Equipe : ce qui fait rester les salariés en pharmacie

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Equipe : ce qui fait rester les salariés en pharmacie

Publié le 12 mai 2023
Par Matthieu Vandendriessche
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Comment retenir les salariés de sa pharmacie ? La question se pose dans un contexte de pénurie pour les officines, où 12 % des 120 000 postes disponibles ne sont pas pourvus. Elle était le thème central des interventions lors du colloque annuel de l’association Pharma Système Qualité (PHSQ) organisé ce jeudi 11 mai à Paris.

« Il y a beaucoup de mal-être chez les adjoints et un besoin de reconversion », constate Benjamin Moutel, lui-même adjoint et fondateur du Collectif des pharmaciens adjoints d’officine de France (CPAOF). Représentant l’Association nationale des préparateurs en pharmacie d’officine (ANPPO), Patrick Béguin souligne quant à lui « la transparence des préparateurs » aux yeux des pouvoirs publics et des pharmaciens eux-mêmes. Elle a à peine été dissipée par la reconnaissance des préparateurs à l’occasion de la crise sanitaire et leur inscription au répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS). « Les préparateurs vont être amenés à s’impliquer dans de nouvelles attributions -de pharmacie clinique en particulier- aux côtés et sous la surveillance des pharmaciens », se réjouit Patrick Béguin. Leur nouvelle formation universitaire va les y emmener.

Point de vue des titulaires

Qu’en est-il du côté des pharmaciens titulaires, qui impriment l’équipe de leur marque managériale ? L’association PHSQ a recueilli le point de vue de près de 300 d’entre eux. Ils estiment que l’ambiance dans l’équipe, l’aménagement des horaires de travail et la rémunération sont des facteurs d’implication de la part des salariés. Bien avant la diversité des missions et des projets proposés, le confort de travail ou une rigueur d’organisation. Ce qui peut décourager les salariés à s’impliquer, ce sont avant tout les difficultés d’organisation personnelle (horaires, trajets, etc.), une mauvaise ambiance, le stress et les tensions. Le manque de responsabilités et de perspectives d’évolution seraient moins dissuasifs, estiment les pharmaciens titulaires.

Question d’organisation

Pierre-Edouard Poiré est l’un d’eux, installé à Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise) et engagé dans la démarche qualité. Selon lui, les équipes attendent d’abord de leur titulaire de pouvoir échanger avec lui. « Elles sont aussi demandeuses d’organisation. Dans un premier temps, cela peut faire peur et peut paraître procédurier, administratif, rébarbatif. Mais c’est très concret, très factuel. Et rapidement, cela apporte du confort, de l’efficacité et de la sécurité. Tout est planifié, posé sur le papier. Chacun sait ce qu’il a à faire, où il va et où nous allons tous. » Pour le titulaire, « l’équipe est un tout et il faut prendre chacun en compte dans le management », y compris les salariés qui ne sont pas en contact avec les patients mais permettent à leurs collègues de s’y consacrer davantage.

« L’organisation a une forte influence sur l’ambiance dans l’officine, relève Pierre-Edouard Poiré. Une répartition équitable des tâches et en particulier de celles qui sont pénibles ou ingrates limite l’apparition de frustrations, la décision de départ d’un salarié ou l’installation d’une mauvaise ambiance. » En période creuse de la journée, les salariés prennent le temps d’un moment de détente entre eux. « Je ne suis pas dans leurs discussions. Mais s’il y a un différend dans l’équipe, l’entretien individuel annuel est l’occasion d’en parler. Si c’est le cas, je le gère avec les deux personnes concernées. Je vois l’une, puis l’autre, je fais la synthèse et nous faisons un entretien à trois. »

Pouvoir s’asseoir

Le titulaire ne voit pas vraiment de différence entre un pharmacien adjoint et un préparateur. « Leurs responsabilités ne sont pas les mêmes et il existe une hiérarchisation. Un adjoint va trancher en mon absence s’il y a une décision à prendre. Mais ils font à peu près le même boulot. Tous font par exemple le double contrôle des ordonnances. Ils ont eu le choix de pratiquer tests antigéniques et vaccinations », rapporte-t-il.

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Parmi les autres leviers évoqués pour maintenir ses salariés en poste : leur permettre de s’asseoir si besoin, marquer sa reconnaissance lorsque le travail est bien fait, ne pas mégoter sur les avantages, mettre à leur disposition la presse professionnelle, libérer du temps pour la formation, permettre éventuellement à un adjoint de s’installer ou de s’engager dans des actions interprofessionnelles.