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- 6/7 – Avis d’expert : Antoine Dupuis, président de la SFPC
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© Getty Images
6/7 – Avis d’expert : Antoine Dupuis, président de la SFPC
L’intervention pharmaceutique (IP) est-elle une nouvelle mission de l’officine ?
Non, pas du tout. Elle a toujours fait partie de l’activité officinale. Elle résulte de l’expertise pharmaceutique clinique. La profession a souvent une vision élitiste de la pharmacie clinique, comme si elle était réservée à certains. Or, tous les pharmaciens la pratiquent naturellement. Mais elle n’est pas inscrite dans le Code de la santé publique. Parce que invisible, elle n’est pas valorisée.
L’enjeu, désormais, est de rendre compte de cette pratique en la répertoriant. Mais tous les pharmaciens n’ont pas encore été sensibilisés. L’impulsion viendra sans doute des étudiants, qui sont – de plus en plus – formés au cours de leur cursus. Nous constatons cependant que les pharmaciens s’approprient peu à peu la plateforme Act-IP officine.
Depuis l’ouverture de celle-ci en 2022, près de 18 000 interventions ont été renseignées. Nous entrons dans la culture de l’IP à l’officine, et cela implique la capacité à les identifier et à les codifier.
Quelles sont les évolutions attendues ?
L’IP est une proposition de modification thérapeutique faite par le pharmacien au prescripteur. Mais c’est toujours ce dernier qui décide in fine de son acceptation ou non. La Société française de pharmacie clinique (SFPC) milite pour rendre possible, dans des conditions préalablement définies, une modification directe de la prescription par le pharmacien.
Et nous avons un modèle. À l’hôpital, l’analyse des IP répertoriées a permis d’autoriser les pharmaciens hospitaliers à procéder à des renouvellements et à des adaptations thérapeutiques directes. Ainsi, le pharmacien agit sur l’ordonnance sans attendre l’approbation du prescripteur. Une information a posteriori est prévue. Les premiers protocoles, parus au Journal officiel en 2024, définissent les périmètres d’action. On peut facilement imaginer le même dispositif en officine.
Cette intervention améliorerait l’efficience du système de santé en limitant les allers-retours entre les deux parties, aux dépens du patient. La SFPC travaille également à identifier des accompagnements au-delà de la prescription, notamment dans la promotion de la santé : vérification du statut vaccinal, informations de prévention, conseils de nutrition, évaluation de l’observance, etc. Ces actions répétées sont souvent bien plus efficaces que des démarches d’éducation thérapeutique du patient (ETP) ponctuelles.
Dans quels domaines l’intervention pharmaceutique pourrait-elle se montrer particulièrement pertinente ?
Testée ces dernières années, la prescription adaptée (ajustement de la quantité de boîtes de médicaments délivrées au besoin réel du patient) a permis de valoriser un acte pharmaceutique jusque-là invisible. Dans le contexte actuel, nous pourrions imaginer une contractualisation avec les pouvoirs publics en cas de pénurie pour modifier les prescriptions à partir de protocoles bien définis. Car en réalité, sur le terrain, ces interventions existent déjà, mais elles ne sont ni formalisées ni reconnues.
La déprescription est aussi un sujet sur lequel le pharmacien a un rôle majeur à jouer. Les arrêts de traitements ou les refus de dispenser sont très nombreux parmi les IP répertoriées. Cette action est souvent perçue comme dévalorisante, alors qu’elle représente un bénéfice majeur pour le patient. Elle limite le risque d’iatrogénie et diminue le coût de la prise en charge.
Article issu du cahier Formation du n° 3544, paru le 11 janvier 2025.
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Administration des vaccins : la formation des préparateurs entre dans le DPC
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