- Accueil ›
- Législation ›
- Droit des sociétés ›
- Les comparateurs d’assurances sont-ils crédibles ?
Les comparateurs d’assurances sont-ils crédibles ?
LE CAS DU MOIS
A partir du 1er janvier 2016, les entreprises auront pour obligation de financer au moins 50 % d’une couverture santé collective pour tous leurs salariés. Même si cette nouvelle contrainte ne changera fondamentalement rien pour les pharmacies d’officines, la convention collective nationale prévoyant déjà cette disposition depuis fort longtemps, cela sera peut-être l’occasion de remettre à plat la couverture assurances de votre entreprise. Et de tester les comparateurs sur Internet. Après avoir investi avec succès le marché des particuliers, ces derniers commencent à se positionner sur le marché des professionnels avec des offres, des process et… des promesses qu’il faut savoir décrypter.
Gagner du temps et de l’argent. C’est sur cette promesse que les comparateurs d’assurances sur Internet se sont fait une place au soleil sur le marché des particuliers. Leur méthode est désormais connue : après avoir rempli un questionnaire en général assez succinct, l’internaute se voit proposer en temps réel une sélection de devis. Pour ce qui est des professionnels et des entreprises, le paysage est sensiblement différent, avec des comparateurs qui commencent simplement à se positionner.
« Ce marché se révèle beaucoup plus émietté et spécifique que celui des particuliers, rappelle Stanislas Di Vittorio, fondateur d’Assurland Pro. Résultat, peu d’assureurs étaient jusqu’à présent capables de formuler une tarification en temps réel sur le segment des professionnels Un constat analysé par Florence Sablayrolles, « risk manager » assurances chez FSConsultant : « Les contrats garantissant les entreprises, en ce qui concerne leurs sites (garantie multirisques professionnelle) ou la responsabilité civile générale entreprise, nécessitent de tenir compte de la réalité de l’exploitation de chaque société. Ils doivent donc faire l’objet d’un contrat adapté, en sachant que les questionnaires généraux des comparateurs ne permettent pas d’établir une prime conforme aux besoins de l’assuré. »
NOUVELLE donne
Mais la situation évolue puisqu’un comparateur comme KelAssur propose désormais une tarification en temps réel sur la responsabilité civile professionnelle (RCP) et les complémentaires santé. « Sur ces deux produits, le process est le même que pour les particuliers », assure Julien Fillaud, directeur général adjoint de Comparadise, le groupe de comparateurs indépendants qui fédère des sites comme KelAssur, Hyperassur, Mutuelle Conseil, Devis Mutuelle, MisterAssur… « Après avoir rempli un questionnaire qui permet d’évaluer le risque, nous transmettons automatiquement la requête à nos assureurs partenaires qui nous renvoient en temps réel une proposition de prix. »
KelAssur ne propose en revanche pas encore la tarification en temps réel sur des produits comme la garantie décennale, la flotte automobile ou la multirisque professionnelle. « Les demandes des internautes sont transmises aux assureurs et courtiers partenaires qui contacteront l’entreprise afin d’affiner son profil et de lui adresser dans un second temps un devis personnalisé », précise Julien Fillaud. C’est ce process qu’applique Assurland Pro pour l’ensemble de son offre. Celle-ci inclut les véhicules de fonction, la RCP, la couverture santé, la prévoyance collective, l’assurance des locaux, la multirisque professionnelle, la protection juridique…
Quand on les interroge sur les vertus de leurs services pour les entreprises, les comparateurs ne mettent pas en avant l’argument économique. « Notre première priorité, c’est que les entreprises soient bien assurées en cas de problème, souligne Stanislas Di Vittorio. Nous préférons donc mettre en avant le fait qu’en comparant, elles réalisent une étude de marché qui va leur permettre d’obtenir le meilleur rapport qualité/prix, et de mieux connaître la réalité de leur couverture et de leur franchise. Le tout en se simplifiant la vie car avec un comparateur, vous n’avez plus besoin de décrocher quinze fois votre téléphone pour faire jouer la concurrence. »
RÉPONSE ciblée
Et quand on leur expose le traditionnel reproche adressé aux comparateurs d’assurances concernant le manque de transparence sur le panel des assureurs et les critères de choix des devis proposés, Julien Fillaud joue carte sur table. « En ce qui nous concerne, nous sommes très clairs sur le sujet. Sur le volet “complémentaires santé”, nous travaillons aujourd’hui avec quatre partenaires (Réunica, Malakoff, la Mutuelle générale et April) qui sont capables de proposer une tarification en temps réel. Idem sur la RCP où nous collaborons avec Generali, Hiscox, LGS France et Allianz. » Même franchise du côté de Stanislas Di Vittorio. « Nous avons aujourd’hui une cinquantaine de partenaires. Et pour ce qui est des critères de sélection, nous transmettons les demandes aux trois ou quatre partenaires qui nous semblent les mieux placés pour l’entreprise. Par exemple, pour les pharmaciens, nous privilégierons les assureurs qui ont un tropisme santé fort. » Pour notre interlocuteur, les comparateurs se positionnent comme des outils d’aide à la décision et à la souscription. « Ils n’ont pas vocation à assurer une comparaison exhaustive de l’ensemble des acteurs du marché. Des études montrent d’ailleurs qu’en comparant entre dix et quinze assureurs, vous avez une vision représentative du marché », conclut Julien Fillaud.
