Exercice coordonné : l’Assurance maladie joue-t-elle le jeu ?

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Exercice coordonné : l’Assurance maladie joue-t-elle le jeu ?

Publié le 15 juin 2022
Par Magali Clausener
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Participer à un exercice coordonné permet de bénéficier d’une Rosp. L’équipe de soins coordonnée avec le patient (ESCAP) est une structure interprofessionnelle proposée par les syndicats de professionnels de santé libéraux, plus souple que les structures existantes. Mais c’est sans compter sur la (mauvaise ?) volonté de l’Assurance maladie.

Faciliter la coordination interprofessionnelle grâce à un dispositif simple ? C’est l’un des objectifs de l’ESCAP (Equipe de soins coordonnée avec le patient) proposé par l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS) et Les Libéraux de santé. Le principe est simple : réunir autour d’un patient les professionnels de santé qu’il a choisis pour une meilleure prise en charge. Cette coordination peut être mise en place sur l’initiative de n’importe quel professionnel libéral : médecin, bien sûr, mais aussi infirmier, kiné, pharmacien, etc. A deux conditions : que le patient soit éligible, c’est-à-dire réponde à une majorité des critères de la grille d’inclusion, et qu’il donne son consentement. Un outil informatique, qui reste à développer, permettra alors aux divers professionnels de se contacter et d’échanger afin d’optimiser le parcours de soins lors d’un épisode de soins (accident, grossesse) ou au long cours pour les malades chroniques. Cette souplesse autour d’un patient constitue pour les libéraux un avantage indéniable alors que les équipes de soins primaires (ESP) et les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) s’appuient sur une patientèle, et les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) sur un territoire. Et ces trois structures doivent élaborer un projet de santé. En clair, elles sont difficiles à mettre en œuvre.

Pourtant, les négociations avec l’Assurance maladie sont bloquées après une première réunion le 2 mars 2022. Les syndicats professionnels voulaient en effet négocier la mise en place des ESCAP dans le cadre d’un avenant de l’Accord conventionnel interprofessionnel (ACI). « Nous avons proposé de créer des groupes de travail en particulier sur la rémunération et sur la grille d’inclusion, mais nous n’avons pas eu de réponse », explique le Dr William Joubert, président de l’UNPS. Pour quelles raisons ? « Notre proposition met à mal les modèles construits comme les MSP et CPTS par l’Assurance maladie », suggère Sébastien Guérard, président de la Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR). Pour William Joubert, le blocage n’est pas financier. Et d’espérer que l’ESCAP figure dans le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) en tant que structure d’exercice coordonné. En réalité, l’idéal serait qu’elle ait un statut au plus vite. « L’ESCAP pourrait s’inscrire dans le SAS (Service d’accès aux soins). Nous en avons d’ailleurs parlé à François Braun, qui conduit la mission flash sur les urgences », ajoute le président de l’UNPS.

« En ces temps de canicule, l’ESCAP permettrait de prendre en charge les patients à domicile en risque de déshydratation, et d’éviter ainsi des hospitalisations ou des passages aux urgences », complète John Pinte, président du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (SNIIL). La reconnaissance de l’ESCAP permettrait aussi aux pharmaciens de bénéficier de la Rosp (rémunération sur objectifs de santé publique) « développement du numérique en santé et amélioration de l’accès aux soins » en s’impliquant dans une ou des ESCAP. En clair, l’ESCAP présente de nombreux intérêts. Sauf pour l’Assurance maladie ?

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