Délestages électriques : ce que vos patients doivent anticiper

Il est prudent de redire aux personnes utilisant des produits thermosensibles d’éviter d’ouvrir la porte de leur réfrigérateur pendant la coupure de courant. « Il serait pertinent de garder les vaccins à la pharmacie plutôt que de les donner à conserver à domicile comme on a l’habitude de faire, sauf pour la grippe (NdlR pour laquelle de nombreuses injections sont désormais réalisées sur place) », explique Laëtitia Hénin-Hible, titulaire et présidente de Pharma Système Qualité (PHSQ). « A l’officine, si on n’a plus d’électricité, connaissant les risques encourus, on ne n’ouvre plus le frigo, donc nos vaccins se conservent. A la maison, si un enfant a envie d’un yaourt, il va ouvrir le réfrigérateur », anticipe-t-elle.

Gare aux appareillages sensibles

Si les patients à haut risque vital (PHRV) entrent dans le cadre d’un dispositif habituel renforcé cet hiver, ceux sous oxygénothérapie à domicile ou sous respirateur (en ventilation non invasive) ont besoin d’électricité. Certaines agences régionales de santé (ARS) ont interpellé les prestataires concernés afin qu’ils mettent en place un plan de continuité. Asantis, la marque de prestation de santé à domicile de Mad Ouest (Cerp Bretagne Atlantique), a décidé de livrer une bouteille d’oxygène gazeux de secours à « tous les patients sous oxygène 24h/24 ou plus de 18 heures par jour et à plus d’une heure de l’une de nos agences », précise Marie-Laure Hardy, pharmacienne et directrice des prestations médicotechniques d’Asantis. Elle a averti ses clients titulaires pour les informer de ce dispositif, qui comprend la fourniture d’un livret au patient et le déplacement d’un technicien pour montrer comment fonctionne l’obus de secours.

Avis aux retardataires et aux assurés

Aux patients qui renouvellent leur ordonnance au dernier moment, Laëtitia Hénin-Hible imagine « prévoir un affichage du type : « Des coupures de courant sont possibles pendant la période hivernale lors de délestages électriques, l’officine pourrait alors fermer à 18 heures, pensez à renouveler vos ordonnances avant ». Il faudrait placer ces messages dès maintenant », estime-t-elle.

De son côté, le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Pierre-Olivier Variot, considère que « les patients doivent également se renseigner quant à leur assurance concernant leur frigo. » De plus, « si la température du réfrigérateur a trop monté, le fournit-on à nouveau ? Si oui, en facturant à l’Assurance maladie ? En inscrivant « cause délestage » ? On n’a pas les réponses. Est-ce l’assurance du patient qui prendra en charge le préjudice ? », se demande-t-il. Il incite à demander aux patients qui se voient prescrire des médicaments thermosensibles onéreux de « passer commande quelques jours avant, et non le jour de l’injection. Mais pas trop tôt non plus : 15 jours dans leur frigo, cela peut poser problème ».

Reste que, comme le précise la circulaire adressée aux préfets le 30 novembre pour se préparer en cas de délestage électrique programmé, « toute baisse de la consommation en jour J est susceptible de réduire la portée finale du délestage ».