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Ils ont dit oui au temps partagé

Publié le 24 novembre 2016
Par Chloé Devis
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Pris en tenaille entre la nécessité de répondre à des exigences croissantes et une marge de manœuvre financière toujours plus étroite, les titulaires font face à des choix difficiles en matière de recrutement. Et si l’emploi à temps partagé était une solution ? Témoignages croisés de deux titulaires convaincus.

« SEULE LA POSSIBILITÉ D’UN TEMPS PARTAGÉ NOUS A PERMIS DE SIGNER UN CDI »

Philippe Pasdeloup, titulaire à Bourges (Cher) et adhérent au groupement d’employeurs Pharmacentre

Au départ, il y a la volonté de garder une préparatrice formée à l’officine. J’avais des besoins, mais sans pouvoir lui proposer de CDI à temps plein, d’où l’idée d’une embauche à temps partagé.
Le contexte était favorable à la mise en place de cette démarche : ma mère et ma compagne tiennent également des pharmacies à Bourges et nous sommes associés avec d’autres. C’est donc autour d’un noyau de cinq structures que s’est constitué le groupement d’employeurs. Pour nous, l’intérêt premier de ce système est la souplesse qu’il autorise pour remédier aux imprévus de planning. Normalement, la préparatrice effectue quatre jours dans ma pharmacie et le cinquième dans une autre.
De son côté, grâce à ce système, elle a pu décrocher un CDI à temps plein et découvrir d’autres officines. Pour le reste, le logiciel est le même partout et nos habitudes sont assez proches. Nous avons poursuivi l’expérience avec l’embauche d’un jeune pharmacien. Au vu du coût d’un tel poste à temps plein, seule la possibilité d’un temps partagé nous a permis de signer un CDI de 35 heures, réparti entre deux officines. L’avantage du temps partagé n’est pas économique au quotidien, dans la mesure où le groupement est une structure distincte dont il faut assurer la gestion administrative et comptable. Mais en contrepartie, ce système est sécurisant dans un marché tendu qui n’incite pas à recruter, notamment à Bourges où la démographie médicale est l’une des plus préoccupantes de France. Reste qu’une bonne entente entre les membres du groupement est indispensable : nous restons financièrement solidaires face aux risques inhérents à la vie d’un contrat de travail. »

« UNE FLEXIBILITÉ BIEN PLUS GRANDE QUE LE TEMPS PARTIEL »

Claire Raclet, titulaire à Gond-Pontouvre (Charente) et adhérente au groupement d’employeurs Pharmemploy

Nous avons décidé de créer un groupement d’employeurs après nous être associés à une autre pharmacie de la commune. C’était la seule organisation juridique qui nous permettait de pouvoir garder les deux préparatrices de la seconde officine sans diminuer leur temps de travail. Ainsi, elles effectuent chacune 25 heures réparties sur les deux officines selon des jours fixes dans la semaine, planifiés dès le départ. Pour les vacances, nous nous organisons au coup par coup. Et en cas de besoins ponctuels plus importants dans l’une des structures, le planning peut être revu. Autre avantage de ce système : une flexibilité bien plus grande que le temps partiel.
De même, sur le plan administratif, la gestion est simplifiée, autant pour nous que pour les préparatrices, avec un seul contrat et une seule feuille de paie chacune. Le groupement les rémunère, paie les charges et refacture aux officines ses coûts au prorata des heures qui leur sont affectées. Naviguer d’une officine à l’autre n’est pas non plus très compliqué pour les salariées concernées : les deux structures ne sont distantes que d’environ 500 mètres et le logiciel est le même. Seuls le décor et la clientèle changent ! En outre, nos équipes ont des intérêts communs, du fait de notre association, ce qui me semble un prérequis à la mise en place d’un groupement d’employeurs. Depuis sa création, nous avons d’ailleurs racheté les parts d’une troisième officine qui fait travailler une préparatrice à 100 % de son temps, sur 32 heures, mais qui est également salariée du groupement. »