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3/6 – Le temps du voyage : s’organiser pour éviter l’hypoglycémie
Pour éviter les désagréments dus à une hypoglycémie mieux vaut anticiper et s’organiser au cours du voyage. Les astuces pour ne pas se laisser surprendre.
Anticiper
Les contraintes propres à chaque mode de transport, les risques de retard qui peuvent perturber le rythme des repas (embouteillages, escales, temps d’attente entre ces dernières) sont autant de facteurs susceptibles de perturber la glycémie.
Les hypoglycémies
Circonstances favorisantes
Modification des habitudes alimentaires : les conditions de déplacement, les imprévus ou la perte de notion du temps inhérente au voyage sont à même de décaler l’horaire d’un repas. Des nausées et des vomissements liés au mal des transports peuvent aussi conduire à restreindre les prises alimentaires.
Traitement médicamenteux : les patients traités par insuline ou médicaments insulinosécréteurs (sulfamides hypoglycémiants et glinides) sont particulièrement à risque d’hypoglycémies. Outre la nécessité de toujours avoir à portée de main de quoi se resucrer, ils doivent le cas échéant adapter les prises de leur traitement : ainsi, si le repas est « sauté », l’injection d’insuline rapide ou l’absorption du répaglinide (d’ordinaire avant chaque repas) ne doit pas se faire. Les sulfamides à action prolongée se prennent généralement le matin et nécessitent une alimentation régulière dans la journée.
Reconnaître les symptômes
Les symptômes d’une hypoglycémie sont propres à chacun, mais les prodromes classiques associent sueurs, pâleur, tremblements, tachycardie, sensation de fringale, nervosité, fatigue, nausées, maux de tête et/ou troubles visuels.
Chez les patients âgés, une vigilance accrue est nécessaire car les hypoglycémies peuvent se manifester par des signes atypiques : troubles de l’humeur, dégradation psychomotrice, confusion.
Conduite à tenir
Mesurer la glycémie. Au moindre doute ou en cas d’apparition de symptômes, la glycémie capillaire doit être contrôlée : une valeur inférieure à 0,7 g/l définit une hypoglycémie chez une personne diabétique et justifie un resucrage. Si les signes cliniques sont facilement reconnus comme étant ceux d’une hypoglycémie ou s’ils sont déjà importants (vertiges par exemple), le resucrage doit se faire sans attendre, juste avant le contrôle.
Resucrage. Il s’effectue par l’apport de 15 g de glucides, soit 3 morceaux de sucre faciles à transporter. Des alternatives apportant une quantité de glucides à peu près équivalente sont possibles : une briquette de 15 cl de jus de fruits ou de soda (en avion, ne pas hésiter à en demander aux stewards et aux hôtesses de l’air), ou une cuillère à soupe de confiture ou de miel.
Les fruits ne sont en revanche pas conseillés car la quantité de glucides qu’ils contiennent varie, notamment en fonction du niveau de maturité. Les aliments riches en lipides (chocolat au lait, barres chocolatées, etc.) ou en fibres ne conviennent pas non plus, même s’ils sont très sucrés, car les matières grasses et les fibres qu’ils renferment ralentissent le métabolisme des glucides.
Après resucrage. Effectuer un nouveau contrôle de la glycémie 15 minutes plus tard pour savoir si un complément de sucre est nécessaire. La prise des aliments sucrés doit – dans tous les cas – être suivie d’un apport de glucides lents (repas, biscuits, etc.) pour éviter les récidives.
Le mal des transports
Les symptômes d’une hypoglycémie peuvent parfois être confondus avec ceux du mal des transports : nausées, vomissements, transpiration, malaise. Au moindre doute, il ne faut pas hésiter à contrôler la glycémie. Pour les patients qui se savent sujets au mal des transports, il est prudent de prévoir un traitement antinaupathique, sur prescription médicale ou en conseil.
Prévention
Quelques astuces pour limiter l’apparition des symptômes :
– en voiture, train, bateau, fixer son regard au loin sur un point de l’horizon (éviter la lecture, les jeux) et ouvrir si possible les fenêtres ;
– en train, se positionner dans le sens de la marche et en car, à l’avant du véhicule ;
– en bateau, choisir de préférence une cabine située au milieu et proche de l’eau (les mouvements y sont moindres) et rester sur le pont autant que possible.
