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L’inconduite de l’employeur donne raison à la salariée

Publié le 9 mars 2013
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Le cas : Madame X a été engagée en qualité de pharmacien. Ses relations avec son employeur se dégradent fortement. Fréquemment absente, elle consulte une nouvelle fois son médecin le 28 juin 2006, qui lui prescrit des anxiolytiques ainsi qu’un arrêt de travail jusqu’au 28 juillet 2006 avec possibilité de sorties. Le soir même, elle se rend à son club de bridge. Son employeur, qui connaît la passion de madame X pour les cartes, et qui estime qu’elle a obtenu un arrêt de complaisance, pénètre à 21 h dans la salle de jeux dont il connaît l’adresse et interrompt la partie en s’interrogeant publiquement sur la réalité de son arrêt. Quelques jours plus tard, madame X, s’estimant agressée lors de cet incident, prend acte de la rupture et saisit la justice, demandant que la rupture soit prononcée aux torts de l’employeur.

Dans un arrêt du 25 janvier 2006, la Cour de cassation a admis que, « si, en principe, il ne peut être procédé au licenciement d’un salarié pour une cause tirée de sa vie personnelle, il en est autrement lorsque le comportement de l’intéressé, compte tenu de ses fonctions et de la finalité propre de l’entreprise, a créé un trouble caractérisé au sein de cette dernière ». Mais qu’en est-il si c’est l’employeur qui, hors de l’entreprise, se comporte mal ? Le salarié peut-il se prévaloir de l’inconduite de son employeur, et, le cas échéant, en prendre acte ? Dans le cas de madame X, l’employeur fait valoir, en vain, que les faits se sont produits en dehors du lieu de travail et ne peuvent constituer une faute ou un manquement à ses obligations contractuelles. Mais la cour d’appel, approuvée par la Cour de cassation*, juge qu’en agressant publiquement sa salariée l’employeur a commis un manquement grave à ses obligations, peu importe que les faits se soient déroulés en dehors du temps et du lieu de travail.

* Cour de cassation, chambre sociale, 23/1/2013 (11-20356).

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