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Les peaux intolérantes au soleil
EN PRATIQUE : LES PEAUX FRAGILES ET CLAIRES
AU COMPTOIR : « Dès que je m’expose au soleil, je rougis ! »
« J’ai des taches de rousseur et la peau claire. En vacances, j’applique deux ou trois fois dans la journée un lait d’indice 10, mais cela ne m’empêche pas d’attraper des coups de soleil. »
Votre réponse
« Votre peau présente une sensibilité accrue au soleil. Un indice 10 n’est pas suffisant. Vous devez opter pour une protection beaucoup plus élevée, par exemple UVB 40 et UVA 40, à appliquer toutes les deux heures au minimum. »
Quel phototype ?
D’une personne à l’autre, selon la couleur des cheveux, la carnation de la peau et la présence d’éphélides (taches de rousseur), l’aptitude à se défendre face au soleil varie. A l’origine de ces inégalités, on retrouve deux pigments mélaniques.
– Les eumélanines, pigments bruns-noirs présents chez les sujets mats, peuvent absorber une grande partie des UVB et piéger partiellement les radicaux libres.
– Les phæomélanines, de couleur jaune-brun ou rouge, sont observées chez les sujets roux à peau claire. Leur pouvoir photoprotecteur est réduit et leur stimulation génère des radicaux libres.
Leur répartition variable d’un individu à l’autre détermine la notion de phototype et permet de classer les peaux du phototype 0 (sujet albinos) au phototype 6 (peaux noires).
Les personnes ayant un phototype 1, 2 ou 3 brûlent facilement, développent difficilement un bronzage protecteur. A ensoleillement identique, les dommages cutanés surviennent plus rapidement sur une peau laiteuse que sur une peau mate.
Choisir sa protection
UVA et UVB
Les UVA sont aussi dangereux que les UVB, d’où la mise sur le marché de photoprotecteurs dotés d’une égalité d’indice de protection UVB/UVA.
– L’indice UVB (appelé SPF) traduit l’efficacité du produit solaire pour prévenir l’érythème. C’est le coefficient multiplicateur de la durée d’exposition sans coup de soleil. Il est aussi estimé par le rapport DEM (dose érythémale minimale) sur zone protégée/DEM sur zone non protégée. Sa valeur est approximative puisqu’elle est mesurée en laboratoire, et rarement dans les conditions réelles d’utilisation.
– L’indice UVA permet de protéger en partie la peau du vieillissement photo-induit, des photodermatoses et des phénomènes de cancérogenèse. Pour le calculer, il n’existe actuellement pas de méthode standardisée. D’un laboratoire à l’autre, les indices ne sont pas comparables, même si la tendance actuelle correspond à la mesure in vivo de la pigmentation immédiate UVA.
Une texture agréable
C’est une lapalissade, mais le meilleur produit solaire n’est efficace que s’il est appliqué régulièrement et correctement. De nombreux moyens sont mis en oeuvre chaque année pour tenter de séduire davantage les consommateurs. L’objectif numéro 1 : éviter les traces blanches qui freinent inévitablement l’utilisation des solaires. Les nouvelles textures, en majorité H/E, sont légères, non grasses, ne brillent pas (ou moins) à l’application sur la peau, ne laissent quasiment plus de résidus blancs (même pour les indices les plus élevés).
Les règles incontournables
Valables pour tous, elles sont d’autant plus indispensables que la peau est claire ou rousse.
Appliquer les solaires avant de sortir dès le matin en insistant sur les cuisses, les mollets, les plis des genoux, l’arrière des oreilles, le dessus du pied et la nuque.
Renouveler l’application du soin solaire toutes les deux heures, notamment après chaque bain, même si le produit utilisé est dit waterproof.
Ne pas prolonger l’exposition solaire sous prétexte de l’utilisation d’un indice élevé. Les indices élevés (#gt; 40) ont pour objectif de protéger les personnes sujettes aux photodermatoses et les peaux très claires (phototypes 1, 2, 3) des adultes et des enfants, et non d’augmenter le nombre total d’heures d’exposition. Les tout nouveaux indicateurs d’exposition solaire (« UV patch », à coller sur la peau), qui mesurent la quantité d’UVB reçue et changent de couleur lorsque la valeur seuil est dépassée, peuvent aider à percevoir le temps maximal d’exposition.
Reboucher les produits après utilisation et les placer à l’ombre.
