Le triclosan

Qu’est-ce que c’est ?

• Le triclosan est un dérivé polychloré du phénoxyphénol qui se présente sous la forme d’une poudre cristalline blanche. Il possède une faible odeur aromatique et est pratiquement insoluble dans l’eau (à 0,001 %). En revanche, il est soluble dans les solutions alcalines et dans de nombreux solvants organiques. Il est aussi liposoluble.

• Dénomination INCI : triclosan.

• Dénomination chimique : 2,4,4’-trichloro-2’-hydroxy-diphényléther.

Où en trouve-t-on ?

Le triclosan est un composé chimique de synthèse. Il n’existe pas à l’état naturel.

Quelles sont ses propriétés ?

• Le triclosan est un agent antibactérien, antiviral et antifongique à large spectre.

• Il entre dans la composition de produits biocides en tant que désinfectant, antiseptique ou conservateur. Les produits biocides sont des substances actives et préparations contenant un ou plusieurs actifs présentés sous la forme dans laquelle ils sont livrés à l’utilisateur, destinés à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, à en prévenir l’action ou à les combattre de toute autre manière, par une action chimique ou biologique.

• Selon la directive n° 98/8/CE concernant la mise sur le marché des produits biocides, le triclosan est utilisé dans les biocides du groupe 1 (désinfectants) destinés à l’hygiène humaine (donc dans les produits cosmétiques), à l’hygiène vétérinaire et dans les désinfectants utilisés dans le domaine privé et public (produits de ménage, désinfectants de surfaces). On l’utilise aussi dans les biocides du groupe 2 (produits de protection contre les altérations microbiennes) pour les peintures, les plastiques et les produits de protection des fibres, du cuir, du caoutchouc, des textiles.

Quel est son usage en cosmétique ?

• En 1986, le triclosan a été inscrit à la directive « Cosmétique » de la Communauté européenne (76/768/EEC) en tant que conservateur à des concentrations maximales de 0,3 %. On l’associe souvent au triclocarban dont la formule chimique est proche.

• On le trouve dans les déodorants antiseptiques, les dentifrices, les bains de bouche, les savons liquides, certains gels nettoyants à visée antibactérienne, les produits matifiants, les poudres antitranspirantes.

• Concernant les déodorants, il fut l’antiseptique le plus utilisé pendant de nombreuses années jusqu’à ce qu’il soit soupçonné de développer des résistances bactériennes et d’être toxique pour l’homme et son environnement.

Quelles sont les concentrations usuelles maximales ?

Dans les produits cosmétiques, il est utilisé en tant que conservateur à la concentration maximale autorisée de 0,3 %.

Quel est son mode d’action ?

• Le triclosan inhibe l’activité d’une enzyme, l’énol-ACP-réductase, indispensable à la synthèse des acides gras qui entrent dans la constitution des membranes bactériennes.

• Il possède des propriétés bactériostatiques à des concentrations inférieures à 1 mg/ml et bactéricides à des concentrations supérieures grâce à ses atomes de chlore et à sa grande liposolubilité.

• Il est plus actif sur les bactéries Gram + que sur les Gram -. Il agit aussi contre les dermatophytes et les levures.

Quels sont ses atouts ?

Son très large spectre antimicrobien lui confère une importante utilisation depuis 1972. Il a notamment contribué à lutter contre les infections nosocomiales dans les hôpitaux.

Quels sont ses inconvénients ?

• Le triclosan peut provoquer des irritations (cutanée, ophtalmique).

• Des cas d’allergie de contact ont été rapportés.

• C’est également une molécule à risque de photosensibilisation.

• A l’heure actuelle, sa sécurité d’emploi semble remise en cause par différentes études. Il s’accumule en effet dans la couche cornée – de par sa forte liposolubilité – pour finir par pénétrer à travers celle-ci et se retrouver dans les tissus (il a été retrouvé dans le lait maternel).

On dit qu’il est bioaccumulable.

Il perturberait ainsi les systèmes endocriniens.

• L’utilisation intensive du triclosan contribuerait également à renforcer l’émergence de bactéries résistantes.

• Rejeté dans l’environnement et d’une stabilité importante, il pourrait s’avérer toxique pour la faune et la flore notamment aquatique (absorption par les algues).

CE QU’IL FAUT RETENIR

• Le triclosan est utilisé dans les cosmétiques en tant que conservateur à la dose maximale de 0,3 %.

• Son emploi est remis en cause du fait de son potentiel à développer des résistances bactériennes.

Sources : Le Cosing : ec.europa.eu/consumers/cosmetics/cosing ; observatoiredescosmetiques.com ; Reptox.csst.qc.ca ; beyondpesticides.org ; M-C Martini : Introduction à la dermopharmacie et à la cosmétologie, 3e édition, EMinter-Lavoisier, 2011 ; ch.oddb.org/fr ; merck-chemicals.com ; M.-C. Martini et M. Sellier : Actifs et additifs en cosmétologie, 2^e édition, EMInter-Tec & Doc, 1999 ; M-C Martini : Cosmétologie masculine, EMInter-Lavoisier, 2009 ; Directive européenne sur les produits biocides, ineris.fr/aida.