Les algues : du superaliment à l’antimicrobien

Ces plantes aquatiques qui forment un embranchement du règne végétal sont, pour certaines, apparues il y a quatre milliards d’années et auraient largement contribué au développement de la vie sur Terre. Les algues présentent par ailleurs de nombreuses vertus nutritionnelles et thérapeutiques, ces dernières reposant principalement sur la présence d’alginates.

Dans les médicaments et les dispositifs médicaux

Les alginates sont des polysaccharides issus principalement du Fucus vesiculosus (varech ou goémon). Leurs propriétés reposent sur leur capacité à former un gel au contact de l’eau.  Ils sont incorporés dans des spécialités indiquées en cas de reflux gastro-œsophagien (RGO). Le gel créé reste en surface du bol alimentaire et protège la muqueuse gastrique, et, en cas de RGO, remonte dans l’œsophage à la place du contenu gastrique. Les alginates sont en outre des fibres insolubles, donc des laxatifs de lest, et ils sont également utilisés comme agent stabilisant et modifient la cinétique de libération des principes actifs dans les microcapsules. Enfin, ils sont retrouvés dans des pansements pour leurs propriétés absorbantes, hémostatiques et antimicrobiennes.  

Du superaliment à l’immunostimulant

Contrairement aux médicaments, l’utilisation des algues en phytothérapie ne se limite pas aux alginates du fucus…

• Le fucus est conseillé en phytothérapie lors de cures d’amaigrissements. En effet, grâce à sa teneur en iode, il accélère le métabolisme. Les alginates gonflant dans l’estomac au contact de l’eau, permettent d’obtenir un effet rassasiant et ont une action laxative.
• La spiruline (Arthrospira platensis) est une micro-algue d’eau douce. Elle est utilisée comme superaliment dans la malnutrition. Elle contient jusqu’à 70 % de protéines dont de bonnes quantités d’acides aminés essentiels. Elle est également riche en vitamines A, E, D, B (B1, B2, B3, B6, B7, B8, B12) et K, en bêtacarotène, en minéraux (surtout en fer) et en oligoéléments (zinc, sélénium, manganèse, cuivre, chrome). Bien qu’elle soit riche en vitamine B12, la spiruline ne doit pas être utilisée comme source de cette dernière car elle contient une provitamine B12 inactive qui en fait une source peu fiable. On lui préférera dans ce cadre la chlorella.
• Le nori (genre Porphyra), algue marine rouge, est la plus consommée au monde grâce aux sushis. Il est riche en protéine (jusqu’à 47 %) et en vitamines A et B, et contient de bonnes quantités d’oméga 3 à longe chaîne (acide eicosapentaénoïque ou EPA). Le nori est donc particulièrement intéressant pour sa richesse nutritionnelle.
• La chlorella (Chlorella pyrenoidosa) est une algue verte unicellulaire qui se reproduit en eau douce grâce à la photosynthèse. Comme la spiruline, elle est riche en acides aminés (19 dont 8 essentiels), en vitamines (A sous forme de bêtacarotène, groupe B, C, E) et en minéraux (fer, magnésium, calcium, zinc, potassium, soufre, manganèse). Elle contient également des polysaccharides, des acides nucléiques et des acides gras essentiels oméga 3. Elle peut être conseillée pour la richesse de ses nutriments mais aussi pour stimuler le système immunitaire. Elle détoxifie les intestins et présente un intérêt chez les fumeurs car elle possède une activité antioxydante importante. Enfin, elle est utilisée comme prébiotique pour la flore saprophyte.
• Le klamath (Aphanizomenon flos aquae) est une cyanophycée qui tient son nom d’un lac dans l’Oregon. Il est riche en acides gras polyinsaturés, en caroténoïdes, en acides aminés, en polysaccharides, en vitamines B9 et B12, et en minéraux (chrome, molybdène, manganèse, germanium, gallium, vanadium), notamment. Il présente des propriétés immunostimulantes en agissant sur la production d’interleukine 1. Sa bonne source en acides gras polyinsaturés lui confère une action hypocholestérolémiante. Le klamath est à conseiller avec prudence car sa culture correspond à la concomitance de souches dont certaines produisent des cyanotoxines neurotoxiques, voire mortelles. Les connaissances actuelles ne permettent pas de différencier ces souches.
• Le lithothamne (Phymatolithon calcareum) est une algue rouge calcaire des fonds marins. Il est très riche en minéraux, en particulier en carbonate de calcium (33 %) et de magnésium (10 %), et en silice (9 %). Il est à conseiller en traitement d’appoint de la baisse de la densité osseuse. Grâce à sa richesse en carbonates, le lithothamne soulage les gastralgies, gastrites et ulcères d’estomac.

Si les algues présentent de nombreuses propriétés intéressantes, attention toutefois à la forte teneur en iode des espèces marines chez les personnes souffrant de troubles de la thyroïde.