Prévoir des vêtements (chapeau, T-shirt, short, pantalon) et des lunettes de soleil.
Se méfier de l’ombre du parasol qui ne protège pas de la réverbération et des nuages qui laissent passer près de 80 % des UV.
Ne pas garder un produit solaire plus d’une saison. Transporté dans des lieux surchauffés et peu concentré en conservateurs, il s’altère rapidement une fois ouvert.
Attention aux enfants !
Si la peau claire des adultes est très sensible au soleil, celle des enfants est encore plus menacée.
– Une certaine immaturité
-#gt; L’épiderme, faiblement kératinisé, le film hydrolipidique, mince et peu résistant, n’exercent pas leur rôle photoprotecteur et laissent passer l’excès d’UV qui perturbe l’élaboration des fibres de collagène et d’élastine.
-#gt;Les mélanocytes fonctionnent au ralenti jusqu’à l’âge de 15 ans et leur réponse pigmentaire face aux UV est faible.
Toutes ces insuffisances rendent l’enfant particulièrement vulnérable, d’autant plus que la dose annuelle d’UV à laquelle sont exposés les enfants est trois fois supérieure à celle reçue par un adulte. A 18-20 ans, la moitié de leur capital soleil est dépensé ! Epargner la peau des enfants est donc le premier message à faire passer.
– Une protection spécifique
La peau d’enfant ne peut être assimilée à une peau d’adulte. Proposer des produits formulés pour enfants, à large spectre 40B-40A, les premiers jours puis 20B-20A ensuite. En cas d’intolérance aux filtres chimiques, aux parfums, recommander des solaires formulés uniquement à base d’écrans minéraux. Leur photostabilité et leur parfaite tolérance limitent les réactions. Préférer les textures waterproof (les enfants passent du temps dans l’eau) et E/H pour limiter le dessèchement.
Les produits à base de filtres solaires ne sont pas contre-indiqués chez l’enfant. Leur restriction d’emploi est due au fait qu’il existe un passage transcutané. Celui-ci peut être minimisé grâce aux formes encapsulées et aux filtres à haut poids moléculaire qui restent à la surface de la peau. Les filtres présentent l’avantage de développer une couverture adaptée sur l’ensemble du spectre ultraviolet et s’étalent facilement.
POUR APPROFONDIR : La composition des filtres solaires
Des actifs nouveaux
Déjà connus depuis quelques années, les Tinosorb et dérivés ont la particularité de réfléchir et d’absorber en partie les radiations UVA et UVB. Cette classe d’écrans organiques comptait jusqu’à présent le Tinosorb-M, insoluble dans l’eau et dans l’huile. S’y ajoute dorénavant le Tinosorb-S, soluble dans l’huile, ce qui permet de réduire les doses de pigment (effet blanc) donc d’améliorer la galénique, et d’obtenir une plus large protection (UVB et UVA courts, longs).
L’encapsulation des filtres
Le risque d’intolérance aux filtres chimiques peut être réduit grâce à l’encapsulation des actifs. Afin de limiter
les réactions d’allergie aux filtres, d’éviter tout simplement leur contact avec la peau, certains laboratoires ont mis au point la technique d’encapsulation. Enrobés dans des microbilles de silice, les filtres restent en surface et ne pénètrent pas dans l’épiderme, ce qui en fait des produits de haute tolérance.
EN PRATIQUE : LA LUCITE ESTIVALE BÉNIGNE
AU COMPTOIR : « J’ai des petits boutons sur le décolleté »
« Je me suis installée à peine 20 minutes au soleil, et me voici couverte de boutons qui démangent sur le décolleté ! »
Votre réponse
« Petits boutons et démangeaisons sur le décolleté sont caractéristiques d’une lucite estivale bénigne. Ne vous inquiétez pas, tout va disparaître en dix jours environ sans laisser de cicatrices. En attendant, appliquez cette crème apaisante matin et soir. »
Calmer le prurit
L’éruption vésiculeuse de la lucite estivale bénigne (LEB) est souvent très prurigineuse. Pour calmer les démangeaisons, conseiller l’application d’une crème antihistaminique ou d’un dermocorticoïde d’activité faible ou éventuellement la prise d’un antihistaminique per os. Dans les jours qui suivent, éviter les expositions au soleil (tee-shirt) et appliquer une crème solaire UVB 60-UVA 60.
