé. Son site internet santé.fr dispose d’un chatbot sur les médicaments et propose des décryptages pour lutter contre les fake news. Les informations sont également « poussées », modérées et relayées par des influenceurs. « La question est de savoir comment l’information peut profiter à ceux qui en ont le plus besoin et pas seulement à ceux qui ont un bon niveau socioculturel », explique Giovanna Marsico, représentante de ce service gouvernemental.

Cette « alphabétisation » en santé incombe au premier plan aux professionnels. « Le schéma du médecin, du sachant, qui s’exprime seul pendant toute la consultation et du patient qui se contente de dire bonjour et au revoir, cela perdure », considère Gérard Raymond, président de France Assos Santé. A l’officine, « il faut prendre le temps de connaître le ressenti du patient par rapport à son traitement », estime Pierre-Olivier Variot. Le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) rappelle que le niveau d’observance n’est pas constant au cours de l’existence compte tenu des incidents que le patient peut rencontrer.

Publicité

Christian Saout, président de la commission sociale et médicosociale de la Haute Autorité de santé, se félicite de l’intervention des patients experts dans les enseignements de médecine. « Il nous faut un bout de texte législatif pour encadrer cette intervention », affirme Gérard Raymond.