Adapter les traitements
En cas de difficultés à s’alimenter, il est nécessaire de diminuer les doses d’insuline rapide ou de glinides ou de ne pas prendre ses traitements en l’absence de prise alimentaire, et de contrôler régulièrement la glycémie.
En cas de vomissements après la prise d’un traitement antidiabétique oral, l’efficacité de ce dernier peut être compromise (vérifier la conduite à tenir dans la notice et renforcer le contrôle glycémique). Le risque de déshydratation doit être prévenu en buvant régulièrement et fréquemment de petites quantités de liquide.
La conduite automobile
La conduite automobile, qui demande de la concentration, peut nécessiter un apport de glucides plus important qu’habituellement. Quelques précautions sont à prendre pour se déplacer en toute sécurité :
– ne pas voyager seul et éviter les voyages de nuit ;
– ne pas partir le ventre vide et prévoir un repas suffisamment riche en glucides lents ;
– contrôler sa glycémie avant le départ puis en cours de trajet lors de pauses toutes les 2 heures ;
– s’hydrater régulièrement ;
– avoir à proximité son lecteur de glycémie le cas échéant et des encas pour se resucrer.
Pendant un vol
S’organiser
Des contrôles glycémiques réguliers sont recommandés de manière à gérer l’alimentation et la prise des médicaments ou de l’insuline. En cas de voyage seul, prévenir le personnel navigant en amont pour qu’il puisse agir rapidement en cas d’apparition de symptômes d’hypoglycémie notamment. Certaines compagnies aériennes proposent des plateaux-repas adaptés aux régimes diabétiques, se renseigner pour les réserver avant le vol.
Outre le décalage horaire potentiel, la gestion du traitement doit prendre en compte les risques de retard dans la prise des repas ou les collations servies. Pour les patients sous insuline, seule l’insuline d’action rapide doit être adaptée en fonction des prises alimentaires : ajoutée en cas de collation imprévue (bolus) ou diminuée dans la situation inverse. L’injection d’insuline lente (insuline basale) doit, elle, toujours se faire aux heures habituelles en étant le cas échéant adaptée au décalage horaire.
En pratique
En règle générale, une petite hyperglycémie est tolérée pendant le voyage. À noter que l’adrénaline et le cortisol – sécrétés en cas de stress ou d’émotions intenses — sont d’ailleurs hyperglycémiants.
Attention au risque de déshydratation lié au faible taux d’humidité en cabine. Boire régulièrement. Il est nécessaire de rappeler que l’alcool favorise les hypoglycémies en l’absence de repas.
La réduction de la pression atmosphérique peut être responsable de la formation de bulles dans les pompes à insuline conduisant à une modification des doses délivrées. Il est parfois conseillé de déconnecter la pompe avant le décollage et d’enlever les potentielles bulles d’air de la cartouche avant de reconnecter la pompe.
Gérer un décalage horaire
En cas de traitement par insuline, des adaptations sont nécessaires pour les voyages dépassant 3 fuseaux horaires. Seules les doses d’insuline basale doivent être adaptées, l’insuline rapide étant toujours administrée et adaptée aux prises alimentaires.
Plusieurs protocoles peuvent être proposés par le médecin. À titre d’exemple :
– modifier la dose d’insuline basale. En cas de déplacement vers l’est, la journée de voyage étant plus courte, il convient de réduire la dose d’insuline basale, voire de sauter l’injection en cas d’insuline basale à action ultralongue (insuline dégludec, glargine 300 unités). En cas de déplacement vers l’ouest, la journée de voyage est allongée, une dose d’insuline basale plus importante est requise.
– conserver la dose d’insuline basale. Il peut être proposé de décaler chaque jour de 2 heures environ l’heure de l’injection pour se rapprocher de l’heure habituelle une fois à destination. Une autre possibilité est de moduler les doses d’insuline rapide : vers l’est, supprimer la première injection d’insuline basale (qui aurait lieu trop tôt) et compenser jusqu’à la suivante par davantage d’insuline rapide lors des repas. Vers l’ouest, la journée étant plus longue, compenser par l’insuline rapide jusqu’à la prochaine injection d’insuline basale.
Avec l’aimable relecture du Dr Olivier Dupuy, endocrinologue diabétologue à l’hôpital Saint-Joseph (Paris)
Article issu du cahier Formation n°3521 paru le 29 juin 2024
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