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Prescription en DCI L’effet starter du C à 20
Entériné mardi par la CNAM, l’accord sur la revalorisation du C à 20 euros contre l’engagement des médecins à prescrire à 25 % en DCI (et à 12,5 % dans le Répertoire) relance le débat sur les génériques. Sur le terrain, certains officinaux constatent déjà quelques changements d’attitude.
Le coût du C à 20 euros (250 millions d’euros) peut être entièrement compensé par la prescription des vingt premières molécules généricables les plus vendues », affirmait la semaine dernière Pierre-Jean Lancry, responsable de la gestion du risque à la CNAM. Alors les principaux syndicats de médecins, à l’exception de la FMF, sont déjà presque partis en croisade en faveur d’une maîtrise « médicalisée » des prescriptions, de la DCI et du générique jusqu’ici tant honni… A commencer par la très radicale Coordination des médecins généralistes pour qui les médecins auront « à coeur de prescrire en DCI et de modifier leur attitude dans la prise en charge des angines. » MG-France estime que « la prescription en DCI, qui n’entrave en rien la liberté du médecin, est jouable. » A l’UNOF, on avance qu’il faudra un an pour atteindre le niveau de prescription de génériques prévu par l’accord, tout en anticipant sur les difficultés à les faire accepter, « notamment avec les personnes âgées ». Et à en croire certains pharmaciens, des prescripteurs se sont déjà lancés à corps perdu dans la bataille : « Sur le quartier, il y a un emballement de la prescription en DCI, une hausse de 20 % environ. On voit passer notamment des prescriptions de phloroglucinol et de zopiclone. Je vais devoir rappeler les fournisseurs pour renouveler mon stock », déclare Béatrice Hourcade (Bordeaux). A la pharmacie Kerszner (Paris 19e) aussi : « On a eu samedi beaucoup plus de prescriptions en DCI et en génériques que d’habitude. Mais ils ont peut-être montré qu’ils étaient de bonne volonté… pendant 48 heures ! »
Un plus pour convaincre les clients
Ailleurs à Paris, on reste dubitatif, comme à la pharmacie Fabre (15e) ou chez Eliane Zuccaro (14e) : « Malgré l’émergence du sujet depuis la semaine dernière, les clients continuent souvent de dire non aux génériques. On a toujours autant de mal. » Robert Dantzer (18e), lui, a tout de même constaté « un frémissement du côté des patients car ils en ont entendu parler. Mais moi ça fait deux ans que je leur en parle aussi ». Quant à l’accord signé la semaine dernière, il évoque un « rapt des médecins sur les génériques. Ils passent derrière nous pour casser notre coup ». « Dans l’histoire, c’est encore nous qui allons trinquer », pense aussi Claire Lafon (Versailles) qui n’a rien ressenti dans l’immédiat : « J’ai de gros prescripteurs dans le secteur avec une forte personnalité qui ne se laisseront pas manipuler. Finalement, je me dis que sur les 20 euros, 1 euro devrait rester à la charge des assurés. » Patrick Ambrogi (Saint-Denis, 93) partage cet avis : « Nos politiques sont des boeufs. Ils ne croient tout de même pas que les médecins vont se lancer dans le générique comme ça. […] Nous avons créé un petit observatoire du générique car nous nous sommes groupés pour acheter. Nous avons pu constater une baisse régulière des prescriptions. »
En province, on observe cependant un changement dans le comportement de prescripteurs. « C’était surtout en fin de semaine dernière. Cette semaine, c’est plus calme, constate Marie-Christine Eymard (Cournon d’Auvergne, 63). Certains médecins se sont mis à prescrire en DCI, et il s’agissait systématiquement de génériques. Cet accord nous facilitera la vie auprès des patients. » Bernard Boucault (Amiens) observe aussi un démarrage, certes timide : « Nous avons quelques prescriptions en DCI mais surtout des ordonnances de princeps avec la mention « tout est substituable ». J’en suis ravi. On gagne du temps, les clients acceptent… »
Attention au tarif de référence !
Même constat pour Benoît Blanchard (Brest) : « C’est assez flagrant : il y en a un ou deux qui ont changé, en prescrivant plutôt en génériques, mais il existe toujours un cabinet d’irréductibles. » Il espère en tout cas que cet accord va relancer le générique : « Je réalise 30 à 35 % de substitution en en proposant dès que possible. Jusqu’ici, beaucoup revenaient rapidement au princeps parce que le médecin le leur disait. » « Depuis quelques jours, on sent un petit mouvement, confirme Marie-Christine Bidegaray (Bayonne). Nous étions de garde ce week-end et l’un des médecins n’a prescrit qu’en DCI, de même que ce mardi. Pourtant, nous sommes dans un secteur où les tampons « non substituable » ont cours malgré leur illégalité. »
Benoît Beaudoin, président du syndicat de Moselle, sent aussi ce petit frémissement : « J’ai un médecin qui rédige désormais toutes ses ordonnances en DCI même hors Répertoire. Les assurés sont également moins réticents. Mais veillons à ce que la DCI ne nous conduise pas au tarif de référence. » A cet égard, le « corridor » de prix qui sera autorisé pour la délivrance de produits prescrits en DCI pourrait être de 10 % par rapport au générique le moins cher (représentant un volume minimum de CA pour éviter qu’un nouvel arrivant « casse » le marché). Mais le sujet est toujours en discussion entre la CNAM et les syndicats de pharmaciens.
Côté médecins, les discussions continuent également avec la CNAM pour la signature d’un avenant conventionnel, sachant que les médecins s’engageront par convention individuellement. Avec un risque de déconventionnement en cas de non-respect de l’accord qui sera suivi régionalement. Mais il est vrai que par le passé les médecins ont toujours observé les menaces de sanction qui leur étaient promises avec tranquillité. Aucune n’a jamais été appliquée
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