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L’explosion des SEL

Publié le 25 mars 2006
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L’ordre des pharmaciens vient de publier ses statistiques démographiques au 1er janvier 2006. A retenir : le doublement du nombre des SEL en deux ans et le relèvement du numerus clausus à 3 000 pour la rentrée 2006.

Plus d’officinaux par pharmacie

On ne compte désormais que 22,2 % de pharmacies dans lesquelles le titulaire exerce seul, contre 33,4 % en 1998. « C’est un retournement de situation complet puisque, désormais, la même proportion d’officines (33,3 %) regroupe trois diplômés ou plus (titulaire ou adjoint à temps complet ou partiel) », a commenté Jean-Luc Audhoui, trésorier de l’ordre des pharmaciens. Cela s’explique notamment par la progression de l’exercice en commun qui s’exprime par le boom des créations de SEL. Les pharmaciens associés représentent 46 % des inscrits en section A (+ 4,6 % pour la seule année 2005).

Un numerus clausus fixé à 3 000 en 2006 pour régénérer une profession vieillissante

L’âge moyen des pharmaciens s’établit à 45 ans et trois mois pour l’ensemble des inscrits, 48 ans et 2 mois pour les titulaires et 41 ans et 10 mois pour les adjoints. En 15 ans, la structure d’âge des pharmaciens inscrits à l’Ordre s’est profondément bouleversée. En 1991, les tranches d’âge les plus nombreuses étaient les 30-34 ans et les 35-39 ans. En 2006, ces pharmaciens ont entre 45 et 54 ans, ils sont toujours les plus nombreux et ils approchent de la retraite. Or, selon l’Ordre, « les 25 444 inscrits âgés de 45 à 54 ans n’auront, au mieux, que 24 à 25 000 remplaçants avec le numerus clausus actuel ». L’Ordre vient d’obtenir du ministère de la Santé son relèvement de 2 790 à 3 000 pour la prochaine rentrée. Une vraie bouffée d’oxygène qui pourtant ne devrait pas permettre de couvrir tous les départs en retraite et le développement de l’activité pharmaceutique : MAD, nouveaux métiers dans les collectivités locales… « Nous devons demander à la tutelle d’aller au-delà de 3 000 », a indiqué Jean Parrot, président de l’Ordre.

D’autant que l’on constate chaque année une « évaporation » par rapport au numerus (10,2 % cette année). L’Ordre pourrait demander un numerus clausus de 3 500 pour 2007.

Pour l’anecdote, les deux plus jeunes titulaires ont 24 ans, et deux adjoints ont 22 ans. A l’inverse, une titulaire et trois adjoints ont… 92 ans.

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Toujours plus de SEL

En seulement deux ans, le nombre de sociétés d’exercice libéral (SEL) a plus que doublé. Elles étaient 962 au 1er janvier 2004 et 2 057 au 1er janvier 2006 (+ 114 %). Quelle que soit leur forme (SELAR, SELAS, SELAFA…), elles représentent maintenant 10 % des officines mais leur répartition géographique demeure inégale. Elles comptent pour plus de 21 % des officines de Basse-Normandie et d’Alsace, pour seulement 3,7 % en Midi-Pyrénées. Pour la première fois, le nombre de sociétés en nom collectif (SNC), forme de société la plus usitée, est en régression (- 1 %). Parmi les 2 057 SEL, 62 ont des parts dans une ou deux autres SEL. Les associés exploitants des SEL sont plus jeunes que la moyenne des titulaires et 10 % d’entre eux détiennent des parts dans une autre SEL. Au total, 9 622 pharmacie sont gérées en société (42,6 %).

67 officines fermées en 2005

On dénombre 22 610 officines. 67 ont définitivement tiré leur rideau en 2005 pour seulement 9 créations par voie normale. En métropole, il y a en moyenne 37 officines pour 100 000 habitants soit 1 pour 2 669 habitants, 1 titulaire pour 2 147 habitants et 1 pharmacien d’officine (titulaire ou adjoint) pour 1 137 habitants. Les cartes de répartition des officines et des pharmaciens pour 100 000 habitants montrent encore et toujours une disproportion géographique en faveur de la moitié sud du pays. « Ce tropisme « sudophile » n’est pas sans rapport avec la structure de la population (et le niveau de prescription supérieur) de ces régions », souligne l’Ordre. La répartition est en fait beaucoup plus homogène si l’on considère le nombre de pharmaciens titulaires et adjoints par rapport à la population de 60 ans et plus. Dans cette configuration, la densité de pharmaciens est la plus élevée en région Ile-de-France.

L’Ordre a également présenté une comparaison européenne de l’implantation des officines. La France se place en quatrième position parmi 13 pays d’Europe occidentale avec 38 officines pour 100 000 habitants, derrière la Grèce (85 officines), la Belgique (51) et l’Espagne (48), mais loin devant l’Autriche (14) et les Pays-Bas (11).

Un logiciel de cartographie sur le Net

L’Ordre s’est doté d’un logiciel de cartographie pour mieux visualiser l’environnement sanitaire, géographique et démographique du réseau officinal. Il croise des données de recensement de la population par tranche d’âge, donne la situation géographique des maisons de retraite, des vétérinaires, des médecins ou des hôpitaux, ainsi que les données géodémographiques des officines. Objectif : mieux appréhender l’environnement des pharmaciens pour mieux adapter l’exercice professionnel dans les années à venir. « On le voit bien avec cet outil, le réseau a besoin d’être adapté, a commenté Jean Parrot. Nous devons imaginer les conditions d’exercice du futur. Les confrères ont l’obligation d’être prospectif. Rester en l’état, c’est la catastrophe assurée. » Une version allégée de ce logiciel est disponible sur le site Internet de l’Ordre (http://www.ordre.pharmacien.fr/fr/bleu/index3.htm). Le logiciel sera présenté le lundi 3 avril à Pharmagora.

28 110 titulaires

Au 1er janvier 2006, 71 747 pharmaciens étaient inscrits aux différents tableaux de l’Ordre, soit une augmentation de 1,75 %. Parmi eux, 28 110 titulaires (+ 139 sur un an) en section A et 25 354 adjoints en section D (+ 595), qui compte 25 896 pharmaciens salariés au total. Par rapport à 2005, la section D a perdu 6 977 membres, ventilés en grande partie dans la nouvelle section H des hospitaliers (4 798 inscrits) mais également en section B (industrie) et C (distribution en gros).

Les nouveaux venus de l’officine

93 nouveaux titulaires ont rejoint la profession en 2005 (34 femmes, 59 hommes) et 1831 adjoints se sont également inscrits pour la première fois en section D. Ce sont pour la plupart de jeunes diplômés puisque 75,5 % sortent des promotions 2005 ou 2004. Mais la première inscription peut aussi être enregistrée plusieurs années après le diplôme : 12 % des nouveaux inscrits étaient diplômés depuis plus de cinq ans et on trouve même un diplômé de 1968.

Une majorité de femmes

Les femmes représentent désormais 65,28 % de l’ensemble des pharmaciens inscrits à l’Ordre (+ 0,3 %). Elles sont majoritaires dans les sections A (53,94 %), E (55,43 %), G (54,14 %), H (75,94 %) et, surtout, D, avec 81,81% des effectifs (+ 2,82 % par rapport à 2005). La section B (industrie), majoritairement masculine en 2005, devient essentiellement féminine (52,85 %) grâce au renfort des salariées inscrites l’année dernière en section D. Seule la section C (distribution en gros) demeure à majorité masculine (53,83 %).