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Lettre ouverte à nos présidents de syndicats

Publié le 18 mai 2018
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Messieurs les présidents,

Vous jugez notre mode de rémunération réformé alors que seuls les équilibres existants depuis 1999 entre part forfaitaire et marge commerciale ont été modifiés avec les avenants.

Ainsi le bilan économique de la crise sanitaire du Levothyrox n’a pas été effectué alors que les nouvelles spécialités dispensées en conditionnement trimestriel avec 1 euro d’honoraire ont engendré une perte effective de 3 millions d’euros au 1er trimestre 2018.

La commercialisation annoncée de conditionnements trimestriels pour l’ensemble des spécialités de lévothyroxine avec un honoraire mensuel n’a suscité aucune réaction de votre part. Or, avec 3 millions de patients le nombre d’unités dispensées va passer de 36 millions à 12 millions, soit une perte prévisible de 24 millions d’euros.

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Pour la négociation de l’avenant n° 11, les dispensations de lévothyroxine ont été comptabilisées avec des conditionnements et des dispensations mensuels. Avec le statut de médicament spécifique et la moyenne d’âge des patients, le montant des honoraires supplémentaires apportés par les 36 millions de dispensations aurait dû être de 172 millions d’euros en 2020, mais il ne sera que de 57 millions avec 12 millions de dispensations au lieu de 36. Une extension des conditionnements trimestriels à l’ensemble des pathologies chroniques nous ferait perdre 25 % des honoraires à l’ordonnance, 75 % des honoraires liés à l’âge et 75 % des honoraires pour médicaments spécifiques, soit un montant total – financé par notre marge commerciale actuelle –, avoisinant les 800 millions annuels à l’horizon 2020.

L’honoraire à l’ordonnance dépendant du statut du produit prescrit avec les médicaments spécifiques nous laisse ainsi sous la menace potentielle de modifications décidées par les pouvoirs publics pour diminuer le montant des remboursements. La suppression de ce statut pour les hypnotiques nous ferait perdre plus de 100 millions d’honoraires.

Une modification de notre rémunération où le tiers des honoraires pour médicaments spécifiques, soit environ 250 millions d’euros, peut disparaître sur la simple altération des conditionnements d’une molécule et la suppression du statut d’une catégorie, est-ce acceptable ?

Il devient urgent de renégocier notre mode de rémunération en mettant à plat son fonctionnement pour faire des propositions cohérentes aux pouvoirs publics.

Il faut remettre en cause à la fois les certitudes et le modèle économique que nous suivons, pour montrer qu’il est possible de mettre en place un mode de rémunération pérenne détaché de la variation des PFHT, englobant les génériques, permettant un mode de rémunération différent pour les services tenant compte de la spécificité de chaque officine, sans surcoût pour l’Assurance maladie. Et enfin dégager des décisions politiques visant à réduire les dépenses de remboursements de la Sécurité sociale.