5/6 – Avis d’expert : Jean-Arnaud Elissalde, vice-président de la Fédération française des diabétiques

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Le voyageur diabétique Réservé aux abonnés

5/6 – Avis d’expert : Jean-Arnaud Elissalde, vice-président de la Fédération française des diabétiques

Publié le 1 octobre 2024
Par Nathalie Belin
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Diabétique de type 1 et infirmier, Jean-Arnaud Elissalde s’exprime en tant que vice-président de la Fédération française des diabétiques sur les points d’attention qu’impose un voyage chez une personne diabétique.

Finalement, voyager avec un diabète, est-ce compliqué ?

Oui et non ! Oui, en partie, car le discours des professionnels de santé peut être angoissant via toutes les injonctions du type « faire ceci… », « ne pas oublier cela… ». Il faut garder en mémoire qu’il est important de sécuriser, d’accompagner au mieux la personne qui va voyager, mais sans faire peur sous peine qu’elle ne veuille plus rien faire ou pire… ne plus rien écouter ! On ne peut pas mettre en garde contre tout. Voyager, c’est une expérience, on apprend à chaque fois ! Il faut rester très pratico-pratique et cibler les messages les plus importants.

Quels sont-ils justement ?

Pour ma part, je voyage ou me déplace toujours en ayant sur moi 3 jours de traitement d’avance pour parer tout imprévu. Décalage horaire, rythme et changements alimentaires, visites, promenades, activités physiques… ça perturbe forcément assez vite la glycémie. Il faut garder en tête que ce n’est pas très grave d’être de temps en temps en hyperglycémie. Il faut en revanche être vigilant face aux hypoglycémies et avoir toujours sur soi de quoi se resucrer. Il faut évidemment surveiller régulièrement la glycémie, mais il peut arriver que le lecteur soit capricieux en raison de variations brutales de température ! Dans ces situations, il faut se faire confiance : on apprend à se connaître et à reconnaître des signes d’hypoglycémie avec le temps. Bien entendu, lorsque le diabète est de diagnostic récent, on a moins de points de repère. C’est alors d’autant plus important, il me semble, d’évoquer son diabète avec les personnes qui nous accompagnent. Pour ma part, je le fais systématiquement : impossible de cacher longtemps une pompe à insuline de toute façon. Les gens comprennent mieux, voire sont rassurés de savoir que c’est finalement assez simple de reconnaître les signes d’une hypoglycémie et de les gérer !

À l’inverse, quelles recommandations vous semblent-elles excessives ?

Une tout particulièrement : les conseils sur la conservation de l’insuline et du matériel qui génèrent beaucoup de stress ! S’il est vrai qu’il faut faire attention, il y a une marge. L’insuline et les médicaments ne gèlent pas quand ils sont dans des sacs en soute dans l’avion. Par contre, ils gèlent au contact du pack de glace rajouté dans le sac isotherme pour les garder au frais s’il fait chaud ! La liste des documents à prévoir lorsqu’on prend l’avion fait également un peu peur, mais j’avoue qu’il vaut mieux avoir tous les papiers recommandés. L’avion reste de toute façon une étape particulière car il arrive que l’on soit longuement retardé aux contrôles de sécurité lorsqu’on est diabétique de type 1 !

Article issu du cahier Formation n°3521 du 29 juin 2024