Hausse des salaires : les coulisses de la négociation

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Hausse des salaires : les coulisses de la négociation

Publié le 9 juin 2022
Par Yves Rivoal
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« Une satisfaction en demi-teinte. » Les mots choisis par Olivier Clarhaut secrétaire fédéral de Force Ouvrière (FO) Pharmacie d’Officine pour commenter la nouvelle augmentation de 3 % du point obtenue dans le cadre de l’accord conclu entre les représentants des syndicats patronaux (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France – FSPF, Union des syndicats de pharmaciens d’officine – USPO) et ceux de deux des syndicats représentatifs des salariés (UNSA et FO), ne doivent rien au hasard. « La séance de négociation du 7 juin a été difficile et même marquée par une suspension de séance avant que la FSPF accepte finalement de rejoindre l’USPO dans un mandat de signature à hauteur de 3 %. A condition de limiter la date d’application à la date de publication au Journal officiel de l’arrêté d’extension de l’accord », confie Olivier Clarhaut. Pour Joël Grebil, le secrétaire général d’UNSA Chimie Pharmacie, les tensions pendant les négociations ont été provoquées par la posture des chambres patronales. « La FSPF est arrivée à la table des négociations en annonçant qu’elle n’avait de toutes façons pas de mandat pour négocier, l’USPO ayant elle indiqué qu’elle avait mandat, mais qu’elle ne signerait pas seule un nouvel accord, confie Joël Grebil.  Les syndicats de salariés ont donc dû taper du poing sur la table en conditionnant notre signature de tous les accords actuellement en négociation à une nouvelle augmentation du point. »

Du côté de l’UNSA et de FO, qui sont pour l’instant les deux seuls syndicats à avoir signé cet accord, c’est donc la satisfaction qui l’emporte. « Cette nouvelle hausse, qui intervient après les 3 % déjà entrés en application le 16 mars dernier, va permettre de maintenir le pouvoir d’achat des salariés des officines, l’augmentation de l’inflation ayant été de 5,2 % sur les douze derniers mois à fin mai », souligne Olivier Clarhaut. Mais certains points viennent selon lui assombrir le tableau. « En attendant la publication de l’extension de l’accord, les salariés continueront de voir leur pouvoir d’achat s’éroder », regrette le secrétaire fédéral de FO Pharmacie d’Officine. Il est également dommage que la négociation n’ait eu pour objectif  que de tenter de rattraper l’évolution de l’indice des prix à la consommation, et pas d’inscrire la profession dans une politique salariale dynamique, susceptible d’améliorer l’attractivité des métiers de l’officine. » Pour Olivier Clarhaut, ce nouvel accord risque même de se révéler rapidement insuffisant. « Si à l’été ou à l’automne, le Smic est à nouveau augmenté, nous nous retrouverons avec les premiers coefficients qui risquent d’être rattrapés par la patrouille. » « C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons intégré à cet accord une nouvelle clause de revoyure à l’automne pour faire un point sur l’évolution de l’inflation », ajoute Joël Grebil. Pour rappel, la CGT et la CFE-CGC ont refusé de signer l’accord.

Nous venons d’apprendre que la CFDT sera, elle, signataire de la nouvelle grille salariale.

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