Prévenir les récidives
Les UVA semblent contribuer largement aux manifestations de la LEB. La protection externe contre les UVA (vêtements, protection à large spectre 60B-60A, exposition très progressive) peut être complétée par une protection interne. En effet, l’action des UVA peut être prévenue en préparant la peau 15 jours à un mois avant les premières expositions à l’aide d’une protection « interne ».
– Les caroténoïdes
De nombreuses études ont permis de constater qu’une supplémentation en bêtacarotène, lycopène et canthaxanthine (caroténoïde de synthèse) diminuait la sensibilité de la peau aux UV. Les caroténoïdes limitent l’effet délétère des radicaux libres générés par les UVA et augmentent la synthèse de mélanine.
Plusieurs traitements sont disponibles sous forme de gélules ou comprimés : Phénoro, Photoderm, Oxelio, Helioselen… Ils doivent être débutés 15 jours avant l’exposition solaire et poursuivis pendant celle-ci.
– Autres traitements
L’acide para-aminobenzoïque (Pabasun) peut être utilisé comme antidyschromique. Il intervient dans la formation de la mélanine. Le traitement doit également être débuté 15 jours avant l’exposition. Attention, il peut être lui-même responsable de photoallergies !
Les vitamines A, E, les flavonoïdes, les enzymes (SOD, coenzyme Q10…) peuvent également être utilisés.
En cas d’échec, le dermatologue prescrit des antipaludéens de synthèse (hydroxychloroquine) qui diminuent la sensibilité cutanée aux rayons ultraviolets, voire des séances de photothérapie UVB à spectre étroit ou de puvathérapie.
Ne pas confondre
Certaines pathologies plus graves ont des manifestations voisines.
– La lucite polymorphe
Rare, elle touche hommes et femmes et apparaît 24 à 48 h après les premières expositions. Lésions papuleuses et démangeaisons siègent essentiellement sur le visage (au contraire de la LEB) et persistent 2 à 3 semaines. Les récidives sont fréquentes et souvent plus marquées.
– Urticaire
Exceptionnelle, très invalidante, elle se déclenche une à cinq minutes après le début de l’exposition et s’installe sur les zones habituellement couvertes, non habituées au soleil.
POUR APPROFONDIR : Les UVA reconnus coupables
Mille fois plus énergétiques que les UVA, les UVB, responsables des coups de soleil et du photovieillissement, ont longtemps été considérés comme les seuls grands coupables des méfaits du soleil. Aujourd’hui, il est clairement établi que les radiations UVA sont fortement impliquées (seules ou associées aux radiations UVB) dans l’étiologie des photodermatoses. Contrairement aux UVB, plus de 50 % des UVA pénètrent les couches profondes de la peau et jouent un rôle majeur dans les phénomènes d’immunosuppression et de photocarcinogenèse. Dans la LEB, les UVA provoquent une hyperactivité des cellules immunitaires (cellules de Langerhans) et participent à la destruction des membranes cellulaires libérant du matériel intracellulaire non reconnu par les cellules immunitaires.
EN PRATIQUE : LA PHOTOSENSIBILISATION MÉDICAMENTEUSE
AU COMPTOIR : « J’ai des plaques rouges sur les genoux »
« Je me suis tordu le genou hier en jouant au foot. J’ai mis un gel anti-inflammatoire comme je fais d’habitude, mais ce soir, je me retrouve avec des plaques rouges qui me cuisent sur les genoux alors que je ne suis pas allée plus d’une demi-heure au soleil ! »
Votre réponse
« Certaines crèmes ou gels augmentent la sensibilité de la peau aux UV. C’est le cas de l’anti-inflammatoire que vous avez appliqué, qui est photosensibilisant. Il ne faut pas exposer au soleil les zones où l’on a appliqué le produit. Remettez des pantalons couvrant les genoux pendant quelques jours et appliquez cette crème apaisante à base d’énoxolone pour soulager cette sensation de coup de soleil. Bien entendu, les expositions solaires sont totalement déconseillées pendant les jours qui viennent. »
Identifier une photodermatose
Ce terme englobe des pathologies où il existe une sensibilité exagérée ou anormale à la lumière. Leurs conditions de survenue sont parfois secondaires à l’accumulation dans la peau d’une substance étrangère d’origine endogène ou exogène. Il s’agit dans ce cas de molécules apportées par voie sanguine (médicaments) ou par voie locale (parfums, végétaux, cosmétiques, médicaments). Les accidents cutanés qui en résultent sont de deux types : phototoxiques et photoallergiques (lire « Pour approfondir »).
