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Départ en retraite : une attente qui s’installe

Publié le 10 février 2024
Par Yves Rivoal
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Titulaire à Lavaveix-les-Mines, dans la Creuse, Francis Faure essaie depuis deux ans et demi de vendre sa pharmacie afin de pouvoir prendre sa retraite. Mais comme nombre de ses confrères, il se heurte au manque d’appétence des jeunes pharmaciens pour les petites officines et l’exercice en zone rurale.

 

Après 40 ans de bons et loyaux services, Francis Faure décide il y a deux ans et demi de mettre en vente sa pharmacie installée au cœur de Lavaveix-les-Mines, une commune de 700 habitants à une vingtaine de minutes d’Aubusson et de Guéret. A 66 ans, le pharmacien creusois aspire à prendre une retraite bien méritée. Il signe donc un mandat de vente avec trois cabinets de transaction pour une première mise à prix à 650 000 €. « Avec un chiffre d’affaires (CA) de 1,1 M€, une centaine de clients par jour, un local de 200 m² dont je suis propriétaire, et une équipe composée d’un adjoint et d’une préparatrice à mi-temps, mon officine se porte bien », assure le titulaire. Las, les annonces diffusées par les cabinets de transaction ne donnent rien. « Pendant un an, nous n’avons eu aucune touche sérieuse », regrette le pharmacien qui accepte donc de baisser son prix à 550 000 € il y a six mois. Sans plus de succès. 

Des difficultés symptomatiques 

Les difficultés rencontrées par Francis Faure sont symptomatiques de plusieurs tendances de fond sur le marché de la transaction officinale. Les jeunes pharmaciens privilégient désormais des affaires à plus de 1,5 M€, avec une équipe en place composée de préférence d’un pharmacien adjoint pour partager la charge de travail et éviter d’avoir à couvrir, sans possibilité de relais, l’amplitude horaire de l’officine et les gardes. Ils ont également moins d’appétence pour les pharmacies seules au village, installées dans des territoires reculés. Ces arguments, Francis Faure a du mal à les entendre. « Quand on me dit que ma pharmacie ne dégage pas un CA suffisant pour rémunérer un pharmacien adjoint, c’est faux. Cela fait 28 ans que j’emploie mon assistant avec un salaire confortable. Et cela ne m’a jamais empêché de dégager une marge suffisante pour vivre décemment, assure le titulaire. Ma pharmacie dessert en outre un bassin de vie de 3 000 habitants, et bénéficie d’un bon environnement médical puisqu’une maison de santé de 300 m2 vient d’ouvrir ses portes juste à côté avec un médecin généraliste, deux kinés, un cabinet infirmier, une infirmière de pratique avancée, une infirmière asalée, une sage-femme, deux psychologues, un cabinet d’ostéopathie et une permanence de protection maternelle et infantile. Un second médecin généraliste est, par ailleurs, installé en centre bourg. » Le village surfe aussi sur une bonne dynamique. Il héberge un magasin de matériaux de construction, une recyclerie, deux boulangeries, une épicerie, deux restaurants, trois pompes à essence… « Il accueille d’ailleurs régulièrement de nouveaux habitants à la recherche d’un cadre bucolique où il fait bon vivre, précise Francis Faure. Et comme il est situé dans une zone de revitalisation rurale, le prochain titulaire n’aura pas d’impôts sur les sociétés à payer pendant cinq ans. »

Assurer la pérennité de l’officine 

Francis Faure reste ouvert à des propositions plus modestes, sa préoccupation demeurant la pérennité d’une officine à Lavaveix-les-Mines. « En 40 ans, nous avons instauré un climat de confiance, de soutien et d’amitié avec les habitants avec lesquels nous avons partagé les bons et les mauvais moments de l’existence, confie le pharmacien. Ce serait un crève-cœur de voir la pharmacie disparaître et la croix ne plus scintiller sur cet axe Guéret-Aubusson. La population âgée, malgré des jeunes arrivants, ne veut pas se résoudre à perdre l’officine et n’envisage pas actuellement de se déplacer à 8 km ou plus. » Fin 2024, faute de repreneur, Francis Faure baissera définitivement le rideau. Il aura 69 ans.

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