Dispensation adaptée : « plus à perdre qu’à gagner », selon la FSPF

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Dispensation adaptée : « plus à perdre qu’à gagner », selon la FSPF

Publié le 27 novembre 2019
Par Francois Pouzaud
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A l’issue de l’assemblée générale de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) du 27 novembre, son président, Philippe Besset, a été mandaté pour participer aux prochaines négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie. Le syndicat non signataire de l’avenant n°19, bien qu’opposé au rééquilibrage économique porté par ce texte, a donc décidé de ne pas jouer la politique de la chaise vide afin de ne pas perdre encore plus.

En effet, sur l’une des plus emblématiques nouveautés de cet avenant – « la dispensation adaptée » – et avant même la tenue de la première séance, technique, du 4 décembre, qui doit en donner une définition et établir le modèle économique, Philippe Besset ne cache pas ses craintes : « La profession risque de subir une seconde perte de rémunération, même s’il reconnaît qu’elle serait plus légitime et intelligente que la première, le pharmacien étant le gardien des poisons. » 

Il s’explique au travers d’un exemple de médicament à posologie variable éligible à cette dispensation adaptée : « La boîte de macrogol est au prix public de 3,57 € TTC, la marge du pharmacien est de 2,31 € et l’Assurance maladie rembourse 1,07 €. La non dispensation de certaines unités risque de se traduire par une perte de rémunération pour le pharmacien plutôt que par une augmentation au travers du partage de l’économie induite », explique-t-il.

Tout va dépendre de la base de calcul. Sur macrogol, le pharmacien sera perdant si la base retenue est de 1,07 € ou 2,31 €. Dans cet exemple, la seule hypothèse acceptable pour la FSPF est le prix public (3,57 €). Redoutant la mise en place d’une usine à gaz, Philippe Besset craint qu’une seule séance technique ne suffise pas et demande la mise en place d’une rémunération forfaitaire.

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La dispensation adaptée n’est pas une intervention pharmaceutique

Le président de la FSPF estime également que la « dispensation adaptée » telle qu’elle est présentée dans l’avenant n° 19 ne répond pas à la définition donnée par la Société française de pharmacie clinique. « La définition a été, ici, travestie. Normalement, l’intervention pharmaceutique a pour objet une modification de la prise en charge du patient, sur l’intervention du pharmacien en coordination avec le prescripteur », souligne-t-il.

Autre point technique qu’il faudra régler en séance : la traçabilité de cet acte, afin de ne pas le démultiplier, ainsi que sa rémunération, dans le cas où le patient irait ensuite dans d’autres pharmacies pour retirer une ou deux autres boîtes supplémentaires.  

Enfin, la dispensation adaptée ne pourra pas se faire, selon la FSPF, sans transparence et sans l’accord des associations de patients (en raison de la limitation de leur droit aux médicaments) et des syndicats de médecins. Avec ces derniers, Philippe Besset estime que la dispensation adaptée et d’une manière générale, les interventions pharmaceutiques, doivent s’inscrire dans le cadre d’un accord interprofessionnel médecins-pharmaciens.