– Photosensibilisation per os
Elle survient typiquement après une exposition solaire alors que le patient suit un traitement médicamenteux photosensibilisant. Les éruptions sont en général caractéristiques.
– Les lésions touchent les zones photoexposées : visage, nuque, décolleté, avant-bras, dos des mains, sommet des oreilles.
– Elles respectent le plus souvent les parties couvertes par les vêtements, par la montre ou peu exposées (sauf dans le cas d’eczéma photoallergique).
– Elles sont déclenchées et rythmées par l’exposition solaire, pour des doses parfois modérées d’ultraviolets.
– Photosensibilisation de contact
Dermite des prés et dermite « en breloques » sont les réactions de photosensibilisation de contact les plus classiques.
-#gt; La dermite des prés apparaît 24 h après s’être couché dans l’herbe. Les lésions reproduisent le dessin des végétaux. Elles disparaissent en quelques jours mais laissent habituellement une pigmentation résiduelle.
-#gt; La dermite en breloques se manifeste plus tardivement sur les faces latérales du cou (pigmentation dite en breloque) et sous les aisselles. Elle s’accentue lors d’expositions ultérieures au soleil. Au banc des accusés : huiles essentielles (parfums)et furocoumarines (présentes notamment dans le citron), appliquées volontairement (dans les parfums) ou parfois involontairement (par exemple éclaboussures de citron non essuyées sur la peau).
Dans les deux cas, un traitement dépigmentant à base, par exemple, de busserole et d’acide kojique atténue sensiblement les taches brunes.
En cas d’échec, une préparation dépigmentante à base d’hydroquinone peut être prescrite par le médecin.
Mieux vaut prévenir
Quatre mesures permettent de prévenir les réactions de photosensibilisation en cas de prise d’un traitement photosensibilisant.
1. En accord avec le médecin, et si la pathologie le permet, suspendre ou diminuer la prise de médicaments photosensibilisants pendant la période estivale, lors de départ au ski ou vers des destinations ensoleillées (suspendre en particulier les traitements antiacnéiques à base de cyclines).
2. Limiter les expositions solaires.
3. Renforcer la protection vestimentaire : porter un chapeau, un T-shirt, un pantalon long, des lunettes…
4. Sur les zones non couvertes, appliquer toutes les deux heures un produit à fort indice de protection 60B-60A voire plus.
POUR APPROFONDIR : Différencier phototoxicité et photoallergie
Dans les deux cas, il s’agit d’une excitation de l’agent photosensibilisant par les photons du rayonnement solaire, puis d’une interaction entre l’agent photosensibilisant excité et les molécules du derme.
– La réaction phototoxique produit des radicaux libres et des peroxydes toxiques pour les membranes cellulaires. Les dégâts peuvent être importants à long terme : production d’aldéhydes potentiellement mutagènes, cassure des chaînes d’ADN…
– La réaction photoallergique fait intervenir les lymphocytes T et le système immunitaire. Contrairement aux réactions phototoxiques, les lésions peuvent s’aggraver avec le renouvellement des expositions, même de faible intensité.
La photosensibilisation peut être recherchée par « photopatch test » : trois séries de patchs contenant la substance incriminée sont collées sur le dos du sujet. L’une d’elles est irradiée par des UVA, l’autre par des UVB, la troisième reste couverte et sert de témoin.
L’apparition d’une réaction d’eczéma après irradiation confirme la photoallergie.
EN PRATIQUE : LES PEAUX ACNÉIQUES
AU COMPTOIR : « Avec mon traitement contre l’acné, dois-je éviter le soleil ? »
« Mon médecin m’a prescrit des antibiotiques contre mon acné. Il m’a déconseillé d’aller au soleil pendant le traitement, mais les vacances arrivent, et je sais que le soleil améliore souvent l’état de ma peau. Est-ce vraiment indispensable d’éviter le soleil ? »
Votre réponse
« L’antibiotique prescrit par votre médecin est photosensibilisant. En cas d’exposition au soleil, vous risquez une réaction très forte, comme un gros coup de soleil, avec surtout un risque de pigmentation résiduelle définitive. »
Soleil : un faux ami
Les rayons ultraviolets, notamment les UVB, provoquent un épaississement de l’épiderme. Ce processus est l’un des moyens de défense mis en place pour se protéger de l’agression solaire.
