Dispensation à l’unité : non c’est non ?

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Dispensation à l’unité : non c’est non ?

Publié le 26 septembre 2023
Par Magali Clausener
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Depuis plusieurs jours, le sujet de la dispensation à l’unité est revenu en force. Une mesure que les syndicats jugent inutile. Le point.

Prévue par le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2024, la dispensation à l’unité en officine doit permettre de faire face aux tensions d’approvisionnement de certains médicaments, à l’instar du recours à des préparations officinales spéciales en cas de rupture de stocks. Il s’agirait en particulier des antibiotiques comme l’amoxicilline, mais également d’autres molécules. « Cela peut aussi concerner la cortisone qui a connu des tensions », souligne Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).

Sécuriser la distribution

Une mesure à laquelle s’oppose fortement l’USPO. Son président avance plusieurs arguments. « L’hiver dernier, ce sont les formes pédiatriques d’amoxicilline qui manquaient, c’est-à-dire en sirop. On ne peut pas dispenser un sirop à l’unité ! Autre problème : comment conserve-t-on des comprimés effervescents hors de leur blister si on les déconditionne ? », remarque Pierre-Olivier Variot. Et de pointer le problème qu’il considère comme essentiel : celui de la traçabilité. « Comment trace-t-on les comprimés hors de leur boîte ? ». Pierre-Olivier Variot met aussi en avant le coût « énorme » de la dispensation à l’unité. Une position qu’il a défendue lors d’une entrevue avec le conseiller santé d’Elisabeth Borne le 21 septembre et que l’USPO a de nouveau mise en avant dans un communiqué en date du 25 septembre.

Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), ne dit pas autre chose. « Cette histoire de dispensation à l’unité n’a pas beaucoup de sens. La posologie correspond aux boîtages . On a normalement les conditionnements adaptés aux traitements », a-t-il déclaré lors du « 13h45 live » de son syndicat du vendredi 22 septembre.

« L’expérimentation de dispensation à l’unité d’antibiotiques lancée il y a 8 ans, n’a pas donné de très bons résultats, rappelle de son côté Christophe Le Gall, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). Il y a un important problème de sécurité alors que l’on nous dit que la sérialisation est capitale pour sécuriser la distribution. Comment, par exemple, savoir quel comprimé a pu provoquer une allergie si le traitement provient de plusieurs boîtes, voire de plusieurs laboratoires ? ». Et d’ajouter : « La dispensation à l’unité prend énormément de temps alors qu’on confie aux pharmaciens de nouvelles missions ».

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Se mobiliser

Les syndicats sont également d’accord sur les autres solutions pour lutter contre les pénuries en particulier d’antibiotiques comme la réalisation systématique de tests rapides d’orientation diagnostiques (Trod), le bon usage et l’observance. Pourquoi alors l’USPO a-t-elle interpellé la FSPF pour lui demander de la rejoindre dans cette mobilisation contre la dispensation à l’unité ? Parce que dans un tweet, la FSPF avait indiqué que la dispensation à l’unité ne résoudrait pas le problème des pénuries de médicaments, « c’est du bricolage mais on le fera ». Des propos qu’a repris France Info

Il y a quelques heures, Philippe Besset a d’ailleurs répondu à Pierre-Olivier Variot, toujours sur X (anciennement Twitter) : « Complètement mobilisé pour éviter que cette mesure législative inutile devienne une réalité. Ce que je dis dans cette vidéo [sur France Info, NdlR], c’est que les pharmaciens respectent la loi de la République. A nous de convaincre pour que l’obligation ne reste que pour les stupéfiants ».

L’union de la profession fera-t-elle entendre raison au gouvernement ? La mesure figure bel et bien dans l’avant-projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) selon l’agence médicale APMnews.