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URPS : une réforme de la rémunération qui divise

Publié le 27 février 2021
Par Francois Pouzaud
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Les deux syndicats en campagne pour les élections aux unions régionales des professionnels de santé (URPS) opposent deux visions de la rémunération. Les évolutions proposées par l’USPO, le signataire de l’avenant n° 11, s’inscrivent dans la continuité d’une réforme jugée positive. Le contestataire, la FSPF, défend des modifications plus radicales.

FSPF : revaloriser tous les honoraires, mais pas que…

Le programme pour cinq ans de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) tient en trois mots : revaloriser, protéger et simplifier. Et derrière chacun d’eux est attachée une revendication économique. « La FSPF se bat pour la réappropriation de la dispensation du médicament et l’augmentation du montant des honoraires existants pour pouvoir financer la qualité de la dispensation qui est le coeur de notre métier », explique Philippe Besset, son président, qui défend l’idée d’une revalorisation périodique dans le cadre de la vie conventionnelle, comme pour les médecins. Le syndicat veut négocier avec la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) 60 M€ x 5 années perdues = 300 M€ par an, apportés par une revalorisation immédiate de l’honoraire de dispensation à l’ordonnance de 0,50 à 1 €, afin d’assurer les salaires du personnel en officine. La revalorisation de l’honoraire pour ordonnance complexe à 1 € est ciblée afin de soutenir les pharmacies de proximité qui sont aussi les plus fragiles, pour un total de 60 M€ par an.

Pour protéger les officines des futures baisses de tarifs, la FSPF veut en premier lieu anticiper la disparition prochaine de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) génériques en demandant une revalorisation de 10 % de l’honoraire de dispensation à la boîte des conditionnements mensuels et grands conditionnements des génériques et princeps sous tarif forfaitaire de responsabilité (TFR), pour un total de 100 M€.

Enfin, la FSPF milite pour une ROSP « qualité de service » (télémise à jour des cartes Vitale, messagerie sécurisée, etc.) sous forme d’une rémunération forfaitaire de 1 000 € par mois (coût : 250 M€ par an). C’est, selon elle, le prix à payer pour maintenir le réseau, la proximité et la qualité. Le coût global de la réforme portée par la FSPF est de 710 M€ par an.

USPO : cibler les bons indicateurs à revaloriser

L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) défend le bilan économique de l’avenant n° 11. L’effet de la réforme se traduit par une croissance de la rémunération des officines de 938 M€ depuis sa mise en place au 1er janvier 2018, dont 509 M€ pour la seule année 2020. Pour l’USPO, une officine a gagné en moyenne 14 180 € en 2019 et la rémunération moyenne préservée par officine a été de 41 261 € (source : Iqvia-Pharmastat).

Grâce à la réforme, 99,9 % des officines ont été gagnantes : en 2019, seulement 102 officines ont été éligibles à la clause de sauvegarde individuelle (quand la perte constatée est d’au moins 350 € par an liée au changement de mode de rémunération) pour un montant total de 396 369 € (en moyenne 3 886 € par officine). « Cette réforme a protégé les pharmacies de l’impact de la crise du Covid-19 et des baisses de prix dont l’impact a été divisé par quatre », affirme Gilles Bonnefond, président de l’USPO.

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Il entend poursuivre avec l’Assurance maladie la réforme engagée depuis trois ans. Pour l’USPO, il ne s’agit pas seulement d’amplifier le transfert de la marge vers les honoraires. Son objectif est de revaloriser les indicateurs évoluant à la hausse (les trois nouveaux honoraires de dispensation) et non pas ceux en déflation (honoraire à la boîte, pour ordonnance complexe), mais également d’augmenter le taux capé sur les médicaments chers au-delà duquel la marge du pharmacien est à zéro. « Toute transformation pouvant créer un risque de déséquilibre entre les pharmacies du réseau, il est nécessaire de faire un travail en profondeur de simulations et de projections de la rémunération à l’horizon 2022, 2023 et 2024 avec l’Assurance maladie », déclare-t-il.