« Bénéfique » dans un premier temps, cette hyperkératinisation entraîne la rétention des cellules dans le follicule pilosébacé. Incrustés en profondeur et passagèrement invisibles, dissimulés sous le hâle, ces microkystes ressurgissent à la rentrée.
Traitements per os et soleil
– L’isotrétinoïne
Elle induit une atrophie des glandes sébacées et entraîne une diminution du taux de triglycérides et de squalènes. De plus, elle limite la prolifération des kératinocytes et augmente la fragilité de la couche cornée. Plus fragile, la barrière cutanée présente une sensibilité accrue aux rayons ultraviolets. Toutefois, il ne s’agit pas d’une réaction phototoxique ou photoallergique.
– Les cyclines
Utilisées per os, elles sont photosensibilisantes et doivent être interrompues pendant l’été.
– L’érythromycine
Elle peut être poursuivie au soleil.
La conduite à tenir
-#gt; Prévenir le patient des risques accrus de pigmentation en cas d’exposition au soleil, surtout au niveau des lésions cicatricielles.
-#gt; Proposer un photoprotecteur de coefficient élevé : 60 voire plus, pour le visage, le corps sans oublier les lèvres. Préférer un soin testé non comédogène, non gras, formulé pour les peux acnéiques, sans parfum afin de limiter les risques de photosensibilisation.
-#gt; Appliquer matin et soir une crème hydratante.
POUR APPROFONDIR : Soleil : ami ou ennemi des dermatoses ?
Outre l’acné, certaines maladies cutanées sont accentuées et connaissent des « poussées » à la suite d’exposition au soleil. D’autres sont au contraire améliorées de façon plus ou moins spectaculaires.
Le lupus érythémateux
D’origine auto-immune, c’est une maladie à forte prédominance féminine (8 femmes pour 2 hommes). Elle se reconnaît à une tache érythémateuse en forme de papillon localisée sur le nez et les joues. Le patient prend alors un faciès à l’aspect de loup. Sous l’effet des rayons UVB, des placards rouges légèrement douloureux, squameux et plats apparaissent.
Dans les formes plus sévères, on note des manifestations articulaires, des complications rénales, une sensation généralisée de malaise, aggravées elles aussi par le soleil. Premier mot d’ordre : éviter les expositions, appliquer des soins solaires anti-UVA-UVB appartenant à la classe « photoprotection extrême » et insister sur l’importance d’une consultation médicale.
En fonction des symptômes, anti-inflammatoires non stéroïdiens, antipaludéens, corticothérapie seront proposés.
L’herpès labial
L’herpès labial ou « bouton de fièvre » est une affection de plus en plus répandue puisqu’elle concerne près de 14 millions de personnes en France. Le virus herpétique de type 1 (HSV1) est identifié dans 9 cas sur 10. Transmis après contact direct avec les lésions, celui-ci entraîne la formation de petites vésicules groupées sur une plaque de 1 à 2 cm siégeant autour de la bouche. Après la primo-infection, le virus ne disparaît jamais complètement de l’organisme. Sous l’influence de facteurs déclenchants comme le soleil (rayons UVB), une poussée herpétique apparaît.
A titre préventif : proposer l’application d’un écran labial d’indice très élevé (50-60) et rappeler l’essentiel des règles afin d’éviter toute contagion (ne pas gratter, ne pas partager le linge de toilette, ne pas se frotter les yeux, éviter les baisers. Pour les formes sévères, conseiller une visite médicale afin de mettre en place un traitement antiviral par voie orale (aciclovir).
La dermatite atopique
C’est la plus fréquente des maladies chroniques de la petite enfance. L’aspect des lésions varie de la simple rougeur à l’apparition de petites vésicules très prurigineuses qui se rompent et laissent place à une peau craquelée et squameuse. Si, dans certains cas, le soleil atténue ces manifestations, l’anomalie de la « fonction barrière » expose à une plus grande sensibilité aux rayonnements ultraviolets et nécessite une photoprotection extrême. Par ailleurs, une attention particulière est recommandée lors de la délivrance de phénothiazine (souvent prescrite pour cette affection). Il est important de prévenir les mamans d’un risque de photosensibilisation avec cette molécule.
