Le meilleur des mondes

Le climat actuel n’est pas rose… C’est vrai. Est-ce une raison néanmoins pour perdre le sens de l’autre ? Entendu, dans mes contacts officinaux, une petite (mauvaise) histoire qui fait froid dans le dos. Dans une officine, nouvellement reprise avec son équipe, une jeune femme sans autre diplôme que son CAP de préparatrice délivrait depuis 15 ans au comptoir. Anormal ? Sans doute. Les titulaires le mentionnent… Mais que disent-ils exactement à la jeune femme ? Un jour où un client fidèle s’adresse directement à elle pour obtenir un médicament, sans l’ordonnance nécessaire, elle le lui donne parce qu’elle le connaît bien. Verdict : « faute grave ». La jeune femme est licenciée dans la minute. Malgré la faute, le procédé n’en semble pas moins excessif. Parce que tout s’explique ; qu’il y a dans ce geste malheureux une réaction humaine ; qu’un licenciement minute est traumatisant pour tout le monde. Et qu’il y a sans doute eu, quelque part, une faute de management. La richesse d’une équipe tient à sa diversité. Pourquoi ne pas proposer à cette femme un autre poste, clairement défini, en back-office par exemple ? Après tout, ce n’est pas le travail qui manque dans une officine, et elle travaillait là depuis 15 ans, sans problème ! A vouloir faire de son équipe un ensemble de clones, soumis aux mêmes fonctionnements (chacun fait la même chose, à quelques variantes près), nous plongeons dans le Meilleur des mondes cher à Huxley… Un monde qui, j’espère, ne sera jamais le nôtre ! Car ce serait gommer un élément essentiel, la dimension humaine, à la fois moteur et énergie. C’est elle qui fait « tourner la machine ». Dans cette officine-là, depuis, l’humeur est chagrine !