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Economie et pénurie de personnel : deux sujets qui interpellent le ministère de la Santé
10 000 à 15 000 postes sont à pourvoir en officine et l’avenir ne se présente pas sous les meilleurs auspices : les facultés de pharmacie ne font pas le plein d’étudiants. Voilà qui complique la mise en place des nouvelles missions et creuse l’écart économique entre officines.
Il y a les performances économiques et la hausse des revenus que connaissent depuis le début de l’année les pharmacies qui se sont investies et ont renforcé leurs équipes pour pouvoir assurer les missions Covid-19. Et puis il y a les officines qui n’ont pas voulu ou pu s’engager dans celles-ci. « L’effort n’a pas été homogène et les moyens supplémentaires pour attirer des personnes et renforcer les équipes sont mal répartis, une partie du réseau va économiquement très bien alors que l’autre partie qui ne vit que de la mission essentielle de délivrance des médicaments connaît les mêmes problèmes économiques comme avant la crise sanitaire », a expliqué Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), à Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée auprès du ministre de la Santé et de la Prévention, chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé. Une équation qui sera difficile à résoudre pour ces officines si on veut qu’elles accèdent aux nouvelles activités confiées à tout le réseau. En plus du manque de moyens pour embaucher dans une période de forte inflation doublée d’une augmentation des charges et de la masse salariale, elles sont pénalisées – comme les bien-portantes – par le manque d’attractivité de la filière officine. « Il y a entre 10 000 et 15 000 postes à pourvoir pour pouvoir assurer les missions qui nous sont demandées », appuie le président de la FSPF.
En dépit de la hausse d’activité, le modèle économique de la pharmacie française est un équilibre fragile. Agnès Firmin-Le Bodo, également pharmacien d’officine, en a conscience. C’est pourquoi elle a indiqué qu’il fallait dans les futures négociations conventionnelles individualiser la partie d’activité liée à la dispensation du médicament, se recentrer sur ce cœur du métier et sortir les ressources exceptionnelles liées au Covid-19. « Compte tenu des pénuries de personnel et que nos équipes ne sont pas extensibles, elle a estimé qu’il ne fallait pas donner trop de choses aux pharmaciens », précise-t-il, ajoutant que l’observatoire du suivi de la rémunération officinale s’attachera à l’avenir à faire de la micro-économie.
Facultés : des amphis au tiers vides
La raréfaction des ressources humaines risque encore de s’accentuer dans 4 à 5 ans avec la réforme instaurée à la rentrée 2020 du PASS (parcours spécifique accès santé) et du L.AS (licence avec option « accès santé ») qui sont les deux nouvelles voies d’accès aux études de santé. En effet, « pour cette rentrée universitaire, les facultés de pharmacies ne sont pour la plupart remplies qu’aux 2/3 », s’inquiète le président de la FSPF. La faute au remplacement du numerus clausus, qui avait l’avantage d’apporter de la visibilité et d’anticiper les moyens des facultés, par un numerus apertus plus sévère à l’entrée, en ne permettant l’accès en deuxième année que si la note moyenne de l’étudiant est au moins de 10. A la faculté de Nantes (Loire-Atlantique), il y a seulement 35 étudiants admis en deuxième année d’études de pharmacie, alors qu’autrefois il y en avait entre 120 et 150, rapporte Philippe Besset. « Il y aura certainement un ajustement du curseur pour la rentrée universitaire 2023 », espère-t-il.
François Pouzaud
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