Le psoriasis
Environ 2 à 3 % de la population est concernée par ces lésions associant rougeurs et squames épais localisés au niveau des coudes, genoux, région lombosacrée, ombilic, cuir chevelu, visage, plis, paumes et plantes des pieds. Les effets de l’exposition lumineuse naturelle et artificielle sont bénéfiques et connus depuis l’antiquité. La puvathérapie (psoralène + UVA) permet de blanchir les lésions dans 80 % des cas.
Mais attention ! Un climat sec et ensoleillé profite aux patients atteints de psoriasis sous sa forme bénigne, à condition d’éviter les coups de soleil. L’application d’un solaire d’indice élevé et le port de lunettes sont donc fortement recommandés (sauf dans le cas d’une photothérapie).
EN PRATIQUE : L’HYPO- OU L’HYPERPIGMENTATION
AU COMPTOIR : « J’ai des taches blanches sur la peau »
« J’ai toujours eu des taches blanches sur le torse et les bras. Je m’expose au soleil mais au lieu de bronzer, elles brûlent et se voient de plus en plus. Comment les cacher ? »
Votre réponse
« Il s’agit probablement d’un vitiligo, une maladie liée à l’absence de pigments. Attention : s’exposer au soleil peut être dangereux, car les zones non pigmentées ont une tendance marquée aux érythèmes ! Protégez-les avec une crème d’indice 60B-60A, teintée pour masquer les taches. »
Le vitiligo
Ni infectieuse, ni contagieuse, cette maladie auto-immune (autodestruction des cellules pigmentaires) touche 1 % de la population.
Sa cause est inconnue, mais un facteur héréditaire est retrouvé dans un cas sur trois.
– Comment le reconnaître ?
La forme la plus répandue est caractérisée par des taches blanc ivoire (à surface lisse, souvent bordées d’un liséré légèrement hyperpigmenté) au niveau des aisselles, du visage, du dos des mains, des organes génitaux, des zones de frottement (cheville, genoux). A ne pas confondre avec un pityriasis versicolor, mycose fréquente chez l’adulte jeune.
Le vitiligo apparaît à n’importe quel âge et s’étend ou s’atténue.
– Que conseiller ?
-#gt; Eviter les surdoses de soleil sur les zones dépigmentées. Elles exposent au risque de mélanome.
-#gt; Une photoprotection extrême (60B-60A) est indispensable, de préférence teintée pour corriger l’irrégularité des pigmentations.
Le chloasma
Près d’une femme enceinte sur deux se plaint d’une hyperpigmentation ou chloasma vers le quatrième mois. Sur le visage (tempes, front, joues), le « masque de grossesse » se dessine en nappes hétérogènes, symétriques. Le chloasma survient essentiellement chez les femmes à peau mate, s’atténue généralement six à huit mois après l’accouchement et a tendance à réapparaître lors des premières expositions solaires. Dans certains cas, cette pigmentation peut persister ou récidiver lors d’une nouvelle grossesse.
– Quelle origine ?
La grossesse augmente la concentration d’hormones féminines. En quantité importante, celles-ci stimuleraient l’activité des cellules mélanocytaires conduisant à une hyperpigmentation épidermique.
– Quelle conduite adopter ?
-#gt; Insister sur la nécessité d’une photoprotection chez les femmes à peau mate.
-#gt; Même en présence de ciel voilé, appliquer toutes les deux heures une crème solaire non parfumée, d’indice très élevé UVB-UVA 3 50, élaborée avec des filtres minéraux (pas de passage transcutané).
-#gt; En été, porter un chapeau de soleil à large bords.
POUR APPROFONDIR : Taches pigmentaires et soins dépigmentants
La mélanogenèse
Les mélanines résultent de l’oxydation d’un acide aminé, la tyrosine. Cette synthèse se déroule principalement en deux étapes, activées par la tyrosinase : hydroxylation de la tyrosine en dopa, puis oxydation de la dopa en dopaquinone.
Deux facteurs concourent à la formation de taches pigmentaires.
– Le dérèglement de la tyrosinase aggravé par des expositions aux UV entraîne une surproduction de mélanine au sein du mélanocyte.
– Le transfert accru de mélanine vers les kératinocytes et une répartition non homogène de la mélanine dans la couche cornée.
Les dépigmentants
-#gt; Les molécules utilisées en cosmétique agissent à différents niveaux de la biosynthèse de la mélanine, en inhibant la biosynthèse de la tyrosinase, en provoquant la dégradation de la mélanine et en empêchant la cascade de réactions enzymatiques indispensable à la formation de pigments.
