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Le rôle indispensable des pharmaciens

Publié le 15 juin 2013
Par Magali Clausener
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Le week-end du 8 juin et le début de la semaine auront été éprouvants pour Nicolas Gauthier, titulaire à Besançon. Comme de nombreux confrères, ce jeune pharmacien qui a repris l’officine de ses parents en 2010, vend des génériques des laboratoires Teva. Il a donc délivré Furosémide 40 mg à 28 patients. « Samedi à 8 heures, j’avais l’information sur le problème de ce générique. Le soir, après la fermeture à 19 h, j’ai fait le point chez moi sur mes patients prenant ce médicament que j’avais vus dans la journée, relate Nicolas Gauthier. J’avoue que j’avais l’appétit un peu coupé. J’ai rappelé les patients que je n’avais pas pu informer. J’ai signalé à ceux qui avaient les lots incriminés que je leur échangerais les boîtes dimanche. » Dimanche matin, le titulaire entreprend ce qu’il appelle sa « tournée dominicale ».

Enquête au domicile même des patients

Las ! Lundi, il apprend que la totalité des lots de Furosémide 40 mg Teva est retirée de la vente. Le pharmacien rappelle donc tous les autres patients pour procéder à un échange. Mais deux d’entre eux ne répondent pas, malgré un mot laissé dans leur boîte à lettres. Nicolas Gauthier entreprend à nouveau de se déplacer à leur domicile. Nous sommes mardi : « Ce jour-là, j’étais filmé par une équipe de France 3. Lorsque je suis arrivé au domicile du premier patient, je leur ai demandé de ne pas pénétrer dans l’immeuble avec moi. Je frappe à la porte, personne ne répond alors que j’entends un réveil sonner. Il est midi. Un voisin me dit que la personne déjeune dans un foyer à côté de son domicile ». Mais elle n’est pas au foyer. « J’ai commencé à blêmir », raconte le titulaire que l’on voit « enquêter » dans le reportage de France 3. Nicolas Gauthier appelle l’hôpital. Bon réflexe : les deux patients manquant à l’appel sont hospitalisés et pour des raisons sans lien avec leur prise de diurétique.

Un cas isolé ? Non, car d’autres pharmaciens ont, même sans incitation de l’Ordre, informé de suite leurs patients, n’hésitant pas à passer du temps à leur téléphoner et à les recevoir pour vérifier les boîtes et les échanger. Et à répondre aux questions. « Sur 100 patients qui prennent Furosémide 20 ou 40 mg, 10 m’ont interrogé alors que je ne me fournis pas chez Teva », constate Ronan Le Henaff, pharmacien à Rennes et président du Syndicat des pharmaciens d’Ille-et-Vilaine. Nicolas Gauthier estime qu’il n’a fait que son travail : « Je suis un passionné, je ne suis pas dans une logique financière ». Mais il reste perplexe sur l’affaire. « J’ai choisi Teva et j’ai même visité leur usine de Sens fin 2012. Selon les conclusions de l’enquête, j’aviserai », conclut-il.

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Les pharmaciens au 1er rang

Le lundi 10 juin, Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, incitait les pharmaciens qui avaient délivré Furosémide 40 mg Teva depuis début mai, à appeler tous leurs patients pour vérifier les lots en leur possession et leur demander de rapporter les lots concernés. Elle regrettait que l’identification des lots ne soit pas encore possible dans le DP, très peu de logiciels ayant pour l’instant développé ce module. Isabelle Adenot saluait aussi l’efficacité du réseau. F. P.