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La double dispensation

Publié le 15 novembre 2003
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La double dispensation résistera-t-elle au futur décret régissant la sortie de la réserve hospitalière ? Pas si sûr, d’autant qu’une majorité de pharmaciens hospitaliers n’y est plus favorable.

Si les syndicats hospitaliers s’accordent sur le principe d’une rémunération à l’acte lors d’une rétrocession hospitalière, leurs points de vue divergent quant à l’intérêt de la dispensation aux patients ambulatoires. Ainsi le Synprefh se prononce contre le principe de la double dispensation, actuellement accordée aux antirétroviraux et aux antihépatite. Depuis le 5 mai dernier, le syndicat a d’ailleurs demandé à ses adhérents de ne plus dispenser à l’hôpital les ordonnances qui comportent des médicaments disponibles en ville. « Les moyens alloués aux pharmacies à usage intérieur sont insuffisants en termes de personnel, de locaux et d’équipements, alors que nos collègues officinaux offrent une dispensation de qualité et de proximité », explique Armelle Develay, présidente du Synprefh. Pour elle, les officinaux sauront gérer les médicaments venus de l’hôpital. « Au lieu d’informer les pharmaciens hospitaliers, les laboratoires pourront très bien s’adresser aux officines. » D’autant que sur les 200 à 300 spécialités courantes délivrées en rétrocession, certaines sont déjà bien connues à l’officine tels les antibiotiques comportant des dosages ou des voies d’administration différents.

Dossier pharmaceutique.

« Par ailleurs, un double circuit ne permet pas au pharmacien d’analyser l’ensemble des médicaments prescrits et notamment le risque d’interactions médicamenteuses », insiste encore le Synprefh. Du côté du SNPHPU, on plaide en revanche pour l’établissement d’un dossier patient par la pharmacie hospitalière. « A première prescription hospitalière, première dispensation hospitalière et création d’un dossier pharmaceutique transmis à la pharmacie du choix du patient. D’où la création nécessaire d’un réseau ville-hôpital dans l’intérêt du malade et d’une observance optimale », estime Gilles Aulagner, président du SNPHPU, qui souligne un vide réglementaire pouvant être lourd de conséquences : l’absence totale d’allusion à la bonne utilisation des médicaments. « En l’absence de réseau, imaginez les difficultés d’un patient et de son pharmacien situés loin du service hospitalier prescripteur pour obtenir des informations sur un médicament orphelin… »

Informations publicitaires.

Il faut dire que l’intérêt des patients n’est pas la principale préoccupation des législateurs. Outre deux nouvelles catégories de médicaments à prescription restreinte (voir encadré p. 30), le décret prévoit la mise à disposition d’un support d’information lié à la surveillance particulière de certains médicaments. Bernard Capdeville, président de la FSPF, se demande dans quelles conditions pratiques les médicaments vont arriver à l’officine. Un sujet totalement absent du projet de décret. « Il s’agit, pour la plupart, de produits à manipulation particulière avec des effets secondaires notoires, dont beaucoup à prescription restreinte. Les officinaux devront avoir à l’avance une monographie prête. » Mais, là encore, l’officine disposera-t-elle de ces monographies alors même que la liste des produits concernés est susceptible de ne sortir que plusieurs mois après le décret ? Peut-être par la publicité des laboratoires auprès des officinaux, autorisée par le décret…

La formation des officinaux est essentielle pour une sortie dans de bonnes conditions. Mais les équipes officinales ont déjà su se montrer à la hauteur en ce qui concerne la délivrance des médicaments contre l’hépatite et le sida. « La question de la confidentialité doit pouvoir être rapidement réglée », tempère toutefois le Synprefh. Mais restera toujours le problème de la gestion des stocks de produits onéreux à l’officine…

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