-#gt; Conseiller l’application uniquement sur les zones concernées, matin et soir, avant la crème de jour et de nuit.
-#gt; Rappeler que les résultats n’apparaissent pas avant six semaines.
-#gt; Débuter le traitement de préférence en hiver, éviter l’exposition au soleil des zones traitées et se protéger avec un indice maximal.
-#gt; Ne pas appliquer chez la femme enceinte.
En cas de pigmentation résistante
Si la prise en charge cosmétique n’est pas suffisante, une préparation magistrale associant 5 % d’hydroquinone, 0,05 % d’acide rétinoïque et 1 % d’hydrocortisone peut être prescrite par le médecin. Cette crème peut brunir et prendre un aspect granuleux en raison de la présence d’hydroquinone et d’acide rétinoïque sensibles aux réactions d’oxydation. Il est préférable de la conserver au réfrigérateur et à l’abri de la lumière. Eviter tout contact avec les yeux et les paupières.
COMMUNIQUEZ ! LES PEAUX INTOLÉRANTES AU SOLEIL
DES IDÉES DE VITRINES
LA CONCEPTION EN IMAGE : UNE PROTECTION SOLAIRE QUI RÉSISTE À L’EAUPeaux ne supportant pas le soleil, allergie ou contre-indication à l’exposition solaire, la protection devient encore plus incontournable.
Mettre en avant les crèmes waterproof
Cette vitrine fera la part belle aux crèmes solaires waterproof. Dessinez un soleil géant sur un panneau que vous accrocherez au centre de la vitrine. Vous placerez dessous une petite piscine gonflable remplie d’eau et dans laquelle vous disposerez les produits solaires placés sur des radeaux en polystyrène, sans les surcharger pour ne pas risquer de les faire couler ! Tout autour, sur une fine couche de sable ou sur un morceau de moquette synthétique imitant l’herbe, vous disposerez des jouets de plage, un chapeau, des lunettes de soleil, une serviette… Succès assuré auprès des enfants… qui vont obliger leurs parents à s’arrêter devant cette vitrine en mouvement. Les slogans peuvent être : « Pour ne plus avoir à choisir entre bain de soleil et de mer », « Pour que votre protection solaire ne tombe pas à l’eau », « Protéger dans l’eau et sur l’eau ».
Opération protection solaire
De façon plus classique, vous pouvez mettre en scène les produits solaires en utilisant les mêmes accessoires que pour la vitrine « waterproof » (soleil, sable, jouets, chapeau…). Cette fois, vous placerez sur une serviette de bain un sac de plage et les crèmes ou laits solaires ainsi que les capsules à base de carotènes.
Les slogans de cette vitrine peuvent être : « Opération protection solaire », « Soleil : faux ami ? » ou « Soleil : le choix de la protection ».
DES CONSEILS POUR VOTRE RAYON : Plusieurs linéaires pour un même conseil
Les produits destinés à la protection solaire peuvent être au choix disséminés au sein de chaque gamme, ce qui privilégie l’effet de masse de chaque marque grâce à l’homogénéité des couleurs, ou regroupés en un seul endroit. Si vous choisissez une disposition regroupée en un « pôle solaire », privilégiez la présentation d’indices élevés à hauteur de visage. Ce sont les indices à conseiller et ceux que les clients viennent chercher en pharmacie. N’oubliez pas les sticks solaires, les gammes après-soleil et les produits de préparation au soleil à base de bêtacarotènes. Signalez le linéaire par un logo représentant un soleil et un parasol, assorti du slogan « Opération protection ».
Vous pouvez également jouer coup double en organisant un linéaire solaire doublé d’un rappel de trois ou quatre références laissées en place au sein de chaque gamme. En choisissant cette double stratégie, vous bénéficiez à la fois de l’impact d’un linéaire et de ses rappels sur l’ensemble de la pharmacie qui majorera l’impact d’un conseil associé.
LES MOTS POUR CONVAINCRE : Bien connaître vos produits
L’équipe officinale est souvent un peu perdue face à la quantité des gammes et des produits. Vous ne savez pas comment « segmenter », c’est-à-dire différencier votre proposition de vente en fonction du type de client et/ou de sa demande. En préparant des fiches produits rigoureuses, vous vous doterez d’un outil de vente efficace.
Les fiches produits
Ces fiches produits ont pour but de centraliser les informations nécessaires aux conseils et à la vente des produits en promotion. Elles se doivent d’être courtes, d’une lecture rapide, à disposition de l’équipe, avec un plan toujours identique.
