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Les tensioactifs

Publié le 9 février 2013
Par Damien Lacroix
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Qu’est ce que c’est ?

• Les tensioactifs, également appelés « agents de surface », sont des molécules solubles à la fois dans l’eau et les corps gras.

• Ils sont largement utilisés pour stabiliser les émulsions (crèmes, pommades), les eaux micellaires, les mousses cosmétiques et les shampooings, c’est-à-dire pour favoriser la dispersion des phases (eau/huile, air/eau).

Quelles sont leurs propriétés ?

• Les tensioactifs ont un pouvoir émulsionnant qui stabilise les crèmes et les pommades (permettant de disperser un corps gras dans une phase aqueuse).

• Ceux qui s’adsorbent à la surface de l’air sont de bons agents de stabilisation des mousses.

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• Tous favorisent la mise en suspension des bactéries, virus et salissures dans l’eau (pouvoir détergent). Les tensioactifs cationiques sont de plus antiseptiques.

Quelles sont les différentes familles de tensioactifs ?

• Les tensioactifs anioniques sont largement utilisés car ce sont de bons moussants et détergents. Les plus anciens sont les sels d’acides gras comme le savon de Marseille (irritants pour les muqueuses). De plus récents, synthétiques, entrent dans la composition des pains de détergents synthétiques (syndets), les savons et les shampooings. Les acylglutamates, dérivés de l’acide glutamique, sont plus onéreux mais sont les tensioactifs anioniques les mieux tolérés.

• Les tensioactifs cationiques, moussants, sont intéressants en raison de leurs propriétés antiseptique et fongicide. Dans les produits cosmétiques et les médicaments, ils sont ajoutés comme conservateurs. Ils sont également utilisés comme spermicides. Les tensioactifs cationiques et anioniques ne sont pas compatibles.

• Les tensioactifs amphotères, moins irritants, sont utilisés dans les shampooings pour bébé, les démaquillants pour les yeux…

• Les tensioactifs non ioniques ne sont pas irritants. Bien tolérés et rapidement dégradés, ils sont de plus en plus utilisés en cosmétique. Ce sont aussi les tensioactifs les plus chers.

Quels sont leurs avantages ?

• L’usage d’un tensioactif permet d’utiliser moins de produit actif en optimisant son contact avec la peau ou les cheveux.

• Selon les tensioactifs, ils favorisent la formation de mousse (intéressant pour un shampooing, un gel de rasage…) ou l’inhibent (important dans une crème destinée à être appliquée sur la peau).

Quels sont leurs inconvénients ?

• La plupart des tensioactifs ioniques sont irritants. Les tensioactifs cationiques sont en particulier responsables d’irritations oculaires, notamment avec certains collyres qui en contiennent.

• Ils sont responsables d’eczéma de contact chez certaines personnes. La cocamidopropylbétaïne (amphotère) et le décylglucoside (non ionique) sont les deux tensioactifs les plus utilisés en cosmétique ; ils sont parfois à l’origine de réactions cutanées (cou, cuir chevelu…).

Comment reconnaître les tensioactifs dans une formule INCI ?

• Les tensioactifs les mieux tolérés sont les éthers et esters de sucre et les dérivés de l’acide glutamique. Les esters ont le suffixe –ate (sucrose laurate…) et les éthers le suffixe –oside (lauryl glucoside…). Les dérivés de l’acide glutamique contiennent le mot « glutamate » (sodium cocoylglutamate…).

• Les tensioactifs à éviter pour les personnes à tendance allergique sont les cocamidopropylbétaïnes et le décylglucoside.

• Les alkylbenzènesulfonates linéaires (suffixe en –benzènesulfonate) et les tensioactifs éthoxylés sont toxiques pour l’environnement. Ce sont les PEG et les produits aux suffixes –eth (laurethsulfate) et –oxynol (butoxinol) ou au préfixe hydroxyéthyl– (hydroxyéthylcellulose).

L’ESSENTIEL À RETENIR

• Préférer les produits contenant des tensioactifs dérivés des sucres (sucrose, glucose…) et les glutamates.

• Eviter si possible les –benzènesulfonate et PEG.

• En cas d’allergie à un cosmétique, rechercher la présence de tensioactif de type cocamidopropylbétaïne ou décylglucoside dans la formule.

• En cas d’irritation oculaire avec un collyre, rechercher la présence d’un ammonium quaternaire dans la formule.

Sources : Denis Wilfried, « Eczéma de contact aux tensioactifs », thèse d’exercice, faculté de pharmacie, université de Nantes, 2010 ; Dossier du CNRS « Chimie et beauté : les tensioactifs », http://bit.ly/WUq7oU ; J. Vandeputte, « Les agro-tensioactifs », John Libbey Eurotext, http://bit.ly/VxGA6x