Radis noir : des effets dépuratifs et respiratoires à connaître

Quelle est cette plante ?

Le radis noir (Raphanus sativus var niger) est une plante herbacée de la famille des brassicacées à laquelle appartiennent aussi les choux, la moutarde, le raifort… Les plantes de cette famille ont en commun une odeur caractéristique et une saveur parfois piquante qui sont liées aux composés soufrés qu’elles partagent. La partie consommée du radis noir est sa racine renflée à l’épiderme noir, épais et rugueux et à la chair blanche.
Il peut être soit rond, soit allongé selon les variétés, et atteindre une cinquantaine de centimètres de longueur. C’est une plante bisannuelle^* qui peut atteindre soixante centimètres au moment de la floraison.
Ses feuilles sont découpées, alternes et rugueuses. Les fleurs, blanches à rosées organisées en grappes, comportent quatre pétales disposés en croix qui ont donné son ancien nom à la famille botanique des plantes que l’on appelait des crucifères. Les fruits, allongés, caractéristiques,
sont appelés des siliques. Ils sont formés de deux loges qui contiennent de nombreuses petites graines noirâtres arrondies.

Où le trouver ? Le radis noir est une plante originaire du sud de l’Asie qui a fait l’objet d’une sélection variétale durant plusieurs siècles pour conduire aux différentes variétés que l’on connaît de nos jours. Il est essentiellement produit en culture maraîchère.
Quand le récolter ? Le radis noir se récolte en général du mois d’octobre jusqu’aux gelées. Une fois récolté, il peut se conserver l’hiver durant en cave dans du sable humide.
Où est-elle vendue ? La racine de radis noir est inscrite à la liste A de la pharmacopée française, mais a été libérée du monopole pharmaceutique. Elle est donc en vente libre, et les maraîchers et primeurs n’ont pas de risque d’être poursuivis pour exercice illégal de la pharmacie !

Radis noir : quels sont ses usages ?

Le radis noir a principalement une action hépatique. On lui reconnaît des propriétés cholagogues et cholérétiques, c’est-à-dire qu’il contribue à favoriser la production et la sécrétion de la bile. À ce titre, il facilite la digestion des repas riches en lipides en permettant une meilleure émulsion des graisses au niveau intestinal, facilitant ainsi l’action des lipases pancréatiques. Il peut être conseillé en cas de paresse hépatique et peut contribuer à soulager les ballonnements et flatulences associés. L’augmentation de la sécrétion des sels biliaires, constitués d’une base de cholestérol, permet une meilleure élimination de ce dernier et contribue à maintenir une cholestérolémie normale. Les glucosinolates favorisent en outre la phase 2 du métabolisme hépatique assurant la détoxification de l’organisme. En stimulant l’élimination hépatique, le radis noir contribue à la prise en charge de fond de certaines problématiques chroniques de peau, douleurs articulaires et maux de tête récurrents.
Au niveau respiratoire, le radis noir possède des propriétés à la fois mucolytiques et expectorantes qui le désignent tout particulièrement en cas d’encombrement bronchique et de toux grasse. La forme traditionnelle la plus adaptée est le sirop de radis noir à préparer extemporanément.

Partie utilisée : racine.

Principes actifs. La racine de radis noir contient principalement :
> des glucosinolates : glucobrassicine, glucoraphénine, glucosisymbrine… ;
> du potassium : 300 mg/100 g frais, soit 15 % des valeurs nutritionnelles de référence pour l’adulte.

Posologie recommandée
> Tisane : si l’on peut trouver du radis noir séché pour infusion, cette forme galénique n’est pas très intéressante, car le goût peut s’avérer assez désagréable et une bonne partie des glucosinolates est perdue lors du séchage.
> Alcoolature : 20 à 30 gouttes 2 à 3 fois par jour.
> Sirop : une forme galénique traditionnelle consiste à réaliser un sirop en alternant de fines tranches de radis noir et de sucre. Ce dernier va capter le jus du radis par un phénomène osmotique et former un « sirop » après quelques heures. Filtrée et conservée au réfrigérateur, cette préparation peut être employée à raison de 2 à 4 cuillers à café par jour chez l’adulte et 1 à 2 cuillers à café chez l’enfant en cas l’encombrement bronchique ou de toux grasses.
> Compléments alimentaires : dans les compléments alimentaires, le radis noir peut se retrouver sous plusieurs formes telles que poudre, extraits, jus stabilisé. Pour bénéficier au mieux des composés soufrés, préférer les extraits et le jus stabilisé à la poudre.
En termes de posologie, se référer aux conseils d’utilisation du fabricant.
> Légume : râpé en salade ou en tranches fines, la consommation du radis noir frais comme légume est à encourager et peut faire l’objet d’un conseil à associer à l’emploi de tisanes ou de compléments alimentaires dépuratifs.
Cuit, il donne de la saveur aux préparations mais perd largement son intérêt nutritionnel, en particulier les glucosinolates assez largement dégradés lors de la cuisson.

Radis noir : les contre-indications et précautions d’emploi

Les glucosinolates, une fois dégradés en thiocyanates lors du métabolisme, sont susceptibles de capter l’iode et d’empêcher sa fixation par la thyroïde. La consommation de radis noir, comme celle d’autres brassicacées alimentaires, nécessite certaines précautions pour les personnes atteintes de troubles thyroïdiens et en particulier d’hypothyroïdie. Le côté piquant des glucosinolates peut s’avérer irritant pour la muqueuse gastrique et oesophagienne, ce qui peut conduire à déconseiller le radis noir en cas de gastrite, d’ulcère ou de reflux gastro-oesophagien.
Comme toutes les plantes dotées de propriétés cholérétiques et cholagogues, le radis noir est contre-indiqué en cas de calculs biliaires ou d’obstruction des voies biliaires. L’augmentation de la production de bile est en effet susceptible d’accroître les risques de colique hépatique.

Associations

Le radis noir peut être employé en phytothérapie conjointement avec d’autres plantes pour exercer des activités complémentaires :
> pour favoriser l’élimination digestive : artichaut (Cynara scolymus), chardon-marie (Silybum marianum), pissenlit (Taraxacum officinale), romarin (Rosmarinus officinalis)…
> en cas d’encombrement bronchique : aunée (Inula helenium), eucalyptus (Eucalyptus globulus), hysope (Hyssopus officinalis), lierre terrestre (Glechoma hederacea), réglisse (Glycyrrhiza glabra), thym (Thymus vulgaris)…

^* On dit d’une plante qu’elle est bisannuelle lorsqu’elle développe uniquement son appareil végétatif (tiges, feuilles, racines) la première année. Elle rentre alors en dormance à la mauvaise saison puis consacre toute son énergie à la floraison et à la fructification lors de la deuxième année avant de disparaître.

Jean-Baptiste Gallé