Dispensation à l’unité : tester avant de généraliser

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Dispensation à l’unité : tester avant de généraliser

Publié le 4 mai 2021
Par Matthieu Vandendriessche
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Si elle devait se mettre en place, voici ses propositions. L’Académie nationale de pharmacie s’insinue avec précaution sur le sujet de la dispensation de médicaments à l’unité (DAU). Votée en février 2020 dans le cadre de la loi sur la lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire, cette disposition pourrait être mise en œuvre dès le 1er janvier 2022. Mais il manque encore des textes d’application.

L’Académie de pharmacie prend donc les devants en faisant paraître lundi 3 mai un rapport rédigé après consultation des représentants de la pharmacie d’officine et des industries du médicament.

Mises en garde

Tout d’abord, l’assemblée pointe les risques liés à cette nouvelle pratique : « La DAU met en danger l’efficience de la sérialisation, la traçabilité, la stabilité des formes galéniques, avec une responsabilité accrue pour le pharmacien et le fabricant ».

Est aussi mise avant la charge de travail accrue pour les officines : enregistrement du lot et de la date de péremption à chaque délivrance, comptage, découpage du blister, reconditionnement, étiquetage, modalités de facturation… Du point de vue du patient, cela risque d’allonger le temps d’attente au comptoir.

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S’il faut y aller…

Mais il n’y a pas que des inconvénients à la disposition. Le fractionnement de la délivrance de médicaments classés comme stupéfiants et la dispensation adaptée (posologie ajustée en pharmacie en fonction des symptômes perçus par le patient) sont déjà en oeuvre. La DAU s’appliquerait à certaines catégories de médicaments pour lesquels elle se justifierait. Le rapport en dresse une liste selon l’intérêt :

– économique dans le cas de traitements chers : anticancéreux oraux, immunosuppresseurs, antiviraux d’action directe, nouveaux anticoagulants oraux ;

– environnemental avec la pollution liée aux résidus de médicaments antibiotiques ;

– sanitaire lorsque la probabilité d’adaptation de posologie est fréquente (en cas de maladies cardiovasculaires, diabète, épisodes anxiodépressifs) ou si les médicaments sont à marge thérapeutique étroite (antiépileptiques, immunosuppresseurs, certains anti-infectieux, etc.).

Une expérimentation avait été menée en 2014, sans pouvoir mettre en perspective ses résultats.

L’Académie de pharmacie préconise qu’avant toute généralisation, une nouvelle phase d’expérimentation et d’évaluation soit réalisée en officine. Elle serait menée selon une méthodologie contrôlée avec groupe témoin et pourrait intégrer un ou plusieurs types de médicaments : antibiotiques, antalgiques, hypnotiques ou anxiolytiques, corticoïde (dopage), anticancéreux par voie orale, antidiabétiques ou antihypertenseurs.