Par exemple, vous inscrirez :
– Le nom et les caractéristiques du produit (contenance, forme, prix, offre promotionnelle…).
– Le type de client à qui vous pouvez efficacement le présenter (âge, sexe, comportement, habitudes, état de santé). Il sera plus facile de conseiller un produit « naturel » à un client dont vous savez qu’il a l’habitude d’utiliser homéopathie ou phytothérapie.
– Les « plus produits », c’est-à-dire ses caractéristiques différentielles par rapport à d’autres produits similaires : absence de parfum, côté pratique du conditionnement, durée d’action, efficacité des composants, produit waterproof…
– Les conseils associés que vous pourrez prodiguer en appui à votre conseil. Par exemple la nécessité d’appliquer l’écran solaire toutes les deux heures pour une protection optimale.
– Les produits conseil associés : lait de même indice que la crème, plus facile et plus économique à appliquer sur l’ensemble du corps, stick solaire pour les lèvres, soin après-solaire.
Personnalisez votre choix
Evitez de proposer un produit passe-partout. Montrez au contraire la richesse de votre offre en conseillant un produit adapté à chaque cas. « Cette crème est idéale pour protéger votre peau mate et assurer un bronzage sans risque. Par contre elle n’est pas suffisamment protectrice pour votre mari qui a la peau claire. Pour votre bébé, prévoyez un produit spécifique. »
DOCUMENTEZ-VOUS
LIVRES
Peau et soleil
Pr Jean Meynadier, Dr Laurent Meunier, éditions Privat
Richement illustré, ce livre rédigé par des spécialistes en photodermatologie consacre une vingtaine de pages aux photodermatoses. Il détaille leur mécanisme (réactions phototoxiques, photoallergiques), liste les molécules photosensibilisantes, énumère les dermatoses solaires d’origine métabolique, génétique voire inconnue, aborde les affections cutanées aggravées par le soleil. Un livre qui aide à mieux décrypter l’apparition de certaines manifestations cutanées à la suite d’expositions solaires même minimes.
CD-ROM
Bien vivre avec le soleil
Sécurité solaire, 5, rue Danton, 93170 Bagnolet –
http://www.infosoleil.com; tel : 01 48 97 16 97
Ce CD-ROM éducatif et ludique destiné aux enfants de 3 à 10 ans est édité par l’association Sécurité solaire en partenariat avec la Ligue nationale contre le cancer et l’association Epidaure. On y trouve des jeux simples pour reconnaître son type de peau, des explications animées sur le parcours des UV dans l’atmosphère… Pourquoi ne pas envisager une consultation en libre accès dans la zone d’attente destinée aux plus jeunes, ou le prêt de ce CD-ROM à vos jeunes patients…
Choisir le bon numéro !
-#gt; Intolérances solaires, ensoleillement extrême (tropiques, mer, montagne) : 60B-60A.
-#gt; Premiers jours d’exposition : 40B-40A (peaux claires), 20B-20A (peaux mates).
-#gt; Après plusieurs jours d’exposition : 20B-20A (peaux claires), 10B-10A (peaux mates).
-#gt; Pour les peaux allergiques aux filtres chimiques, aux parfums, pour les enfants à la peau très fragile : formulations à base d’écrans minéraux, de filtres encapsulés d’indice 50B pendant les premiers jours puis 20B les jours suivants.
La lucite estivale bénigne
-#gt; Qui ?
Essentiellement les femmes (90 % des cas), de 15 à 25 ans.
-#gt; Quand ?
Lors des premières expositions solaires importantes du printemps et de l’été. Récidive généralement l’année suivante, souvent en s’aggravant.
-#gt; Où ?
Au niveau du décolleté et éventuellement des épaules, des avant-bras, du dos des mains. Visage respecté.
-#gt; Quel aspect ?
Petites papules rouges très prurigineuses, non confluentes. S’atténuent en 5 à 15 jours.
Les questions à poser
Un patient se plaint d’une réaction anormale locale ou générale au soleil ? Enquêtez !
– Que prenez-vous comme médicaments actuellement ?
– Appliquez-vous une pommade ou une crème contre l’inflammation, les démangeaisons, la douleur ?
– Avez-vous appliqué un parfum ou un déodorant ?
– Vous êtes-vous allongé dans l’herbe après une baignade ?
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