LES EXPERTS
Julien Fillaud
DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT DE COMPARADISE
Stanislas Di Vittorio
FONDATEUR D’ASSURLAND PRO
TÉMOIGNAGEDan Maarek a testé le site Kelassur
Titulaire de la Pharmacie des Ocres à Apt (Vaucluse), Dan Maarek a testé pour Pharmacien Manager le site KelAssur sur les complémentaires santé. « Après avoir rempli un questionnaire rapide, où l’on me demandait entre autres le nombre d’employés et l’âge moyen du personnel, le site m’a affiché quelques secondes plus tard cinq ou six devis qui émanaient de deux mutuelles que je ne connaissais pas, raconte Dan Maarek. En consultant les propositions de contrat en PDF, j’ai pu constater que les offres étaient bien détaillées et expliquées, avec le montant mensuel à payer pour les cadres et les non-cadres. »
Cette première impression plutôt favorable va toutefois être contrariée. « Etant persuadé que j’allais recevoir par mail un récapitulatif de ces propositions, je n’ai pas pris la peine de télécharger les contrats. Or le seul mail que j’ai reçu m’invitait à télécharger un guide de l’entreprise et rien d’autres. Résultat : après avoir fermé la page, je ne pouvais plus accéder aux devis proposés. »
Le lendemain matin, Dan Maarek est contacté au téléphone par la Mutuelle générale, qui ne faisait pas partie des deux assureurs qui avaient transmis leurs devis sur le site. « Le commercial m’a expliqué qu’il me contactait suite à la démarche que j’avais effectuée sur le site. Et après m’avoir posé des questions, il m’a indiqué qu’il me transmettrait un devis que j’attends toujours. »
Malgré ses soucis de process, Dan Maarek tire un bilan plutôt positif de cette expérience. « Le comparateur a été d’une rapidité à toute épreuve dans l’affichage des devis. Et ces derniers étaient suffisamment clairs pour que je me fasse une première idée. » Il compte donc bien profiter de la liberté que va donner l’obligation au 1er janvier prochain d’offrir une mutuelle de santé à ses salariés pour mettre en concurrence ses deux assureurs actuels. « Grâce à cette étude de marché, je compte pouvoir offrir une meilleure couverture à mes employés, sans payer pour autant plus cher, et j’espère que je serai aussi gagnant en matière de transparence sur les contrats et les prix », conclut-il.
AH OUI !
Consulter en sus du e-comparateur, votre assureur actuel, un courtier et une marque qui vous parle afin de prendre une décision en toute connaissance de cause.
OH NON !
Souscrire à une assurance en ligne sans avoir eu au moins une fois un interlocuteur de vive voix au téléphone, pour clarifier certaines clauses par exemple.
- Bon usage du médicament : le Leem sensibilise les patients âgés
- Prophylaxie pré-exposition au VIH : dis, quand reviendra-t-elle ?
- Indus, rémunération des interventions pharmaceutiques, fraudes… L’intérêt insoupçonné de l’ordonnance numérique
- Financement des officines : 4 solutions vertueuses… ou pas
- Prescriptions, consultations : les compétences des infirmiers sur le point de s’élargir


